Le macrocéphalisme de l’État premier pilleur de la République
On a entendu les candidats de « l’anti système » fustiger les pratiques tendant à piller les ressources de notre République. Une offensive à laquelle les candidats du « système » rétorquent par l’aventurisme dans lequel les « anti systèmistes » veulent embarquer le pays, en mettant en exergue leur manque d’expérience dans la gestion de l’Etat.
Au-delà de ce débat d’une grande importance sur la bonne gouvernance et la qualité intrinsèque des candidats en matière d’intégrité et de compétence, il convient de saisir la véritable source du pillage de nos ressources à travers les mécanismes réguliers de prédation financière de l’Etat macrocéphale.
En effet, nous avons hérité de la colonisation un État qui avait pour rôle d’exploiter les ressources de la colonie au bénéfice de la métropole. Les fonctionnaires qui étaient chargés de cette sale besogne bénéficiaient d’avantages indus pour combler leurs conditions d’expatriations dans des pays à l’environnement hostile.
L’oligarchie de fonctionnaires post indépendance n’a cessé de renforcer cet état de fait en s’octroyant des avantages à travers les différentes institutions de l’Exécutif, du législatif et du judiciaire. Les régies financières qui sont les plus représentées à l’élection présidentielle de cette année, sont les plus grands bénéficiaires de cette boulimie budgétaire institutionnalisée sous forme de primes, avantages en nature et autres pratiques corruptrices.
Face à cette situation, les contribuables sont moins enclins au patriotisme fiscal arguant la mauvaise utilisation de leurs impôts et droits de douanes.
Ceci nous met dans un cercle vicieux d’un État budgétivore exerçant une pression fiscale de plus en plus forte sur des contribuables réticents à payer des impôts qu’ils jugent mal utilisés.
Pour briser ce cercle vicieux, il faudra d’abord réformer l’Etat par « Moins d’Etat » en réduisant sa taille, son train de vie avant d’en venir à l’intégrité et la probité morales de ses représentants. Notre Administration est gangrenée de fonctionnaires sous employés et super payés rompus à des pratiques budgétivores que le prochain Président devra avoir le courage de prendre à bras le corps au risque de se mettre à dos ses propres affidés.
Quel régime osera enclencher une véritable révolution de notre administration en réduisant sa taille par une série de départs volontaires et de reconversion des fonctionnaires au moment où les promesses d’emplois étaient en bonne place dans le programme de campagne?
Quel régime osera revoir les avantages des fonctionnaires acquis de haute lutte syndicale surtout dans les régies financières? Suivez mon regard.
Quel régime osera supprimer des institutions ou les réduire à leur plus simple expression quand ses alliés et compagnons de lutte s’attendent à être remerciés pour service rendus à la cause?
Les avantages fiscaux ponctuels accordés à certaines corporations du secteur privé ne sont qu’une petite goutte d’eau dans la grosse mare de la boulimie d’un État macrocéphale budgétivore qu’il faudra réformer pour impulser une nouvelle forme d’un État moderne et enclencher la véritable rupture dans la gestion des ressources publiques.
Cheikh Tidiane Sy
Chef d’entreprise