Publié le 27 Jul 2020 - 20:27
LUTTE CONTRE LA DEPIGMENTATION

Corps médical, intellectuels et acteurs sociaux unissent leurs forces

 

La lutte contre la dépigmentation est un combat de longue haleine. Un webinaire initié par l’AIIDA, en collaboration avec les membres ‘’Des ateliers de la pensée’’, s’est penché sur la question.

 

L'Association internationale d'information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA) a organisé, avant-hier, un webinaire dont l’objectif est de lutter contre le racisme et la hiérarchisation des couleurs de la peau et de revenir à des valeurs d’humanité, à l’ère de la pandémie de la Covid-19. Une question a été au cœur de la rencontre qui a enregistré la présence de plusieurs personnalités : pourquoi tant de haine vis-à-vis de sa propre peau, simplement parce qu’elle présente une dose importante et normale de mélanine ? Une autre a été débattue : comment expliquer, dans les imaginaires sociaux, la persistance de stigmates négatifs, encore associés à la noirceur de la peau, par rapport à un phénomène qui est essentiellement naturel et purement biologique ?

De l’avis des participants, il faut d’abord commencer par décoloniser les imaginaires et les mentalités en Afrique. Pour répondre à ces différentes interrogations, depuis bientôt 5 ans, des universitaires, artistes et intellectuels africains ont lancé un nouveau paradigme intellectuel dénommé "Les ateliers de la pensée".

"Notre discours et notre expertise, en tant que médecins et praticiens de la santé, sont d’abord et avant tout médicaux. Après des décennies de consultations pour essayer de contrer cet immense et insensé chantier d’autodestruction de soi par le ‘xeesal’, nous avons finalement compris que les professionnels de la santé n’avaient pas toujours toutes les cartes en main. En tant que médecins, nous avons toujours cherché à avoir le maximum d’informations sur la peau et nous n’avons pas toujours compris pourquoi des patients, très abimés, s’acharnent, encore et encore à vouloir toujours délester leur peau de cette substance fondamentale qui fait leur particularité en tant que noirs : la mélanine’’.

En effet, qu’est-ce qu’avoir la peau noire, sinon une production de cette substance, sélectionnée par la nature et l’évolution, pour permettre à certains humains de s’adapter à un environnement socio-climatique bien déterminé ?", renseigne le document contenant les termes de référence de cet atelier de l'organisation dirigée par le Dr Fatoumata Ly.

Selon la note, la pigmentation normale de la peau est déterminée par des facteurs génétiques (avec plus de 250 gènes actuellement identifiés), mais également par l'intensité du rayonnement ultraviolet (UV). En effet, poursuit-il, plus les rayons UV sont intenses, plus la couleur de la peau est foncée. "Une pigmentation très sombre correspond à une adaptation à des niveaux élevés de rayonnement UV. La variabilité de la couleur de la peau dépend également de l’origine géographique. En effet, les teintes de peau les plus foncées se retrouvent à proximité, près de l'équateur, tandis que les tons les plus clairs près des pôles. Il existe donc un dégradé de couleur de peau allant du plus sombre au plus clair, de l’équateur aux pôles. Le désir de changement de la couleur de la peau est une préoccupation constante, quel que soit le phototype. Ainsi, les sujets à peau blanche ont recours au bronzage, tandis que les sujets mélanodermes utilisent des produits dépigmentant à visée cosmétique. Ces deux pratiques ayant un impact considérable en termes de risques sanitaires", renseigne le document.

Réunis autour de ses initiateurs, le philosophe Souleymane Bachir Diagne, l’historien Achille Mbembé et l’économiste Felwine Sarr, ‘’Ces ateliers de réflexion’’ tentent de déconstruire un discours occidental centré et qui a contribué, depuis longtemps, à inférioriser l’homme noir, en faisant croire que l’Afrique n’a pas de ‘’civilisation’’, pour justifier sa colonisation.

Pour Felwine Sarr, il faut produire un nouveau discours sur l’Afrique, par les Africains eux-mêmes, et dessiner des perspectives créatrices, concernant ce renouvellement d’une pensée critique, surtout ce qui a été dit et écrit sur l’Afrique par les penseurs de la colonisation.

Enfin, pour une collaboration plus rapprochée entre professionnels de la santé, acteurs de terrain et penseurs africains en sciences sociales et humaines pour mieux comprendre les représentions négatives associées à la noirceur de la peau. D’où l’urgence, pour eux, de la nécessité de compléter, aux plans méthodologique et épistémologique, les approches biologiques et médicales, par le regard complémentaire des sciences dites douces, pour mieux décoder l’autre phénomène qu’est le racisme associé à la noirceur de l’épiderme.

CHEIKH THIAM

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