Publié le 28 May 2015 - 00:09
LIBRE PAROLE

Reconquête Française? 

 

Deux brèches prisées par l'impérialisme : les élites et la langue. La fameuse "École des otages" et l'assimilation culturelle et linguistique imposées durant l’intermède colonial au Sénégal, en sont des preuves historiques palpables.

Après le rapport de l’explorateur Paul Soleillet en 1876 intitulé "Avenir de la France en Afrique" , celui du sénat français de 2013 nommé curieusement aussi "L’Afrique est notre avenir", le rapport de Jacques Attali, "La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable" présenté à F. Hollande en 2014, le rapport d’information sur "La stabilité et le développement de l’Afrique francophone" déposé par la Commission des Affaires Étrangères à l'Assemblée nationale française le 6 mai 2015, vient nous rappeler comment la France tient à l’Afrique pour son influence et sa croissance.

Nous aimons tellement cette jeunesse africaine brillante et fougueuse que nous serions en peine en de la voir tomber entre les griffes de loups affamés en quête de proies faciles.

Voilà pourquoi nos amis de "Y'en a marre" doivent faire preuve de vigilance. L'histoire nous apprend que l'impérialisme a toujours cherché à avoir des relais locaux La politique de captation des "forces vives" a toujours été une constante depuis les temps les plus reculés.

Ce Rapport d’information sur "La stabilité et le développement de l’Afrique francophone" dit clairement que "l'influence" de la France en Afrique dépend de cette capacité à nouer des relations avec ces "relais". Nous citons :

"Cela invite votre Mission à recommander que notre pays se mette en position de prendre en compte les changements de génération que vivent les pays d'Afrique et d’y être attentif. Les évolutions politiques et sociales sont le fait de la jeunesse de tous ces pays qui ne tolèrera plus longtemps d’être marginalisée. Après les révolutions arabes, les révolutions africaines sont peut-être d'ores et déjà en train d’émerger, comme l’épisode burkinabè l’a montré il y a quelques mois, comme la jeune société civile sénégalaise [Y en a marre] l’a aussi démontré auparavant…

C’est avec cette Afrique-là que notre pays doit être en contact. Les élites de demain en font partie. Notre présence et notre influence sur le continent dépendent de la qualité de la relation que nous saurons dès à présent nouer. Pour autant, il ne s’agit évidemment pas de couper les liens avec les générations encore en place. D’autant moins qu’elles se plaignent d’être délaissées, en manque de visites de haut niveau."

Pour ce qui est de la langue, le Rapport, reconnaissant le recul du français, affirme clairement que "La langue française devrait être le premier des axes de notre politique sur le continent africain pour conserver intact notre principal véhicule d’influence politique et culturelle...La question de quel dispositif notre pays doit mettre en place pour assurer l’enseignement du français à l’étranger, sa diffusion, et surtout les moyens qu’il entend y consacrer, est majeure dans la mesure où le centre de gravité naturel du français ne peut que se déplacer vers l'Afrique. Votre Mission recommande, après beaucoup d’autres, que la question de la francophonie comme vecteur d’influence politique, culturelle et économique soit considérée comme une des priorités principales."

Pendant que certains pays dépensent des sommes considérables pour nous étudier, nous comprendre et se servent de nos faiblesses pour assurer leur influence dans le monde, devrons-nous continuer à n’être que des objets de discours qui brillent par leur aphasie?

Khadim Ndiaye
Montréal, Canada
Khadim_mail@yahoo.ca

 

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