La voix communautaire réclame écoute
La radio communautaire ne devra pas compter, pour se faire entendre, sur la Journée mondiale de la radio célébrée mercredi, presque dans la quasi-discrétion. Car, quoique assurant une mission de service public, la radio communautaire souffre d'une des décideurs.
Instaurée par les Nations Unies, pour être célébrée le 13 février de chaque année, la Journée mondiale de la radio a pour les voix communautaires la saveur d'une prêche dans le désert. Car au Sénégal, où cette date est passée comme un blanc dans une édition audio, ce secteur ondule dans le marasme comme le déplore l’Union des radios associatives et communautaires (Urac). Elle s'en est plaint dans un communiqué signé de son Président, Talla Dieng, qui a cité parmi les problèmes récurrents la non conformité du cahier de charges desdites radios à leurs besoins.
''Le cahier de charges des radios communautaires au Sénégal en l’état actuel ne prend pas en compte leur évolution dans le temps et les changements de besoins que ce dernier implique. Nous souffrons, par exemple, de nombreux interdits sans que l’État n’ait à nous offrir contrepartie. Ce qui, dans l’environnement compétitif actuel des médias, nous désert grandement'', dénonce le président de l’Urac.
Celle-ci demande donc la révision dudit cahier de charges qui, selon Talla Dieng, a été remis depuis 3 ans à la tutelle, aujourd'hui dénommée ministère de la Communication, des Télécommunication et de l’Économie numérique. ''On nous avait dit que la révision de notre cahier de charges prendrait effet avec le décret d’application du nouveau code de la presse, mais ce n’est encore pas le cas'', explique-t-il.
En outre, il est question du besoin de hausse du fonds d’aide des radios communautaires, de même que de la prise en compte des spécificités de ce secteur dans toute discussion sur le Code de la presse et le passage au numérique. ''L’année dernière, l’Urac s’est vu verser une aide d’un montant global de 110 millions de nos francs. Or elle comptait 63 membres et elle en compte cette année 7 de plus. Si on fait le calcul, cela reviendrait à environ 1 ou 2 millions par radio et par an… Cela est, bien sûr, très insuffisant pour permettre à ces radios de subsister'', relève Talla Dieng interrogé par EnQuête. Il a déploré les temps de vache maigre vécus par ces organes qui rempliraient pourtant une ''véritable mission de service public à l’intérieur du pays''.
L'Urac revendique aussi une plus grande implication de la radio communautaire dans la communication gouvernementale. ''Les politiques du gouvernement sont appliquées à des populations qui ne trouvent rien à y redire par manque d’information mais aussi par désinformation, parce que les contenus ne leurs sont pas donnés dans notre langue. C’est ce rôle de relais, visant à combler cette faille, que nous voudrions que l’État nous donne la possibilité d’endosser'', indique M. Dieng.
Sophiane BENGELOUN
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