LA RESTRUCTURATION DE LA DETTE PUBLIQUE DES PAYS DE L'UEMOA S'IMPOSE
Il est observé dans certains pays des tensions budgétaires réelles liées notamment à la dette.
- Ratio dette/PIB supérieur au critère de convergence de l'UEMOA de 70%
- Service de la dette en principal et intérêts (échéance annuelle) avoisinant bientôt 50% des recettes fiscales
Cette dette n'est plus soutenable pour certains des pays de l'UEMOA. Il ne faudrait pas cacher cette réalité.
Sans aucun complexe, les Etats devraient engager un plaidoyer international collectif pour restructurer la dette. Surtout dans un contexte favorable où de nouvelles autorités éprises de souveraineté, qui n'ont aucune responsabilité stratégique sur la gestion passée, accèdent au pouvoir.
En effet, la responsabilité de la situation actuelle de surendettement est partagée entre des gouvernements qui ont mal choisi les projets financés et des bailleurs de fonds peu regardants. Un rapport de la Banque mondiale avait montré que 7, 5% des crédits accordés par cette institution aux pays en développement était détournés vers les paradis fiscaux. Et que dire des nombreux milliards payés aux sociétés de gestion et d'intermédiation dans le cadre de la structuration des opérations afin de faciliter l'obtention des financements?
Voici nos propositions
- Abandon par les bailleurs de fonds internationaux des pénalités et intérêt de retard
- Conversion des intérêts normaux en actions dans les entreprises publiques afin de mieux contrôler la gouvernance de celles-ci
- Restructuration de l'encours en principal restant dû sur une durée plus longue assortie d'un renforcement de garanties éventuel et d'une possibilité de réduction des taux.
- Mise en œuvre effective par les États débiteurs de mesures de redressement internes pertinentes avant de songer à des politiques de relance hypothétiques. Dans une tribune publiée dans le journal le Monde nous avions défendue après le COVID cette orientation sans succès.
Nos économies sont à l'image d'un seau troué en plastique que nous essayons depuis les indépendances de rapiécer sans succès. Il faut le changer par un seau neuf en fer, durable.
En d'autres termes mener de bonnes réformes pour redresser des économies extraverties, reprofiler les budgets nationaux et améliorer la gouvernance.
- Introduction d'une clause nouvelle de responsabilité de vigilance dans les conventions de financement afin d'amener les bailleurs de fond à plus de rigueur dans l'octroi de financements
- Amener les bailleurs de fonds internationaux à garantir une bonne rotation de leurs Chefs de mission dans les pays d'accueil afin de limiter au maximum les risques de connivence avec les Gouvernements en place.
Voici le lien de l'interview que nous avons accordée à la Radiotélévision sénégalaise sur la question.
Magaye GAYE
Économiste international
Ancien Cadre de la BOAD