Yaw maintient son rassemblement et menace
Enragée par le fait que son spécimen soit dépourvu de photo, la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) maintient son rassemblement prévu vendredi prochain, à la place de la Nation. Elle persiste dans l’idée que les élections législatives ne se tiendront pas sans sa liste titulaire.
La coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) campe sur ses positions, malgré l’interdiction de toute activité de propagande électorale durant la phase de précampagne. Hier, elle a tenu une conférence de presse, en l’absence de Khalifa Sall, Ousmane Sonko et Aïda Mbodj, pour informer qu’elle maintient son rassemblement prévu vendredi prochain à la place de la Nation. Et qu’au même moment, la section de Ziguinchor fera une marche pacifique. Elle demande aussi à la diaspora de faire pareil. ‘’Nous maintenons notre rassemblement du 17 juin’’, a annoncé le mandataire de la coalition Yaw. Déthié Fall ajoute : ‘’Vous avez vu, pour la première fois au Sénégal, à l’approche d’une élection, le gouverneur reprendre le communiqué pour faire des extensions qui ne sont même pas prévues par l’article L61.’’
Alors que la coalition Benno Bokk Yaakaar a annulé son rassemblement prévu hier et que le président Macky Sall annule sa tournée en Casamance, pour se conformer à cette loi électorale, il qualifie cela de jeu, autrement dit, de supercherie.
Ainsi, avant-hier, les membres de Yaw se sont rendus à la police de Médina, sur convocation, pour une enquête de moralité, suite à la note d’information déposée à la préfecture de Dakar. Déthié Fall : ‘’J’y étais avec le président Khalifa Ababacar Sall et Cheikh Tidiane Youm. Et nous leur avons dit que cette manifestation a le même objet que celle du 8 juin.’’
Avant cette enquête de moralité, les membres de Yaw ont été convoqués à la Direction générale des Élections. Un exercice habituel qui se pratique à l’approche des élections, pour permettre aux mandataires de se prononcer sur les identifiants de leur liste (maquette, spécimen). Mais à leur arrivée, le commissaire leur a présenté un spécimen de Yewwi Askan Wi sur lequel ne figure aucune photo. Une conséquence de l’’’irrecevabilité’’ de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi ?
‘’Tout le monde sait que Yaw avait déjà choisi sa tête de liste et avait donné, au moment du dépôt, la photo de sa tête de liste, à savoir Ousmane Sonko. Et sur le spécimen qu’on nous a présenté, il n’y avait aucune photo. Quand on a demandé au commissaire Ndiaye ce qui peut expliquer le fait que l’article LO58 du Code électoral soit piétiné, il nous a juste répondu qu’il ne fait qu’appliquer l’arrêt et qu’il n’est pas là pour interpréter la loi’’, a révélé Déthié Fall.
Le mandataire de poursuivre : ‘’C’est là que je lui ai retourné son interprétation de la loi ; la fois passée, quand il a tout fait pour nous rendre la liste incomplète de Yewwi Askan Wi sur le cas Fama Mbengue, alors que la complétude ou non d’une liste ne se mesure qu’au moment du dépôt.’’
Ainsi, il dénonce ‘’une discrimination flagrante’’, car toutes les autres listes ont une photo.
Cheikh Tidiane Youm : ‘’Le Sénégal est dans l’insécurité…’’
‘’On a dit très clairement que Yaw ne peut continuer à subir cette forfaiture venant du président Macky Sall. En aucun cas, nous n’allons le suivre dans cette orientation. Par conséquent, il est hors de question que l’on vise le bon à tirer (BAT). Non seulement, nous ne le viserons pas, mais aussi, nous ne nous laisserons pas faire, parce que, depuis lors, acte après acte, le président de la République ne cesse de provoquer Yewwi Askan Wi et la population’’, fulmine Déthié Fall. Pour qui Macky Sall ne respecte pas la loi. ‘’Si on se donne autant de soins à dire le président de la République, c’est du fait de la loi. Il doit ce respect à tous les Sénégalais, à travers cette même loi. Il ne peut pas conduire le Conseil constitutionnel dans un chemin qui piétine quotidiennement la loi. Il y a une injustice manifeste contre Yewwi Askan Wi et on ne se laissera pas faire’’.
Dans cette même veine, le représentant de Serigne Moustapha Sy, Cheikh Tidiane Youm, estime que Macky Sall ne veut pas que Yewwi participe aux élections. ‘’Le Sénégal est dans l’insécurité, parce que le président ne s’intéresse qu’à lui. C’est un tyran. Les tyrans choisissent toujours ceux qui participent aux élections. Il a tué la démocratie ; il a tué la liberté de participer aux élections. Les Sénégalais l’ont vomi. Il faudrait qu’il s’en rende compte. Et qu’il sorte par la petite porte’’, martèle-t-il.
Affaire Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké
Par ailleurs, Déthié Fall s’est aussi prononcé sur l’affaire Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké qui a été entendu en procédure de flagrant délit, visé pour les délits d’offense au chef de l’État, diffusion de fausses nouvelles et diffamation. Le député a, certes, fauté, mais Déthié Fall a fustigé la démarche de la justice et le deux poids, deux mesures. ‘’Aujourd’hui, ils ont arrêté un député qui est en session. Et nous savons tous ce que la loi prévoit. Ce n’est pas en flagrant délit, on parle d’abord d’une information judiciaire. C’est une autre procédure qui nécessite que l’Assemblée soit saisie pour la levée de son immunité parlementaire, mais il ne l’a pas fait. Le président Macky Sall ne s’intéresse pas à la loi. La loi, c’est son désir, sa volonté du moment’’, a dit Déthié Fall, indiquant que cela ne devrait pas étonner. Puisqu’il avait voté sans présenter sa carte nationale d'identité, lorsqu’il était Premier ministre. ‘’C’est la seule autorité au Sénégal à être entrée dans un bureau de vote et à voter sans sa carte nationale d'identité’’, a-t-il indiqué.
Pour ce qui est du deux poids, deux mesures, il rappelle qu’un partisan de Benno Bokk Yaakaar a demandé qu’Ousmane Sonko soit assassiné. Le procureur ne s’est pas autosaisi. De son côté, aussi, le ministre de la Justice, qui a activé ses services pour arrêter Bara Dolly, ne l'a pas fait contre ce partisan de BBY. ‘’Macky Sall nous a suffisamment montré que la loi n’a pas de sens pour lui. Ça va s’arrêter’’, a prévenu Déthié Fall, non sans indiquer que ‘’sans la liste nationale de Yewwi, les élections ne se tiendront pas’’.
PAPA MAHAWA DIOUF SUR LA STRATÉGIE DE BBY "C’est une communication de clarification" La guerre par médias interposés entre la coalition Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi n'en finit pas d'occuper l'espace médiatique. Hier, encore, les deux formations politiques se sont livrées à une nouvelle bataille communicationnelle. MAMADOU DIOP Le siège l'APR a servi, hier, pour la énième fois, de quartier général pour la réplique de BBY à Yaw. Pape Mahawa Diouf, Directeur général de l'Agence sénégalaise de la promotion touristique (ASPT) et Yankhoba Diattara, Ministre de l'Économie numérique et des Télécommunications, ont été les porte-paroles du jour. Papa Mahawa Diouf, le premier à monter au créneau, a d'abord voulu apporter quelques précisions concernant leur stratégie. "Beaucoup, à tort, parlent de communication de réaction, mais que nenni, nous sommes plutôt en face d'une communication de clarification. Lorsqu'une opposition n'a comme unique arme que de dire des contrevérités, la réaction naturelle, idoine, est de sortir pour clarifier la lanterne de nos chers compatriotes. C'est ce qui explique ce rythme communicationnel que nous avons engagé", explique le DG de l'ASPT. Il ajoute : "Et nous ne comptons pas changer d'approche. À une logique de déconstruction, s'impose une autre de construction ou de reconstruction", conclut M. Diouf. À la suite de son camarade de coalition, Yankhoba Diattara a voulu insister sur le bilan du président de la République dans cette logique de réplique. "Aujourd'hui, c'est la jeunesse qui est interpellée. C'est aux jeunes de régler la question aux gens de Yewwi. Pourquoi se taire, alors que nous avons tant à dire ? Nous ne devons pas laisser l'espace public aux pyromanes et mythomanes qui n'excellent que dans la manipulation. Mais les Sénégalais ne sont pas dupes ou ne le sont plus, face à ce jeu de l'opposition. Nous devons, partout, évoquer le bilan de Son Excellence Monsieur Macky Sall, qui constitue la meilleure réponse face à ce discours irresponsable, voire irrespectueux dans lequel s'est inscrit ce conglomérat de manipulateurs qui nous sert d'opposition", a-t-il déclaré. Puis, continuant de tresser des lauriers au président de la République, il a ajouté : "Je pense que les Sénégalais ne s'imaginent pas la chance qu'ils ont d'avoir un chef d'État de la trempe de Son Excellence Macky. Aujourd'hui, notre démocratie et notre diplomatie se portent à merveille et cela, c'est grâce au leadership du père de la nation." Poursuivant ses louanges, le lieutenant d'Idrissa Seck a lancé à l’assistance : "Quel pays en Afrique, voire au monde, ne voudrait pas avoir un dirigeant comme celui que nous avons ?’’ Yankhoba Diattara, plus admirateur que responsable de coalition, n'a pas tari d'éloges à l'endroit du chef de la mouvance présidentielle. "Même les plus grandes puissances telles que la Russie et les États-Unis sollicitent l'intervention de Son Excellence pour faire bouger les choses par rapport aux crises qui secouent notre époque, dont la plus urgente demeure la guerre en Ukraine’’, a-t-il déclaré. Ainsi, le ministre a axé une bonne partie de sa réplique à l’opposition sur le bilan, les réalisations et l'"aura" du président Macky Sall. ‘’Œil pour œil…’’ Par la suite, le ‘’rewmiste’’ s’est voulu plus va-t-en-guerre. Ainsi, il demande qu'on s'organise davantage pour ‘’faire face à ces fauteurs de troubles’’. ‘’Ils n'ont ni vision ni projet de société pour notre cher pays. Donc, il est hors de question de le leur servir sur un plateau en or. C'est un vrai risque de vouloir confier les destinées d'un pays à un groupe d'individus incapables de confectionner une liste en vue d'une législature". Le ministre de l'Économie numérique en a d'ailleurs profité pour lancer une "remobilisation des troupes", de la "jeunesse", notamment pour, dit-il, "préserver l'État droit et la quiétude des populations sénégalaises". Par la voie de Zator Mbaye, Député à l'Assemblée nationale, l'AFP aura été l'autre parti de la mouvance présidentielle à avoir pris part à cette nouvelle routine de Benno. Le progressiste, succinct, n'a pas raté sa cible. "Les problèmes liés à leur liste ne peuvent être imputables aux sept sages. Ce n'est que le résultat de leur incompétence. Yaw est un conglomérat de manipulateurs qui doivent savoir que les Sénégalais ont compris leur sournoiserie", a déclaré le progressiste. |
BABACAR SEYE