Publié le 1 Oct 2012 - 16:24
LIBRE PAROLE

Sauvons Tombouctou !

 

 

Quand nous pensons que l'Islam a produit les philosophes Al Ghazali, Al Kindi, Averroès (Avicenne), le biologiste Al Birouni, Imam Chafii, auteur d'Al Umm, le premier livre de théorie du droit, Abou Hanifa, le dialecticien hors pair, Ibn Hazm Al Andalousi, le juriste subtil, nous sommes triste de voir le spectacle de la Umma aujourd’hui.

 

Sur cette terre malienne, repose Ahmed Baba dont l'un des amphithéâtre de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) porte le nom. Ahmed Baba raconte que lorsque des hordes venues du Maroc ont attaqué Tombouctou et pillé les bibliothèques, il détenait, lui Ahmed Baba, 16 mille livres. Et il faisait partie des moins pourvus en livres. Tout pour vous dire l'immensité du patrimoine culturel de Tombouctou.

En terre malienne, repose le grand Sidi Mouhtar Al Kounti, il n'a vécu que 42 ans. Il a islamisé pacifiquement toute cette zone allant jusqu'en Mauritanie (je vous renvoie aux archives marocaines et mauritaniennes).

 

Sidi Mouhtar al Kounti est, avec Cheikh El Bekkaye le grand, le plus illustre des Kounti. Il y en a plein d'autres saints et savants à Tombouctou, Bou Lanwaar et Hawdou. Au passage, notons que Cheikh Muhamed Fadel, père de Cheikh Saadbou, est né à Hawdou au Mali. Cheikh Saadbou lui-même est né à Hawdou, toujours en en terre malienne.

 

Quand des hordes de jeunes égarés et impolis s'attaquent à ces monuments par esprit d'école alors qu'ils ne pourront jamais les égaler en œuvres, cela fait mal ! S'ils étaient conscients de l'apport de ces hommes pour le rayonnement de la civilisation islamique!

 

La Umma traverse une grave crise. Une crise culturelle, une forme de perversion du retour aux sources, comme toutes les autres civilisations l'ont connue. L'islam a eu sa période des lumières. Le retour aux sources, la Salafiya, ne saurait être une crispation tétanique sur un passé glorieux, un littéralisme improductif mais un mouvement tourné vers l’avenir.

 

Cette crise qui ne date pas d’aujourd’hui, qui remonte à la période de la fermeture des portes de l’Ijtihad (NDLR : effort d'interprétation des textes islamiques), est d’abord une crise culturelle dont la gravité à fait dire à l’intellectuel palestinien Edward Saïd que «c’est la plus grande catastrophe culturelle du monde.»

 

Sauvons Tombouctou. Sauvons la lumière du savoir. Sauvons l’Amour et la Paix. Sauvons la fraternité. Sauvons l’islam. Sauvons l’humanité.

 

M. KHALIFA TOURÉ

Chercheur

Coordinateur de l’Ecole du Mouvement Dooley Yaakaar.

 

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