Le ministre conseiller Amsatou Sow Sidibé s'en mêle
Le combat continue pour le collectif de ''And Samm Sà Moomeel'' dont les membres estiment avoir été spoliés par la coopérative d’habitat militaires (Comico) et les héritiers du colonel français Emile Chevanche Bertin. La structure peut aujourd’hui compter sur l’appui du ministre conseiller du président de la République Amsatou Sow Sidibé.
''Cette affaire est particulièrement grave parce que heurtant la conscience. Pendant la période coloniale, un administrateur colonial est venu acheter une large partie du Sénégal : 25 000 km2, y compris des zones agricoles, les habitations, les populations elles-mêmes, les cimetières, les puits, les mosquées et autres'', a déclaré le professeur Amsatou Sow Sidibé, en déplacement dans la zone. Sur sa lancée, l'ancienne candidate à la magistrature suprême a ajouté ''qu'on a déguerpi des populations qui sont là, depuis des siècles, en détruisant des habitations et des produits agricoles, ce qui est particulièrement grave''. Selon la collaboratrice de Macky Sall, ''régler ce problème est une question de justice sociale, c’est une question de respect des droits les plus élémentaires des populations de Bambilor''.
Elle a rappelé que le projet Yoonu Yokkute se fonde aussi sur l’agriculture et l’élevage, d'où l'inconséquence de ''faire de Bambilor une zone uniquement d’habitation, ce qui est inadmissible parce que cette zone permet à Dakar de manger'', dit-elle. ''Le Sénégal en a assez des conflits. Bambilor n’a pas besoin de conflit, n’a pas besoin que du sang coule. Donc, en tant que ministre conseiller, je serai le trait d’union entre les populations et l’État dans un conflit qui n’a pas sa raison d’être'', a promis le ministre conseiller chargé des Droits humains et de la paix. Amsatou Sow Sidibé a ajouté que le président de la République n’est pas informé de ce qui se passe, car dit-elle : ''la rupture prônée par le gouvernement voudrait que les populations soient protégées''.
Un conflit qui date de l'époque coloniale
Il faut dire que ce conflit tire sa substance des limbes de l'histoire coloniale. Il y a de cela un siècle, un avocat français du nom de Me Verdier aurait escroqué les populations de la localité. ''Ce dernier avait réussi en 1897, à se faire céder par un paysan du nom de Daour Ndaw Ndoye, en échange d’une dette de 350 francs Cfa, un tas de coquillages aux environs du lac rose. Cet avocat n’était pas à son premier coup (il avait spolié de leurs terres des paysans de Sébikhotane).
Le 1er janvier 1899, il s’est fait établir par Me Patterson, un notaire, un acte d’acquisition d’un terrain de 2 514 ha, transcrit le 2 février 1899'', raconte Bira Cissé, secrétaire général du collectif ''And Samm Sà Moomeel'' qui réunit sept villages. Toutefois, après une enquête auprès des représentants des populations des villages concernés, il est ressorti que ''Daour Ndoye, un illettré, n’avait signé aucun document de cession de terres dont, au demeurant, il n’était pas propriétaire. L’administrateur des colonies, commandant de cercle de Thiès s’y était opposé, seize années durant, du 12 février 1914 au 20 octobre 1930''.
Aujourd’hui, Bira Cissé est convaincu que l’immatriculation de ce terrain, qui faisait partie du domaine public, a été obtenue dans des conditions douteuses, en 1930, sur intervention du gouverneur général de l’Aof.
Le titre foncier 1975/R litigieux s’étend sur une superficie de 2 514 hectares et empiète sur sept villages que sont Mbèye, Wayembam, Nguendouf, Dény Birame Ndaw, Dény Guédj, Goram 2 et Bambilor. ''Nous considérons que le titre foncier est fondé sur du faux. Les terres des populations locales (habitations, terres de culture, lieux de cultes) et des exploitants ont été de manière scandaleuse attribuées à des proches de l’ancien régime de maître Abdoulaye Wade'', accuse Bira Cissé.
PAPE MOUSSA GUEYE