L’ONU reconnaît les efforts du Sénégal

Selon deux rapports du Groupe inter-organisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile, le taux de mortalité des moins de cinq ans a diminué de plus de moitié dans le monde depuis 2000. Malgré des géographies, des conditions économiques et des systèmes de santé différents, le Sénégal est cité en exemple dans la lutte contre la mortalité infantile. Cela est dû à une gouvernance solide, des investissements stratégiques dans la santé, et l'intensification des interventions sanitaires fondées sur des données probantes.
« Depuis 2000, le taux de mortalité des moins de cinq ans a diminué de plus de moitié dans le monde ». C’est la conclusion de deux rapports du Groupe inter-organisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile. Il s’agit du rapport sur la mortalité infanto-juvénile et du rapport sur les mortinaissances (naissance d'un nourrisson sans signe de vie). En effet, en 2023, le taux mondial de mortalité des moins de 5 ans était de 37 décès pour 1 000 naissances vivantes, soit une baisse de 52 % depuis 2000, où il était de 77 décès pour 1 000 naissances vivantes.
« Néanmoins, les estimations les plus récentes sur la mortalité des moins de cinq ans ne laissent guère de doute sur le fait que l'élimination de tous les décès d'enfants évitables est loin d'être terminée. Les progrès dans la réduction du taux de mortalité des moins de 5 ans ont été 42 % plus lents au cours de la période 2015-2023 qu'au cours de la période 2000-2015 », notent les rapports.
En 2023, environ 4,8 millions d’enfants sont décédés avant l’âge de 5 ans. Les nouveau-nés représentent 2,3 millions des décès d’enfants de moins de cinq ans, soit près de la moitié du total annuel. Les enfants âgés de 1 à 59 mois ont enregistré 2,5 millions de pertes en vies humaines. Entre 2000 et 2023, 170 millions d’enfants sont morts avant d’atteindre leur cinquième anniversaire.
Les Nations Unies avertissent que ces avancées sont menacées par les coupes budgétaires prévues dans l'aide internationale, ce qui pourrait entraîner des pénuries de personnel de santé, des fermetures de services et des perturbations dans les programmes de vaccination et d'accès aux traitements essentiels. Les principales causes de décès évitables chez les enfants restent les complications néonatales, les infections respiratoires aiguës, le paludisme et la diarrhée. Les mortinaissances tardives sont souvent liées à des complications durant l'accouchement.
Les rapports soulignent l'importance d'améliorer l'accès à des soins de santé maternelle, néonatale et infantile de qualité, notamment par la prévention, les consultations médicales, les soins prénatals et postnatals, la vaccination et les programmes nutritionnels. Les disparités géographiques et socio-économiques jouent un rôle crucial, avec un risque de décès infantile 80 fois plus élevé dans les pays à faible revenu. L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud sont particulièrement touchées, et les enfants les plus pauvres, vivant en zone rurale ou issus de mères peu instruites, sont les plus vulnérables.
Les membres du Groupe inter-organisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile appellent les gouvernements, les donateurs et les partenaires à protéger les acquis et à intensifier leurs efforts en matière d'investissements, d'intégration des services et d'innovation pour améliorer la santé des enfants et des femmes enceintes.
Sénégal, pays exemplaire en matière de réduction de la mortalité infantile
À l’image de pays comme l'Inde, le Népal ou le Ghana, le Sénégal a été cité en exemple. Selon les rapports, le Sénégal a enregistré l'une des plus fortes baisses de mortalité des moins de cinq ans au monde, avec une réduction de 70 % depuis 2000, tout en diminuant la mortalité néonatale de 41 % sur la même période. Le groupe des Nations Unies estime que cela reflète la priorité nationale accordée à la santé infantile.
« Le renforcement de la couverture sanitaire universelle, la gratuité des césariennes, l'élaboration d'une politique de fourniture d'équipements pour la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente, et l'intégration de la surveillance de la mortalité maternelle et infantile au Programme intégré de surveillance et de riposte aux maladies ont tous amélioré la qualité et l'accès aux soins de santé », notent les rapports.
Le Groupe des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile a noté que les efforts d'engagement communautaire, tels que la promotion de la demande de soins de santé reproductive et la mise en œuvre d'un plan de communication intégré sur la pneumonie, la diarrhée et la malnutrition, ont permis de sensibiliser davantage à la santé.
« Soutenu par une société civile dynamique et une politique de santé communautaire solide, le pays a intensifié ses interventions clés, notamment la surveillance et la réponse aux décès maternels et périnatals, les soins obstétricaux et néonatals d'urgence, la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et la promotion de l'allaitement maternel, autant de mesures qui ont contribué aux progrès », ajoutent les rapports.
Grâce à des programmes de vaccination élargis, à une gestion intégrée des maladies infantiles et à des services de proximité renforcés, réduisant encore davantage la mortalité, le groupe des Nations Unies estime que le Sénégal a établi une référence en matière d’amélioration de la survie des enfants.
Mortalités infanto-juvéniles au Sénégal : Les chiffres du RGPH-5
Le rapport provisoire sur la mortalité a été publié en juin 2024, suite au 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5, 2023). Il définit la mortalité infantile comme la mortalité des enfants âgés de moins de 1 an, c’est-à-dire ceux qui décèdent avant d’atteindre leur premier anniversaire. Ce phénomène est mesuré à l’aide des quotients de mortalité infantile, qui mesurent la probabilité de décéder avant d'atteindre le premier anniversaire.
Le rapport provisoire montre qu’au Sénégal, le risque pour un enfant de décéder avant son premier anniversaire est de 48,3‰. Il varie selon le sexe, le milieu et la région de résidence. En effet, la mortalité infantile est plus élevée chez les garçons (49,7‰) que chez les filles (46,9‰). En outre, elle est plus élevée dans le milieu rural (52,7‰) qu’en zone urbaine (44,1‰). De plus, les décès infantiles restent élevés dans les régions de Ziguinchor, Kolda, Sédhiou et Kédougou. À l’opposé, ils sont relativement plus faibles dans les régions de Fatick, Dakar et Thiès.
Le risque pour un enfant de décéder entre le premier et le quatrième anniversaire est estimé à 18,3‰. Il varie selon le sexe, le milieu et la région de résidence. Ainsi, la mortalité juvénile est légèrement plus élevée chez les filles (19,8‰) que chez les garçons (17,0‰). En plus, le risque de décéder entre 1 et 4 ans est plus élevé en milieu rural (21,2‰) qu’en milieu urbain (15,7‰).
À l’échelle régionale, il est plus élevé dans les régions de Kolda, Sédhiou, Ziguinchor et Kédougou, alors que les niveaux les plus faibles sont observés dans les régions de Dakar, Thiès et Diourbel.
Concernant la mortalité infanto-juvénile (décès survenus avant le cinquième anniversaire), le risque est estimé à 65,8‰. La mortalité infanto-juvénile ne varie presque pas selon le sexe (respectivement 65,8‰ pour les garçons et les filles). Toutefois, des disparités d’ampleur plus importante sont notées selon le milieu et la région de résidence. En effet, elle est de 72,8‰ en milieu rural contre 59,2‰ pour le milieu urbain. Par ailleurs, l’analyse par région met en évidence des niveaux de mortalité infanto-juvénile plus importants dans les régions de Sédhiou, Ziguinchor et Kolda, avec plus de 100 décès pour 1 000 enfants.
F. Bakary Camara