Publié le 13 Jun 2013 - 08:36
LIBRE PAROLE

Le marketing des destinations à l’ère de l’opendata

 

C’est le début de l’été et nous allons parler Tourisme. Pourquoi ? Parce que c’est mon domaine préféré, bien en pointe dans la mutation impulsée par les usages numériques et généralement révélateurs de ruptures. Et également un sujet d’actualité causé par la polémique sur l’instauration des visas au Sénégal.

A ce titre, je puis vous dire que le débat sur les visas un mal nécessaire, qui a le mérite d’ouvrir un autre débat plus important, qui devrait nous faire réfléchir sur le potentiel du marketing de la destination à l’ère du opendata, qui va être le siège d’une nouvelle bataille dans l’accès à de multiples ressources très variées et inattendues.

Je le disais par ailleurs (...), nous devrions avoir une attitude positive devant nos faiblesses pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à ce niveau de réputation d’une destination chère, peu agréable et pas confortable. Le Sénégal, absent de la compétition qui concerne tous les pays à vocation touristique, de l’approche marketing à l’ère des organisations de plateformes sur la performance des fonctionnalités de recherches sur les sites de Tourisme.

C’est l’occasion de penser à nos Systèmes d’Informations Touristiques (SIT), dont le développement tarde à se faire, à l’heure ou l’hétérogénéité des systèmes et des modèles ouverts sur le marché, et dominé par l’utilisation de consommateurs experts  « consom’acteur expérimenté » ; pour lesquels la décision sera d’autant plus acquise, sur les produits filtrés et triés  à discrétion grâce à un niveau de description plus exigeant, par les moteurs de recherches. Ceci sans parler des données chaudes que sont notamment les disponibilités, les infos de dernières minutes etc… C’est la course et la guerre aux infos.

Il y a aussi du low-cost ou du “meilleur prix”, sans parler des sites de comparaison. Comme en e-commerce, la pression est très forte pour exister aux yeux d’un public prétendument avide d’infos et d’opportunités ; il faut des efforts surréalistes pour se positionner en tant que destination en termes de valeurs, d’expériences propres, et d’opportunités touristiques.

Si l’on peut douter autan de l’engouement de touristes de pays émetteurs associé aux applications e- tourisme et m-tourisme (mobiles), suffisamment appuyé par des sondages, des études définitives, (que je vais vous épargner de lister), Il faudrait en déduire le manque de volonté et de vision de nos dirigeants à s’adapter aux exigences d’un marché mondialisé qui nous impose ses règles.

Selon la conviction que le consommateur est inévitablement demandeur du guide touristique de la destination, et que c’est de la responsabilité du management de la destination de le faire, en foi de quoi, la destination Sénégal ne se focaliserait-il pas en dégageant un budget conséquent, et dépenser beaucoup d’argent à développer des applications et à promouvoir notre destination conformément aux critères de la demande.  Il est pourtant bien facile de le faire.

Libérer les données pour libérer les usages

Les grandes idées viennent toujours du terrain et c’est une vérité fondamentale de l’économie moderne, et en particulier de l’e management touristique. L’opendata est une chance pour le Sénégal, pour le développement de son tourisme. L’expérience de l’opendata qui a fait son chemin et démontré ses larges possibilités avec l’e-government un peu partout, connait bien des succès dans l’administration d’Obama ou encore en France, et en Angleterre.

Dans le domaine du tourisme sénégalais il s’agit de créer un environnement ou nos systèmes d’informations touristiques offrent en même temps qu’ils ouvrent des opportunités économiques, permettant de démultiplier le champ des initiatives au maximum, de ne surtout pas se priver d’une bonne idée et d’impulser une offre de service riche et diversifiée.
Une offre que le détenteur ne saurait même pas s’imaginer mettre en œuvre en rêve. C’est dans la mutualisation, le partage, et l’échange que notre tourisme aura des chances à se développer. L’apport de techniciens de scientifiques, d’intellectuels et d’économistes, s’avèrent indispensable dans la construction des fondamentaux de notre tourisme. Un métier cela s’apprend, une expérience s’acquiert sur le terrain, mais les nouvelles idées justes et cohérentes ont toujours une base technique, scientifique. Notre pays cherche de la croissance alors qu’il est assis dessus, à travers le secteur du tourisme, alors libérons ce secteur !

Je sais que l’accès aux données du secteur privé n’est pas choses faciles, mais l’accès aux contenus de la puissance publique, est un sujet récurrent et déplaisant au sein du management. L’Etat ne gère pas correctement son contenu interne de la destination. Les professionnels, à qui on demande de fournir des données, toujours plus de données, voient cela comme une obligation qu’a une contribution à la qualité du bien commun qu’est la destination Sénégal, sans parler de valeur de marché.

Je pense qu’il n’y aura pas que les destinations touristiques qui vont s’approprier l’opendata et s’appuyer sur les SIT. C’est un vrai marché, surtout sur les endroits qui sont porteurs. Bien entendu, il suffit d’aller taper n’importe quel nom de ville, ou de territoire, ou de destination sur les moteurs de recherches et s’étonner du nombre effarant de résultats et de données existants, dont on ne maitrise ni la source ni le contenu. Outre l’hétérogénéité de ces données, donc de l’information et de l’image de la destination que l’on observe entre ces applications, la mise à disposition de données ouvertes par les professionnels du privé sénégalais, en partenariat avec la puissance publique, permettrait au management de notre destination de s’assurer d’un minimum de cohérence dans l’information et le contenu qui circulent çà et là sur le Web.

Il existe une fracture entre destinations riches, émergentes et les destinations pauvres, naturellement le Sénégal doit fournir des efforts à la hauteur de ses ambitions et de l’attente des consom’acteurs !
A moins d’espérer, avec l’open data, abaisser l’équation économique qui pèse sur la non-réalisation d’applications spécifiques pour rendre notre destination plus attrayante… Des exemples ont bien montré que cette approche faisait émerger des services de niches, impensables sans comparaison aucune, avec laquelle le bouquet de services se développe.

C’est pourtant ma conviction qu’à l’instar du data journalism qui se dispute les médias actuellement, le marketing est en train de vivre une nouvelle révolution avec l’opendata et les organisations de plateformes. Le tourisme me paraît plus concerné que d’autres avec la management stratégique et le marketing des destinations.

Mouhamed Faouzou DEME





 

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