‘’On ne peut plus se contenter seulement de faire de la diplomatie culturelle’’
Le 3e cycle du séminaire sur les politiques culturelles du Sénégal, initié par le musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) bat son plein. Le directeur dudit musée, Malick Ndiaye, revient, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, sur les sujets qui seront débattus tout au long de ce conclave.
Quelles sont les thématiques retenues, cette année, dans le cadre du séminaire sur les politiques culturelles ?
Cette année, le séminaire des politiques culturelles s’organise en deux volets. Le premier va concerner le patrimoine et le second les arts. Pour le premier volet axé sur le patrimoine, on a ouvert avec une conférence inaugurale donnée par le directeur du Patrimoine culturel qui avait eu un répondant, en l’occurrence Mme Guiomar Alonso Cano de l’Unesco Breda, sur l’état des lieux, les acquis, les chantiers et les défis pour les politiques du patrimoine culturel au Sénégal. Après cette conférence, nous allons avoir quatre autres thèmes axés sur le patrimoine architectural, le tourisme culturel, les mythes et croyances populaires et, enfin, sur la lutte sénégalaise qui est entre le sportif et le culturel.
Voilà pour le premier axe où on aura l’expertise d’architectes, des professionnels des monuments historiques, des chercheurs qui travaillent sur les questions liées à l’imaginaire et comment cet imaginaire va à la rencontre du patrimoine immatériel et également les professionnels du secteur du tourisme culturel et pour voir, aujourd’hui, quelles sont les nouvelles stratégies qui drainent les masses. Parce que les touristes ne vont plus se bronzer seulement, mais vont également, à 80 %, s’intéresser à notre patrimoine culturel. Dans tous les cas, à apprendre quelque chose dans le pays qu’ils vont visiter. D’où l’importance de mettre en exergue la lutte. Un sport de chez nous qui prend de l’ampleur, qui évolue, qui se transforme et se modifie.
Qu’en est-il des sujets du second volet ?
Le second axe va concerner d’autres secteurs de la culture différents de ceux du patrimoine historique classé. On va essayer de voir la place des industries créatives, mais surtout le numérique dans les produits culturels. Cette année, on va étudier la question de la diplomatie sénégalaise qui a une vieille histoire. Aujourd’hui, cette disponibilité a évolué. Nous savons que nous sommes plus dans la diplomatie de représentation, mais nous avions eu au Sénégal une tradition de diplomatie culturelle. Où en est cette dernière ? Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter seulement de faire de la diplomatie culturelle pour la diplomatie culturelle. Elle est en phase avec un autre type de diplomatie qu’on appelle ‘’diplomatie économique’’. Comment cette diplomatie culturelle et cette diplomatie économique peuvent être dans une synergie ? Et là, on va inviter d’anciens ambassadeurs et quelques professionnels de ce secteur qui sont en exercice.
Nous aurons également la question des médias et du journalisme culturel. Vous savez, le secteur que vous occupez est un secteur très important pour la médiatisation et la transmission des connaissances et du fonctionnement même du secteur culturel. Comment ce secteur évolue, comment il se comporte, quels sont les atouts, les points faibles et les politiques qui peuvent être développées afin de mieux soutenir la politique culturelle ? Il faudrait également que nous parvenions à trouver des voies et moyens pour permettre à ce secteur d’être florissant, de se développer.
On parle aussi d’un forum sur l’édition…
Oui, oui, il y a une autre table ronde qui est prévue pour l’édition au Sénégal. On va étudier ‘’De la production à la circulation du livre’’. Pour cette conférence, nous avons prévu d’inviter des éditeurs, des personnes qui sont au ministère de la Culture et qui s’occupent de cette problématique et, également, inviter des écrivains pour voir comment l’industrie du livre et les traditions peuvent se développer et comment les appuyer.
Outre les industries culturelles, la diplomatie culturelle, le multimédia, le journalisme culturel, l’édition au Sénégal, nous avons prévu de réfléchir, cette année, sur quel modèle de centre culturel pour le Sénégal. Comment ils fonctionnent, sont-ils des espaces de dialogue entre plusieurs cultures du monde ? Il faut faire en sorte que le modèle soit réfléchi, repensé afin de pouvoir faire de ces centres de vrais catalyseurs, de vrais socles et de véritables outils de la diplomatie et de la politique culturelle de manière générale.
Qu’est-ce qui a motivé le choix de ces thématiques ?
Les choix des thématiques sont motivés par plusieurs raisons. Il y a une raison qui est liée tout simplement au fil des sujets que nous explorons. Il y a des sujets que nous n’avons pas eu le temps d’explorer l’année dernière. Par exemple, l’architecture, le patrimoine. On s’était juste concentré sur les filières artistiques. J’ai eu personnellement plusieurs retours de personnes qui m’ont dit : ‘’Vous oubliez que la politique culturelle, c’est le domaine des arts, c’est également le domaine du patrimoine.’’ C’est ce qui a fait que le champ a été de plus en plus ouvert.
Il y a d’autres raisons qui sont liées à l’observation que nous avons personnellement des différents secteurs. C'est-à-dire que le séminaire et même la science de manière générale se doivent d’observer l’évolution de la société afin de pouvoir, à un moment donné dans un secteur ou dans un autre, apporter des éclairages, essayer de soulever des questions pour pouvoir faire de telle sorte que la société comprenne mieux ce qu’elle a en face d’elle. Ici, nous observons l’évolution sur la question de la lutte, la diplomatie. Avec cette diplomatie, il y a beaucoup de pays qui construisent. Si je prends l’exemple de la Chine, avec le Musée des civilisations noires, le Grand Théâtre, entre autres. La Chine n’est pas seulement culturelle de ce point de vue bien que culturelle, c’est économique.
BIGUE BOB