L'Afrique prendra ''son propre chemin de croissance''
Selon l'économiste franco-béninois Lionel Zinsou, en 2013, ''l'Afrique échapperait à la morosité européenne et à une croissance mondiale moyenne''. Mais il faudra des taux de 7à 8% pour entraîner une redistribution suffisante des richesses aux pauvres.
''L'Afrique échapperait à la morosité européenne et à une croissance mondiale moyenne'' en 2013, a déclaré Lionel Zinsou, économiste franco-béninois, président du fonds d'investissements PAI Partners. Interviewé par RFI, il a rappelé que toutes les prévisions affirment que l'Afrique va renouer avec de fortes croissances estimées entre 5 et 6%. Cela voudrait dire que l’Afrique est ''décorrélée'' en 2013, ''c’est-à-dire qu’elle a son propre chemin de croissance''.
S'il trouve qu'une croissance de 5% n'est pas insignifiante, M. Zinsou a admis qu'il faut entre 7 et 8% pour entraîner une distribution suffisante pour que les plus pauvres et les exclus commencent à rentrer dans le système. ''Il y a une Afrique des villes qui va un petit peu mieux que l’Afrique des campagnes. Mais surtout, il y a un problème qui est l’Afrique autour des villes, l’Afrique périurbaine'', a-t-il expliqué. Selon l'économiste franco-béninois, le constat est tel qu'un peu plus de gens sont un peu plus riches à cause de la forte démographie en Afrique. ''À 7% ou 8% de croissance, en général, on peut estimer que les économies sont capables de réduire le nombre de pauvres, soutient M. Zinsou. C’est vraiment le défi non seulement de l’année 2013, mais des dix années qui sont devant nous. Si on ne réussit pas cela, on aura des tensions sociales terribles, des inégalités terribles, une frustration terrible de la jeunesse.''
L'économiste a énoncé plusieurs paramètres à considérer pour aboutir à cette croissance de 8%. Pour lui, il serait opportun de ressusciter une idée ancienne, ''celle du panafricanisme'' qui serait fondamentale. A ce propos, le président du fonds d'investissements PAI Partners a argué que lorsqu'on a des communautés économiques qui fonctionnent, il faut lever les barrières intérieures, se rassembler pour faire un marché important. ''Vous créez des infrastructures, des corridors, des voies ferrées, des routes qui vous sont communes, et vous avez à ce moment-là un grand marché intérieur. Ce n’est pas notamment avec des barrières de toutes sortes, des barrières douanières, qu’on arrive à faire un grand marché'', a dit M. Zinsou.
En outre, d'après lui, le développement des moyens technologiques en Afrique est source de fierté. Le continent compte aujourd’hui avec ''500 millions d'abonnés'' au téléphone portable, a-t-il noté. ''Même dans nos régions qui n’ont pas d’électricité, vous trouvez un panneau solaire et une borne à laquelle les gens viennent pour recharger leur téléphone portable'', a relevé M. Zinsou, ajoutant que cette donne amène à penser qu’il y a de nouveaux usages sociaux avec ''beaucoup plus de paiements lorsque l’on doit assurer les transferts entre la diaspora solidaire et les parents restés dans le pays'', un usage plus fréquent en Afrique que sur les autres continents.
''Cette modernisation va sauter une génération technologique. Vous pouvez être très loin au fond de l’Afrique, loin des capitales, vous achetez des mots clés de Google et votre production est connue. Vous existez. Ça, c’est une révolution, c’est une nouvelle technologie, c’est créateur d’emplois, mais surtout, ça touche les entreprises et donc ça va développer de l’emploi salarié. Ce qui est une façon comme une autre de rentrer très vite dans l’Histoire'', a martelé le banquier d'affaires, par ailleurs neveu de l'ancien Président du Bénin Émile Derlin Zinsou.
ANTOINE DE PADOU
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