Les avocats de Cheikh Béthio en quête d'un non-lieu
Les choses s'arrangent pour le guide des Thiantacounes qui a obtenu hier une liberté provisoire. Les avocats de Cheikh Béthio Thioune ne comptent pas s'en arrêter là, ils veulent lui obtenir ''un non-lieu''.
La Chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Dakar a prononcé hier la mise en liberté provisoire du guide des Thiantacounes. À peine acquise, les avocats de Cheikh Béthio Thioune parlent de l'obtention d'un ''non-lieu''. ''Le principal combat, assure Me Bamba Cissé, c'est non pas d'obtenir la liberté provisoire, mais d'avoir un non lieu''. L'avocat du cheikh estime que ''les faits tels qu'ils résultent de la procédure ne permettent pas une imputation à l'endroit du cheikh. C'est-à-dire qu'ils ne permettent pas de lui imputer une responsabilité quelconque dans ce qui s'est passé à Médinatou Salam''.
Alors que dans cette fameuse nuit, deux disciples de Chiekh Béthio Thioune, en l'occurrence Bara Sow et Ababacar Fall, ont été assassinés et enterrés à quelques lieues du fief du cheikh, Me Bamba Cissé lui, révèle la position de son client dans cette affaire : ''C'est un guide religieux. Dans une concession de plusieurs hectares, il peut se passer des choses, sans qu'il ne soit au courant'', dit-il.
Ainsi, Cheikh Béthio Thioune obtient une liberté provisoire, après une longue bataille judiciaire marquée par l'introduction de plusieurs demandes de liberté provisoire qui, jusqu'ici, ont toujours été refusées. Alors pourquoi cette volte-face ? ''Il y a eu une circonstance nouvelle'', avance Me Bamba Cissé.
Il explique : ''Dans le cadre de cette procédure, le procureur s'était fondé sur un certain nombre de motifs que je ne peux pas dévoiler à l'opinion, mais il y a eu un fait nouveau qui a trait à l'état de santé du cheikh. Donc, compte tenu d'un certain nombre de considérations qui ne permettaient plus son maintien en détention, la chambre d'accusation a institué l'ordonnance qui a servi à accorder la liberté provisoire''.
Après avoir obtenu la possibilité d'aller se faire soigner en France, Cheikh Béthio voit son ''régime de semi-liberté, qui comportait un certain nombre d'obligations et notamment une surveillance des gardes pénitentiaires'', élargi. L'avocat se veut même rassurant sur l'état de santé du guide religieux. ''Il se porte tant bien que mal, pour quelqu'un qui est malade, mais qui accueille toujours ces décisions avec une certaine sérénité''. Me Cissé d'ajouter : ''Il a accueilli la nouvelle avec beaucoup de philosophie. Il n'a jamais été question pour lui, en quelque temps que ce soit de se voir abattre par toute cette pression''. Quant à un éventuel prolongement du séjour de Cheikh Béthio en France, étant donné qu'il n'est plus assujetti à la contrainte de retourner au Sénégal après un séjour d'un mois en Hexagone, comme cela avait été décidé par le juge, l'avocat croit savoir que la réponse appartient désormais au médecin traitant du cheikh.
Cheikh Béthio Thioune est inculpé de plusieurs chefs d’accusations dont complicité de meurtre et inhumation de cadavre sans autorisation administrative, dans le double meurtre des deux disciples cités plus haut.
Béthio en liberté sous conditions
Dans la foulée de la liberté provisoire obtenue par Cheikh Béthio Thioune, le ministère de la Justice a sorti un communiqué pour révéler les mesures de contrôle judiciaire assorties à l'ordonnance de la Chambre d'accusation de la cour d'Appel de Dakar.
Cheikh Béthio Thioune ''est interdit de sortie du territoire national sans l’autorisation du juge d’instruction''. Son passeport sera remis ''au greffier d'instruction dès son retour au Sénégal à la date fixée par l'ordonnance du juge d'instruction du 04 février 2013''. Il lui est également interdit d'organiser ou d'assister à des réunions ou rassemblements publics. Selon la note du ministère, le guide des Thiantacounes a l'obligation d'aviser le juge d'instruction de tout changement d'adresse. ''La violation de l'une de ces mesures entraînera l'arrestation immédiate et le placement sous mandat de dépôt de Monsieur Béthio Thioune'', avertit le ministère de la Justice qui renseigne que le parquet général dispose d'un délai de 5 jours pour formuler éventuellement un pourvoi en cassation.
Gaston Coly