Volonté d’apaisement de l’État ou expression d’une justice impartiale ?
La libération de 17 manifestants pro-Sonko, mercredi dernier, conjuguée à d’autres, a marqué l’actualité judiciaire. Les membres de l’ex-Pastef y voient l’expression d’une justice qui dit la vérité.
L’étau est-il en train de se desserrer autour de l’ex-parti Pastef, après la vague de répression qui s’est abattue sur la formation politique d’Ousmane Sonko, à la suite des manifestations des 1er et 2 juin, avec l’emprisonnement de militants, sympathisants et cadres, dissolution du parti, incarcération des leaders, entre autres ? Une nouvelle phase est-elle en train de s’amorcer dans l’écosystème politique autour de l’ex-parti Pastef ?
En tout cas, 17 manifestants du parti dissout arrêtés lors des événements de mars 2023 ont été libérés, avant-hier, après neuf mois d’incarcération, à la suite d’une audience au tribunal correctionnel de Dakar. Ces individus avaient été arrêtés entre le 15 et le 16 mars 2023, à l’occasion du procès opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang. Lors de leur jugement qui a eu lieu le 22 novembre, ils ont tous contesté les faits d’acte et manœuvre de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves ou à enfreindre les lois. Alors que le parquet avait requis un an d’emprisonnement ferme contre les détenus. Les avocats de la défense, de leur côté, ont dénoncé la détention arbitraire des prévenus et sollicité le renvoi de tous les comparants des fins de la poursuite.
Par ailleurs, le rappeur et activiste Mor Talla Guèye alias ‘’Nit Doff’’ a aussi récemment humé l’air de la liberté, ainsi que d’autres militants estampillés Pastef.
L’un des responsables de l’ex-parti Pastef, Me Abdoulaye Tall, souligne toutefois que l’heure n’est point à la réjouissance : ‘’Je ne suis pas du tout satisfait de cette mesure, puisque des centaines de détenus politiques sont en prison sans aucun motif valable", dit-il.
Un avis que semble partager une bonne partie des sympathisants de Sonko qui espèrent que, dans la foulée de la réintégration de leur leader sur le fichier électoral, l'émergence d’un élan d’espoir pourra entraîner la libération des centaines d’autres jeunes manifestants.
Pour Ousseynou Ly, membre du cabinet du candidat d’Ousmane Sonko, il ne s’agit pas de desserrement de l’étau de la part de l’État, mais juste la matérialisation de la vérité. ‘’Dans ce cas, nous sommes en présence d’une justice qui dit la vérité. Nous sommes confiants sur la prochaine libération des centaines de détenus qui sont des prisonniers politiques. Dès qu’ils feront face à un juge, ce dernier va les relaxer ou va demander la fin des poursuites’’, déclare le responsable de l’ex-parti Pastef à la Médina, qui s’empresse d’ajouter que leur formation ne ménagera aucun effort pour les soutenir.
En outre, des responsables de l’ex-parti, en compagnie d’autres mouvements comme le Frapp, rendent visite aux familles des détenus. ‘’Les avocats du parti se rendent dans les commissariats et les brigades pour porter assistance aux militants arrêtés et suivent leurs dossiers pour s’assurer qu’ils soient entendus et écoutés par le juge d’instruction. Nous travaillons pour que leurs dossiers puissent être rapidement présentés à un juge, car nous sommes certains que les accusations du procureur ne tiennent pas devant aucun tribunal’’, déclare-t-il.
Néanmoins, une possible mobilisation de la base de l’ex-parti Pastef autour d’une possible candidature d’Ousmane Sonko peut-elle pousser l’État à freiner cette volonté d’ouverture et d'œuvrer à juger ces centaines de détenus ?
En tout cas, la libération de militants dévoués pourrait contribuer à amplifier la dynamique autour d’Ousmane Sonko qui a recouvré ses droits électoraux.
Or, le régime de Macky Sall a peut-être intérêt à éviter d’alimenter le narratif de l’ex-parti Pastef concernant l’acharnement du régime à l’encontre d’Ousmane Sonko, en maintenant des centaines de patriotes en prison. Ainsi, le régime pourrait être amené à maintenir un climat d’apaisement gage d’un processus électoral calme et serein.
Mamadou Makhfousse NGOM