Le duel entre M2M et Gemalto se poursuit de plus belle
On est loin de l'épilogue dans le mano a mano qui met en scène les entreprises M2M Groupe et Gemalto/Face Technologies qui sont en féroce compétition pour l'obtention de la concession relative à la production et la gestion des titres de transports routiers biométriques sécurisés, ainsi que la production et la pose de plaque d’immatriculation sécurisée au Sénégal.
Initialement attribuée au groupement Gemalto/Face Technologies, cette affaire de gros sous évaluée à 9,2 milliards de francs CFA est à nouveau dans les starting-blocks de la Direction centrale des Marchés publics (DCMP) qui devra revoir la procédure de passation et d’attribution de ce marché par le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Car, le recours introduit par M2M Groupe a conduit à l'annulation par l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) de la proposition d'attribution de la concession. L'ARMP a aussi ordonné la reprise de l'évaluation des offres financières. Ce qui relance le suspense après les interrogations et les suspicions des soumissionnaires recalés qui s’étonnaient que le groupement dirigé par Gemalto soit déclaré adjudicataire provisoire du marché.
Il se trouve en effet que dans son recours, le groupement M2M Groupe qui est monté au front de la contestation a essentiellement mis en exergue, entre autres griefs formulés aux membres de la Commission des litiges de l'ARMP, le fait que le groupement Gemalto/Face Technologies n'ait pas respecté le critère relatif à la production obligatoire d'échantillon de plaque d'immatriculation, comme requis par le dossier d'appel d'offres. M2M Groupe a aussi ajouté, dans sa défense, avoir proposé un taux de redevance dégressif de 25%, les deux premières années, 20% lors de la troisième année et 5% à partir de la quatrième année, tandis que Gemalto/Face Technologies n'a proposé qu'un taux uniforme de 16% sur toute la durée de la concession.
Or, les régulateurs de l'ARMP ont effectivement constaté que le ministère des transports terrestres, au lieu d'appliquer aux chiffres d'affaires de chaque année le taux de redevance proposé par M2M Groupe, a calculé une moyenne estimée à 10 5% pour la redevance, taux qu'elle a appliqué de manière uniforme sur toute la durée de la concession. C'est ainsi que l'ARMP demande au département dirigé par Mansour Elimane Kane de recalculer la redevance proposée par M2M Groupe en prenant en compte les taux dégressifs par an tels que proposés dans son offre.
D'autre part, Gemalto/Face Technologies ayant introduit dans son budget d'investissement un montant de 1,5 million d'euros équivalent à un stock de cartes et de plaques de la première année avant la mise en production, l'ARMP recommande que la même logique soit considérée dans l'investissement de M2M Groupe qui a quant à elle mis 2,7 millions d'euros. Il revient désormais à la Direction centrale des Marchés publics d’avoir un œil sur les recommandations de l’ARMP.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que M2M Groupe, qui fait valoir sa probité et ses prestations sous d’autres cieux, ne veut pas lâcher l’affaire devant Gemalto dont la réputation a sévèrement été écorchée par l’attaque des agences de renseignement (NSA et GCHQ) qui ont dérobé les clés de chiffrement sur ses cartes SIM. Une affaire à suivre.