Le n°2 tué par un drone américain
Un responsable américain a confirmé hier la mort du numéro 2 d'Al Qaïda, Abou Yahia Al Libi, tué la veille par un drone américain dans les zones tribales pakistanaises, selon l'agence de presse Reuters. Il s'agit d'un des coups les plus rudes portés à l'organisation islamiste depuis la mort d'Oussama Ben Laden, abattu par les forces spéciales américaines début mai 2011 au Pakistan. "Il comptait parmi les chefs d'Al Qaïda les plus expérimentés et les plus doués et il a joué un rôle essentiel dans la préparation des attaques contre l'Occident", a dit le responsable américain, qui a requis l'anonymat. Un dirigeant des Talibans pakistanais, qui a également requis l'anonymat, a déclaré que la mort d'Al Libi était une "grande perte" pour les combattants de l'islam. "Derrière le docteur Sahib (Ndlr, le chef d'Al Qaïda Ayman al Zaouahri), il était le principal dirigeant d'Al Qaïda", a-t-il dit. Al Libi, de son vrai nom Mohamed Hassan Qaïd, était un "cheikh" de nationalité libyenne. L'opération américaine de lundi matin (heure pakistanaise) dans le Nord-Waziristan, zone tribale frontalière de l'Afghanistan, a coûté la vie à sept activistes étrangers.
Selon un responsable des services de renseignements pakistanais, Al Libi a été grièvement blessé lors du raid et a succombé à ses blessures dans un dispensaire privé. Al Libi, diplômé en chimie et spécialiste des nouveaux médias, s'était rendu célèbre dans les rangs d'Al Qaïda en s'évadant en 2005 du centre de détention de la base de Bagram, considérée comme la prison américaine la plus sûre d'Afghanistan. Selon un commandant taliban, Al Libi, qui serait né en 1963, était fréquemment sollicité par les militants pour résoudre des différends ou en raison de son érudition religieuse. Pour les Etats-Unis, il était l'un des membres les plus dangereux d'Al Qaïda. Il a diffusé 68 messages publics au nom d'Al Qaïda. Seul Zaouahri en a enregistré davantage. Des lettres d'Oussama Ben Laden, saisies lors du raid de mai 2011 dans la résidence d'Abbottabad où se cachait le fondateur d'Al Qaïda, montrent qu'Al Libi était un responsable sur lequel Ben Laden s'appuyait pour transmettre ses messages, notamment auprès des jeunes. Le chercheur américain Jarret Brachman, spécialiste du mouvement djihadiste, estime qu'Al Libi, l'un des premiers propagandistes d'Al Qaïda sur la Toile, avait réussi à améliorer l'image du réseau auprès d'une génération plus jeune de militants.