Publié le 9 Jun 2022 - 21:54
MANIFESTATION CONTRE LA DÉCISION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Yewwi Askan Wi se radicalise

 

Suite à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider la liste nationale des titulaires de Yewwi Askan Wi pour les législatives à venir, la coalition Yewwi Askan, qui s’est désormais alliée avec Wallu, a tenu, hier, un rassemblement à la place de la Nation. La manifestation a été moins forte que prévu. N’empêche qu’Ousmane Sonko et Cie ont promis de les perpétuer, jusqu’à ce que Macky quitte le pouvoir.

 

La tension était palpable, depuis l’appel à la mobilisation de Yewwi Askan Wi. Hier, les Sénégalais, notamment les riverains de la place de la Nation, ont poussé ouf de soulagement. Puisque, les heurtes redoutés n’ont pas eu lieu.  Même si, à en croire, le président du parti And Dollel Sénégal/ parti du changement, membre de Yewwi Askan Wi, ils étaient prêts à en découdre. ‘’Le préfet de Dakar a tout gâché, car, il a sauvé Macky Sall. Il aurait dû ne pas autoriser la manifestation. Beaucoup avaient prévu d’aller directement au Palais, si elle n’était pas autorisée, pour déloger Macky Sall, le traître, le sournois, le comploteur, le parrain des voleurs’’, a-t-il lancé, devant une foule compacte. Elle était cosmopolite, avec une grande dominance pour la jeunesse. On se serait cru au milieu d’une fan zone, à l’occasion d’une finale de la Can.  Car, déployant le drapeau national, hommes et femmes ont envahi les lieux, bien avant l’heure (15h). Siffles, chants de  ‘’navétanes’’, étaient au rendez-vous.

Devant cette mobilisation qu’ils considèrent comme exceptionnelle - des sources sécuritaires tempèrent et déclarent qu’au bas mot, il y avait 6000 personnes ; donc, rien d’exceptionnel pour elles -, les responsables de Yewwi Askan Wi et de Wallu ont soutenu que c'est le début de la véritable bataille entre l’opposition et la coalition au pouvoir. ‘’Le combat commence véritablement aujourd’hui et il ne s’arrêtera qu’en 2024. Nous allons faire face à Macky Sall’’, a, ainsi, lancé Assane Fall du Pastef. ‘’Nous ne nous battons pas pour nous-mêmes, mais, pour vous’’, a-t-il ajouté.

Prenant la parole, Habib Sy s’est appesanti sur la question de la liste de Yewwi Askan Wi pour les élections législatives. ‘’Le président Sall croit que s’il bloque la liste, cela lui permettra de perdurer au pouvoir.  Macky Sall a un problème de cerveau’’, a-t-il martelé. Avant de dénoncer le fait qu’il se soit rendu auprès de Poutine pour dire que les Africains dépendent des importations du blé ukrainien et russe.

Bien plus tard, lorsque la prise de parole de Ousmane Sonko a été annoncée, tout le public s’est mis debout, hurlant de joie, pendant plusieurs minutes. ‘’Ceci est un message pour Macky, firaouna (pharaon). En voyant cette mobilisation, il doit comprendre qu’il n’est Dieu’’, a de go lancé le leader de Pastef. Qui a chargé les différents responsables de la Coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Ces derniers avaient appelé à une contre-manifestation.  ‘’Les membres de la coalition BBY disaient qu’ils allaient faire une contre-manifestation. Ils doivent rester tranquilles. Ils ne peuvent rien contre nous. Où sont-ils d’ailleurs ? Il n’y aura même pas un chant marron-beige dans la rue. Leurs reliques politiques telles que Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye ont sucé le sang du peuple. Ils ne vivent que de l’argent du peuple. Aujourd’hui, ils ne représentent aucun avenir, aucun espoir pour le pays. Ils doivent aller à la retraite’’, a raillé le leader de PAstef.

Aux yeux d’Ousmane Sonko, la paix ne peut être matérialisée que s’il y a une volonté commune des deux parties. Mais, d’après lui, Macky Sall n’est pas un homme de paix, comme il prétend l’être. ‘’C’est lui qui se cache derrière tous les insulteurs. Il les reçoit au Palais. Le Sénégal est en danger’’, a-t-il ajouté. Relevant que c’est sous le magistère de Macky Sall que l’on entend des propos éthnicistes, alors qu’il n’y rien de plus dangereux que cela. De ce fait, Sonko a rendu hommage aux anciens présidents du Sénégal.

‘’La mobilisation sera permanente’’

En effet, il note que ces derniers n’ont jamais empêché un candidat de se présenter aux élections. ‘’Pourquoi accepter que Macky Sall invalide la candidature des gens. Il l’a fait avec Khalifa Sall et Karim Wade. Il a voulu m'empoisonner moi aussi, mais, il n’y est pas arrivé. Il n’y arrivera jamais’’, a martelé le leader de Pastef. ‘’Soko laalé, soko laalé dina la laal’’ (Touche pas à Sonko)’’, s’est alors mis à scander les jeunes, avant de le laisser poursuivre son allocution : ‘’Il veut emprisonner Barthélémy Dias, pour reprendre la mairie de Dakar’’, a-t-il ajouté.

A cet effet, Ousmane Sonko annonce que, dorénavant, la mobilisation sera permanente, pour les seize mois à venir. ‘’On ne peut pas avoir un président pire que Macky Sall. Il va quitter son fauteuil. On n’accepte pas que les sept personnes du Conseil Constitutionnel brûlent ce pays. On leur demande de se ressaisir. Quand le peuple dit non, personne ne peut l’arrêter. Nous avons décidé d'unir nos forces (Wallu-Yewwi)’’, a indiqué Sonko. Avant de demander la libération de Cheikh Oumar Diagne. Qui, selon lui, n’est en prison que, parce qu’il combat l’homosexualité et les franc-maçons.

Si Sonko a eu un discours très dur, Barthélémy Dias a fait encore plus fort, avec un discours plus que radical. Vêtu d’un t-shirt bleu sous une veste grise assortie d’un jean bleu, il n’y est pas allé par quatre chemins. ‘’On participera aux élections par la force ou il n’y aura pas d’élections du tout. Qu’il ne veuille ou non, nos listes seront validées’’, a tonné le maire de Dakar aux lunettes noires qui n’a pas mâché ses mots. Au sujet du 3eme mandat, il a déclaré : ‘’Macky dit ‘ni oui, ni non. Nous disons que c’est non !’’ Poursuivant, M. Dias s’en est pris à l’actuel ministre de l’Intérieur. Il a indiqué que l’opposition n’acceptera pas que Antoine Félix Diome se charge de l’organisation des élections législatives à venir.  

Prenant la parole, le maire de la commune de Gueule tapée – Fass – Colobane, Cheikh Oumar Sy a donné raison à Barth. Lui aussi exige que l’on change de ministre de l’Intérieur. Il estime que ce poste doit être confié à une personne qui ne fait partie d’aucun parti politique. ‘’Aujourd’hui, nous avons un ministre de l’Intérieur qui travaille pour Benno Bokk Yaakar. C’est ça réellement le problème. Il faut qu’on pose le problème de la neutralité de la personne qui gère le ministère de l’Intérieur. Parce qu’on ne peut pas continuer à subir les choses’’, a-t-il pesté.

Cheikh Oumar Sy d’ajouter que la diplomatie est en train d’être utilisée contre l’opposition.  ‘’Même notre diplomatie travaille aujourd’hui contre YAW. Ce qu’a dit Habib Sy c’est vrai. Macky n’est pas seulement allé en Russie pour du blé. Parce qu’il n’est jamais aller dans un pays qui est contre la France. Il y est allé pour que les Russes ne viennent pas soutenir YAW. Parce qu’il a vu les Russes aller au Mali. Je ne dis pas que nous voulons le soutien des Russes. Mais, je dis simplement que nous ne sommes pas d’accord que la diplomatie sénégalaise soit utilisée pour combattre les leaders de YAW. C’est cela qui n’est pas normal’’, a fulminé Omar Sy.

Le maire a ainsi demandé au peuple de faire face à l’injustice. ‘’Partout dans le monde, il n’y a aucune armée ou police qui peut faire face à un peuple déterminé. Il y a des choses qui dépendent de nous, il y a des choses qui dépendent de vous. Ce qui dépend de nous, c’est qu’on travaille pour mettre en place quelque chose qui permette de gagner. Nous avons une coalition YAW-Wallu. Cette coalition va gagner. Maintenant, il y a quelque chose qui dépend de vous, c’est…’’. Là, il a été interrompu par la foule. ‘’Niguel laa niouy xaar’’ (nous n’attendons que les consignes), ont lancé plusieurs personnes en chœur.

‘’On veut nous empêcher de participer aux élections législatives. Nous allons y participer bye force’’, a poursuivi Cheikh Oumar Sy. D’après lui, le Conseil constitutionnel doit démissionner, estimant que ce que l’on attend de ce Conseil, c’est qu’il travaille pour la paix sociale. ‘’A chaque fois qu’il y a eu de la tension au Sénégal, c’est le Conseil constitutionnel qui est derrière. Il faut réformer ce Conseil constitutionnel’’, a-t-il dit.

YAW et Wallu, la dynamique d’ensemble

Autre responsable à avoir pris la parole : Aïda Mbodj. Elle a déclaré que YAW et Wallu forment un cocktail explosif contre le Président Sall. ‘’C’est ça qui fait peur à Macky Sall. Même s’il n’y avait aucune erreur sur les listes, il allait faire tout son possible pour les invalider. C’est un voleur. Je m’adresse à vous le peuple : vous êtes le dernier recours’’, a dit- soutenu. Une chose est sûre pour l’opposition : pas d’élection sans elle. C’est pourquoi, Khalifa Sall a promis une écrasante victoire, vu l’alliance de Wallu et de Yewwi.  ‘’Nous gagnerons, c’est sûr. S'il plaît à Dieu nous allons terrasser Macky Sall, sans aucun doute’’, dit-il. Ainsi, il s’est mis à expliquer, avec insistance, comment voter. ‘’Il ne faut surtout pas se tromper, le jour du vote’’, a-t-il ajouté.

Un journaliste de la TFM agressé

Hier, lors de la manifestation, un journaliste de la TFM a subi une agression, ce que le mandataire de YAW a vivement dénoncé.  Devant la foule, Déthié Fall a déclaré : ‘’Vous êtes trompés. Il ne faut jamais se tromper de combat. Parce qu’on nous a signalé un incident. On a empêché un journaliste de la TFM de faire son travail. Notre combat, c’est contre Macky Sall et le Conseil constitutionnel. Donc, je vous exhorte de magnifier tout le temps le travail  de la presse’’. Il a ainsi présenté ses excuses à la TFM et à toute la presse, aux noms des leaders de YAW et Wallu.

BABACAR SY SÈYE

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