Mais pourquoi Neymar veut-il rester au PSG ?
Tandis que le mercato parisien se poursuit à l’ombre de l’angoissante incertitude quant à l’avenir de Kylian Mbappé, Neymar, pour sa part, ne se voit pas quitter la capitale. Peu importe l’image négative qu’il peut trimballer auprès des supporters, l’attaquant brésilien désire continuer de fouler, quand il n’est pas blessé, la pelouse du Parc des Princes.
Neymar a donné une petite interview sur la chaîne YouTube du journaliste sportif Casimiro Miguel, où son futur est notamment évoqué. Dans un premier temps, il se contente de balancer la même rhétorique que n’importe quel joueur qui se sait sur la sellette au moment du mercato : « J’espère que ce sera au PSG. J’ai un contrat avec le Paris Saint-Germain, et jusqu’à présent, personne ne m’a informé de quoi que ce soit, donc je suis là tranquillement. » Toutefois, il se positionne immédiatement avec un certain réalisme : « Je suis serein, même s’il n’y a pas beaucoup d’amour entre les supporters et le joueur. Je serai là, avec ou sans amour. »
Les raisons, du côté employeur, de se séparer de l’attaquant de la Seleção sont assez clairement identifiées : un éventuel transfert qui renflouerait un peu les caisses du club, l’économie de son salaire (25 millions au minimum par saison), ses blessures récurrentes (il est absent depuis février des terrains), son mode de vie et les polémiques qui l’accompagnent, les déceptions répétées depuis son arrivée dans la ville lumière (recruté à prix d’or pour gagner la C1)… Sans oublier évidemment l’hostilité d’une partie des fans, qui s’est manifestée récemment par l’intrusion d’une frange qui s’est rendue devant chez lui pour le lui signifier.
L’envie d’avoir envie
Cependant, quelles raisons peuvent pousser Neymar à vouloir rester coûte que coûte au PSG, surtout s’il se sait aussi peu réclamé par le peuple ? Il a pu par le passé confier sa lassitude, voire l’angoisse, que représente le simple fait de continuer à jouer au football. Les mauvaises langues sortiront l’argument des gros sous, et qu’aucun grand club européen, du moins avec un directeur sportif digne de ce nom, ne serait prêt à le payer aussi cher. Ni le joueur ni le PSG ne s’y retrouveraient finalement. Toutefois, l’arrivée en force sur le marché de l’Arabie saoudite et les sommes que touchent ses équivalents (Benzema, Ronaldo, etc.) ont largement de quoi le rassurer, à 31 ans, du moins dans la perspective d’une possible retraite dorée.
Certains utopistes ont encore foi dans son envie de taper le cuir et de gagner. Lui-même en parle pour enfoncer le clou de sa com : « Évidemment, la victoire fait toujours partie des objectifs, mais je veux à nouveau bien jouer, c’est la première chose. » La venue de Luis Enrique, qu’il connaît pour le coup plutôt bien, suffirait-elle à ressusciter sa passion et ses fantasmes de remporter la Ligue des champions ? Une dernière occasion de montrer au monde et au public parisien le grand artiste qu’il doit être ? L’éventuel départ de Kylian Mbappé lui ramènerait certes une place centrale dans le jeu, qu’il a perdue de fait, en grande partie par son indolence. Nous sommes donc probablement d’ailleurs partis pour subir une nouvelle saison où des commentateurs de plateau télé nous expliqueront, quelles que soient ses performances, la chance que nous avons de profiter de sa présence immaculée en Ligue 1 (d’un point de vue économique, les droits télé que doit refourguer la LFP, le calcul se justifie). Le totem d’immunité du Brésilien n’a pas complètement cramé dans les flammes de sa mauvaise réputation.
Pour quelques gouttes de plus
Un dernier point peut s’avérer plus crédible. Sa déclaration d’intention envers la sélection nationale, dans l’espoir en outre d’une prise en main par Mourinho, et ce, malgré la déception ressentie au Qatar. « Après la Coupe du monde, je n’ai pas voulu (continuer), non pas à cause de la douleur d’avoir perdu, mais pour éviter que ma famille ne souffre, ça pèse beaucoup, confie-t-il. Mais ils devront encore supporter ça. (…) J’y ai repensé, car j’ai très envie. » Dans le viseur : le Mondial 2026 au USA-Mexique-Canada, sa dernière chance d’entrer dans l’histoire. Un exil dans le Golfe s’avérerait inévitablement un handicap dans la poursuite d’un tel objectif. À moins qu’il ne s’agisse d’un peu de câlinothérapie pour rassurer au pays où ses engagements pro-Bolsonaro, sa condamnation pour son lac artificiel, et l’échec en décembre dernier à Doha ont aussi grandement fissuré sa statue et stature d’enfant chéri. De fait, et cela reste l’essentiel, on ne ressent pas un grand attachement pour le club dans lequel il s’apprête à entamer sa septième saison. Il donne presque involontairement l’impression d’être coincé dans un hôtel de luxe, façon Lost in translation, dont personne ne voudrait l’extraire. Voilà pourquoi le doute reste lancinant, quel que soit le coach qui héritera de la mission d’en tirer les dernières gouttes de football qu’il peut encore produire.
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