La Honte en politique s’appelle Transhumance
Quand Cheikh Ahmadou BAMBA dit dans son poème ''Matlaboul Chifa-i'' (''La recherche du remède'') : ''O toi qui désire repousser toute maladie, n’abandonne pas la recherche du remède. Continue à la faire matin et soir. Sois sincère, tu obtiendras le remède et le bonheur'', n’est-ce pas la constance qu’il recommande ? Que celui qui doute consulte ''Massalikoul Jinaan'', ''Les itinéraires du paradis'', cet autre chef-d’œuvre de beauté et de sagesse. Et ce saint qui fredonne : ''Si le regard se disperse, il perd de vue la divinité'', n’est-ce pas la fidélité qu’il chante ? ''Pour aller loin, reste à la maison'', a dit un sage. Car chacun doit avoir un chez-soi, une adresse connue, un nom… Ceux qui ont lu le Coran et/ou la Bible ne contrediront pas ces chantres de la constance, de la patience et de la fidélité.
Chers hommes politiques sénégalais de tous horizons merci d'en prendre exemple, et de revenir à plus de dignité et, par la même occasion, de vous intéresser et de nous parler des vrais problèmes qui préoccupent le cœur des Sénégalais. Il est, ces temps-ci, souvent question de transhumance. Les défenseurs des transhumants en ont appelé à leur amour pour le pays. Tandis que leurs accusateurs ont fait de leur transhumance la conséquence logique de leurs tortuosités.
A mon humble avis, il est question de dignité. N'y a-t-il pas alors urgence à réfléchir à nouveau à cette belle valeur, qui sature de sa présence à la fois solennelle et creuse tant de discours inspirés ? C'est bien ce que nous croyons. Revenons alors vite à ce qu'un Kant en disait, dont le rappel nous paraît aujourd'hui fort urgent. A savoir que si tous les hommes sont dignes, leurs conduites en revanche ne le sont pas toutes également. Il faut donc distinguer entre l'homme et sa conduite, et ce distinguo n'a rien d'un marchandage. Ce qui revient à dire que si "les hommes [politiques] ne sont certes pas des saints, l'humanité en revanche est sainte en eux." Mais si tous les hommes sont dignes, toutes leurs conduites ne le sont pas. Avoir une conduite digne, c'est faire l’effort pour être digne de sa dignité. Effort pour la garder. Ce qui passe par une certaine tenue, retenue, pudeur, par un peu de scrupule et de vergogne.
Certains de nos dirigeants n'auraient-ils pas manqué de cette dignité-là ? Ce n'est pas impossible. D'autant plus que d'après Platon, les deux vertus essentielles à l'art politique sont la dikè (la justice, l'équité) et l'aïdos (le scrupule, la retenue, la vergogne). Il n'est pas en soi indigne de servir Abdoulaye Wade, de voyager avec son fils Karim, de cumuler des fonctions partisanes et gouvernementales et de dire : ''je suis avec Macky Sall''. Il l'est de le faire sans scrupule, retenue, vergogne, souci de l'équité. Deux transhumants en ont convenu, un troisième pas. Qu'en penser ?
Moi je dis c’est un inconstant par opportunisme. Il ne court que pour son intérêt personnel, immédiat. Il est impardonnable, car il n’a pas l’innocence des inintelligents. Bien au contraire, il est très rusé, mais ne croit qu’aux présents et aux avantages qu’il peut lui offrir. Aussi, semblable à une mouche, l’opportuniste ne cesse de courir à gauche, à droite, devant, derrière, attiré par tout ce qui brille. C’est lui le rusé politicien, le fin manipulateur qui s’autoproclame ''porteur de voix''. Et tous parlent de développement, oubliant qu’il ne peut avoir pour terreau le pourrissement des hommes.
Patrice Sané, patrice@orange.sn
Militant APR, Membre de la CCR
Secrétaire Administratif CVMP/CCR/APR