Publié le 10 May 2014 - 02:06
A LA DÉCOUVERTE DE ''L’ABRI POUR LES ENFANTS HANDICAPÉS''

 ''Ici, on entre en rampant, on sort en courant''

 

Créé en 1978, le centre ''L’abri pour les enfants handicapés'' de Ouakam reçoit des enfants à mobilité réduite issus de familles défavorisées, qui viennent des contrées les plus lointaines du Sénégal. Les pensionnaires, âgés de 5 ans et 12 ans, y reçoivent un soutien moral, psychologique et médical, malgré des moyens qui se raréfient. Laissé à lui-même, le centre a été contraint de réduire ses effectifs. Ses responsables attendent toujours la réaction des autorités étatiques maintes fois sollicitées. EnQuête est allé à la découverte de ce centre d'exception.
 
 
 
''L’abri pour les enfants handicapés'' est logé à quelques mètres de l’école française Jean Mermoz de Ouakam. Un peu en retrait de la route, ce centre est très méconnu du grand public. En ce début de journée, la circulation est très fluide, à l’entrée de ce centre où rien ne laisse présager qu’il accueille de jeunes personnes handicapées. A l’entrée du centre, un jardin sur la gauche accueille le visiteur. Quelques jeunes enfants handicapés sont visibles. Ils sont huit en train de jouer. A ce décor, s’ajoutent un manège et une piscine. Le reste est composé de salles de classe, de dortoirs, de toilettes et d'arbres. 
 
Modou, un jeune handicapé, s'exerce difficilement à la marche. Ses autres camarades saluent les visiteurs du jour, des paquets de ‘'chips’’ à la main. Pendant ce temps, un autre chérubin d'à peine quatre ans tente désespérément de monter dans le manège. Il retrouve le sourire lorsqu'on l'y aide. L'ambiance est bon enfant entre le personnel et les enfants à mobilité réduite. On sautille, on joue. On mange. Quelques instants dehors, les enfants viennent un à un saluer les hôtes du jour, avant d'entrer dans le bâtiment. Ici, on ne badine pas avec l’éducation.
 
À l'origine, il y a eu Roger Coll
 
Ce centre a été créé en 1978 par Roger Coll, un Français qui vivait avec un handicap. Avant sa mort, il avait décidé de léguer son joyau à des sœurs, afin qu’elles puissent continuer son œuvre. ’’On entre en rampant, on sort en courant’’, tel est le slogan de ce centre. Après de 36 ans d’existence, ce centre a vu défiler plus d’une centaine d’enfants handicapés. Certains ex-pensionnaires, raconte-t-on, ont réussi leur vie, en ayant réussi à décrocher un diplôme à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Au moment où d’autres s’activent actuellement dans la coiffure.
 
A ses débuts, le centre accueillait essentiellement des enfants atteints de poliomyélite. Mais aujourd'hui que cette maladie a connu un net recul, grâce aux efforts déployés par l’État du Sénégal, il reçoit des enfants atteints de différents handicaps, à l’exception des déficients mentaux. ''Actuellement, nous avons un personnel qui tourne autour de 5 personnes, pour 16 pensionnaires. Les 8 prennent des cours au niveau de l’école élémentaire catholique Stella Maris. 8 sont restés dans le centre'', confie la sœur Marguerite. 
 
Les pensionnaires viennent des quatre coins du pays
 
Elle renseigne que les actuels pensionnaires du centre viennent de différentes régions du Sénégal, sans distinction de sexe, ni de religion. ''Actuellement, nous avons 2 chrétiens et 16 musulmans. Nous recevons toute sorte de handicapés, saufs les déficients mentaux. Et pour vous dire qu’on les respecte, on ne leur fera jamais manger ou boire une chose que leur religion leur interdit'', déclare-t-elle. La sœur révèle qu'ils ont ramassé, par le passé, une mendiante qu’ils ont soignée et assistée. ‘’Nous avons eu dans le passé une fille bossue que nous avons réussi à faire évacuer en France. Elle s’en est bien tirée après son opération. Et aux dernières nouvelles, elle est devenue une grande fille’’, poursuit-elle. 
 
Les enfants handicapés du centre ont droit à des kinésithérapeutes et des opérations qui sont souvent très souvent coûteuses. Une kermesse est organisée une fois tous les deux ans. ‘’Tout est gratuit dans ce centre. On fait vivre les enfants grâce à des dons que de bonnes volontés font à longueur d’année. Nous organisons aussi tous les deux ans une kermesse pour récolter des fonds’’, ajoute sœur Marguerite. Chaque enfant, confie-t-elle, mettra le temps qu’il faudra, avant de sortir et pendant tout ce temps, il sera suivi par des médecins expérimentés. Et à chaque fois que l’enfant a un rendez-vous médical, on fait appel à un de ses parents pour qu’il soit présent, pour plus de sécurité.
 
‘’On ne sent pas la main de l’État’’
 
Et pourtant, tout n’est pas rose au sein de ce centre confronté à d’énormes difficultés qui ont pour noms : ravitaillement, manque d’outils et de personnel bien formé pour rendre en charge les enfants handicapés. Selon Rose Sène, une maman qui est dans ce centre, depuis 1987, les soutiens ne suivent pas. Même si, dit-elle, les responsables du centre ont plusieurs fois saisi les autorités du pays et des entreprises, aucune réponse ne leur est jamais parvenue.
 
‘’Rien que le ravitaillement nous pose d’énormes soucis. Les difficultés sont là, c’est la raison pour laquelle nous sommes obligés de réduire le nombre d’enfants, même si beaucoup de demandes nous parviennent. Nous ne sentons pas la main des autorités dans ce centre. Nous avons fait beaucoup de pas vers elles, de même que du côté des entreprises, mais leurs réponses tardent à venir’’, se désole Mme Sène. 
 
Pour traduire les difficultés du centre, la dame renseigne qu'en 1987, le centre accueillait plus de 28 enfants. Mais, elle s'empresse de préciser qu'à l’époque, ce sont les Français qui mettaient la main à la poche. Aujourd'hui, à leurs soucis financiers s’ajoute un manque criard de personnel qualifié pour pouvoir prendre en charge la question des handicapés. Pédagogiquement aussi, selon elle, le centre n’est pas bien loti.
 
‘’A l’époque, se souvient-elle, c’étaient les Français qui finançaient le centre, mais ils ne sont plus là. Nous souhaitons des appuis en équipements, ravitaillement, et des financements pour les opérations qui sont très coûteuses. La seule aide vient du côté de la mairie de la commune de Ouakam,  lors de la kermesse que nous organisons tous les deux ans'',  complète sœur Marguerite. ‘’Nous recevons le plus de dons durant la période de Pâques. Mais hélas, ils se raréfient après’’, se désole la sœur.  
 
Le personnel du centre demande une meilleure prise en charge de  la part des autorités étatiques, afin qu’ils puissent remplir leurs missions.
PAR CHEIKH THIAM
 

 

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