Cours suspendus, clash entre l'administration et des profs
Une journée sans cours, hier, au lycée John Fidgerald Kennedy. A l'origine, des professeurs dénonçant une tentative d’intimidation de la part de l’administration à travers le redéploiement de trois de leurs collègues.
Un après-midi houleux au lycée John Fidgerald Kennedy de Dakar, hier. L’établissement est secoué, ces derniers jours, par un conflit opposant une frange des professeurs à l’administration de l'établissement. Hier, la situation s’est plus qu’aggravée, les profs ayant décrété une journée sans cours. Dans la cour de l’institution, les élèves, par petits groupes, étaient assises ça et là et devisaient sur le clash en cause. Mais elles ont préféré murmurer entre elles. ''Je ne sais pas réellement ce qui se passe. Nous étions venues pour faire cours. Comme il y a grève, nous attendons pour voir'', a confié une élève.
Réunion du Comité de gestion perturbée par les potaches
Après la conférence de presse, samedi, du Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems) pour dénoncer ce qui se passe au lycée, le conseil de gestion de l’établissement a voulu apporter sa réponse à travers un point de presse. Mais l'administration a été surprise par une foule de potaches qui a envahi la salle de réunion. Ces élèves perturbateurs se disent être contre le redéploiement, par l'administration, de trois de leurs professeurs, M. Ndiaye, Mme Ndèye Absa Ba Sarr et Chérif. ''Nous sommes contre le redéploiement de nos professeurs. Je suis en série S et c’est notre professeur de PC qui doit être muté. Nous ne sommes pas d’accord'', a soufflé une fille.
Face à la furie des dites élèves et du comité de lutte contre la mutation des professeurs, le conseil de gestion a dû quitter la salle. Mais, dehors, les échanges étaient houleux entre collègues, qui ont même failli en venir aux mains. ''Go, tu n’as rien à dire, bandes d’escrocs que vous êtes !’’, a jeté un enseignant. Il a fallu l’intervention de certains pour éviter l’accrochage entre les deux protagonistes. ''Vous avez vu, la réaction des élèves est sans appel. Comment un comité de gestion qui n’a pas été élu dans les règles de l’art, parce que nous soupçonnons de gros cafards en dessous, peut-il tenir un point de presse ?'', a dit le président du comité de lutte contre la mutation des professeurs, Mamour Sow.
Selon M. Diakhaté, professeur d’anglais au dit lycée et membre du comité de gestion, les profs en question doivent être mutés de l’établissement parce que n’ayant pas voulu travailler depuis le début de l’année. ''On leur a remis leur emploi du temps, ils ont refusé de le prendre alors que des élèves sont là depuis le début de l’année, ils n’ont pas de professeurs. Depuis qu'on leur a signifié leur départ du lycée, ils ont tenu un point de presse où ils ont raconté des contrevérités. C’est un mensonge de A à Z. Nous, nous tenons à rétablir la vérité et ils ont fait en sorte que cette réunion ne se tienne pas'', a déploré M. Diakhaté. ''S’il y a des contrevérités, ce sont eux qui racontent des contrevérités. Cette conférence de presse n’est pas de l’administration. Vous n’avez vu ni le proviseur ni le censeur encore moins l’intendant. Au contraire, c’est une bande de copains, un groupe d’individus, un groupe de professeurs qui manigancent’’, a répliqué Ibrahima Diouf, professeur d’histoire et de géographie.
‘’Nous voyons cette tentative de mutation comme une manière de museler le Cusems, parce que ceux qui sont là sont des responsables syndicaux. Mais cette tentative ne passera pas, parce que les professeurs sont tous debout'', a-t-il ajouté. Par ailleurs, l’Inspecteur d’académie (IA) de Dakar, Baba Housseynou Ly, est cité dans cette situation confuse qui prévaut au Lycée Kennedy. D’après Mamour Sow, la mutation des professeurs ''est une cabale montée par l’Inspecteur d’Académie qui n’a pas digéré le fait que Mme Djigo, qui était sa parente, a été relevée d'ici''.
Le Censeur pas intérim contesté
En plus du conflit sur la mutation de trois professeurs, l’atmosphère du lycée est polluée par un problème de censeur. A en croire Amadou Bousso, suite à l’affectation du censeur du lycée, il y avait une liste de quatre prétendantes dont Ndèye Absa Ba Sarr. Après le désistement des trois candidates, a poursuivi M. Bousso, il ne restait que cette dernière pour le poste de censeur. ''Il se trouve que Ndèye Absa Ba Sarr ne plaît pas à tout le monde. Elle ne plaît pas à Ousseynou Baba Ly, elle ne plaît pas au Censeur qui est là. Ils ont fait leur manigance'', a dit M. Bousso. ''Le censeur qui est là, on ne la reconnaît pas. Elle n’est pas notre censeur'', a confirmé M. Sow. Selon ses collègues et lui, il n’y aura plus de cours au lycée Kennedy tant que cette situation n’est pas réglée.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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