À l’Afrique d’ouvrir la voie

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cesse d’envoyer des signaux clairs et brutaux aux nations africaines. Suppressions d’aides, durcissement des politiques migratoires, propos insultants à l’égard des pays « pauvres » : le masque est tombé. L’Amérique des MAGA n’a plus besoin de faire semblant. Elle ferme ses frontières, ses portes, et son cœur à l’Afrique et à ses ressortissants.
Le phénomène n’est pas isolé. En Italie, la Première ministre Giorgia Meloni affiche sans détour sa volonté d’éradiquer toute forme d’immigration. En France, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau clone low-cost d’un Sarkozy décomplexé annonce des rafles de migrants et des expulsions massives. Le continent européen se bunkerise. Il fait de la lutte contre l’immigration, qu’elle soit légale ou illégale, le cœur de son projet politique.
Nous devons regarder cette réalité en face : le monde occidental s’est engagé dans une nouvelle ère. Une ère de fermeture, de peur de l’Autre, de régression morale. L’immigration n’est plus un débat, elle est un ennemi à abattre. Pour nos jeunes, nos artistes, nos intellectuels, nos sportifs, cette hostilité croissante devient un mur, un piège, une humiliation constante.
Mais cette conjoncture n’est pas qu’un drame. Elle peut être un déclic.
Oui, l’Afrique peut et doit tirer un bien d’un tel mal.
Car si le monde se ferme, l’Afrique, elle, peut choisir de s’ouvrir. À elle-même.
C’est l’occasion historique de prendre notre destin en main, de tourner le dos aux mirages de l’exil et de construire une alternative crédible ici, sur notre sol, pour nos peuples. Nous avons les ressources. Nous avons la jeunesse. Nous avons les cerveaux. Ce qu’il nous faut désormais, c’est une volonté politique forte, une vision partagée, une rupture radicale avec les logiques d’assistanat et de dépendance.
Ne rêvons plus d’ailleurs. Faisons rêver notre propre continent.
Cela implique de :
– renforcer nos systèmes éducatifs et sanitaires ;
– miser sur l’agriculture, l’innovation, les industries culturelles et les énergies renouvelables ;
– créer un environnement où nos jeunes peuvent réussir sans avoir à fuir.
Nous devons bâtir des sociétés qui offrent un avenir à leur jeunesse, qui respectent leurs artistes, qui protègent leurs terres, qui célèbrent leurs langues, leurs spiritualités, leur génie propre.
Que Trump termine son mandat. Ce sera le dernier.
Que Meloni, Retaillau et tous les autres murent leurs nations dans la peur.
L’Afrique, elle, doit choisir la vie, la dignité, la souveraineté.
Maky Madiba Sylla,
cinéaste et producteur sénégalais, fondateur de Linkering Productions