Le Sénégal dédie son mandat à la cause africaine
Le Sénégal ne sera pas un spectateur au Conseil de sécurité des Nations unies durant les deux ans de son mandat. Il compte mener plusieurs initiatives en faveur du continent africain dont il se considère comme le porte-parole.
Le Sénégal exerce un mandat africain au Conseil de Sécurité des Nations unies. Il compte mettre en profit les deux ans durant lesquels il siègera au sein de cette instance de décision mondiale, pour défendre les intérêts du continent noir à travers des propositions concrètes. Parmi celles-ci, la question de l’eau sera une priorité. Selon le ministre des affaires étrangers et des Sénégalais de l’extérieur, notre pays a décidé de consacrer son mandat à l’Afrique en prenant en compte les questions qui le concerne.
Venu présider hier, les Matinales de géopolitique organisées par le Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS), Mankeur Ndiaye a magnifié la diplomatie sénégalaise. Sous le thème : ‘’le Sénégal, membre du Conseil de sécurité des Nations unies : enjeux et perspectives’’, le ministre révèle que notre pays va initier une nouvelle thématique intitulée : Eau, paix et sécurité. Selon lui, la question de l’eau doit être prise en charge car elle est capitale pour la stabilité mondiale. ‘’Nous voulons créer un nouveau concept appelé, hydro-diplomatie car l’eau peut être source de conflit ou une arme de guerre’’, a soutenu le ministre. Très satisfait de l’élection brillante du Sénégal au poste de membre non permanent, il estime que cela prouve que notre pays est petit par le territoire, mais grand sur le plan diplomatique. C’est pour cette raison qu’il compte prendre en charge les grandes questions internationales.
L’immobilisme dans la crise en Palestine, les conflits en Afrique et le maintien de la paix dans le monde sont entre autres problèmes déjà dans l’agenda du Sénégal. ‘’La question palestinienne a tendance à être reléguée au second rang. Concernant l’Afrique, 70% des problèmes inscrits dans le programme de l’Onu nous concernent. Donc nous pensons qu’il faut des réformes du Conseil de Sécurité. L’Afrique doit avoir deux membres permanents au Conseil avec un droit de véto. A défaut, qu’on supprime ce droit dont nous pensons d’ailleurs qu’il doit disparaître’’, a-t-il défendu.
Dans une salle remplie de diplomates, intellectuels et journalistes, tous les intervenants ont apprécié la diplomatie sénégalaise qui fait ‘’la fierté de tout un peuple’’. Selon l’Ambassadeur du Sénégal au Conseil de sécurité, Fodé Seck, le plébiscite de notre pays lors de l’élection rend encore la tâche plus difficile car il y a beaucoup d’attentes. ‘’Nous avons du pain sur la planche pour faire passer nos propositions, notamment la question de l’eau. Il y a trop de conservateurs au sein de l’organe. Il est divisé comme au temps de la guerre froide, depuis le conflit en Ukraine et en Syrie’’, a déclaré le diplomate.
‘’Réforme du Conseil de sécurité’’
La question qui est revenue presque dans toutes les interventions est celle relative à la réforme du Conseil. Le doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mamadou Badji, estime pour sa part que la paix et le développement doivent être les priorités du Sénégal. Comme ses prédécesseurs aussi, il pense que le droit de véto accordé aux cinq membres permanents pose problème aujourd’hui. ‘’Il faut envisager la réforme de cette instance. Revoir la problématique du droit de véto dans le sens de prendre en compte des problèmes africains. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, l’Afrique compte et comptera à l’avenir’’, a dit le juriste.
Organisateur de la rencontre, le CEDS est un organisme de recherche et d’enseignement post universitaire. Selon son directeur général, Babacar Socrate Diallo, il est le premier think thank de l’Afrique francophone au sud du Sahara en matière de relations internationales et stratégies.
ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)