Un restaurateur jugé devant la barre de la Chambre criminelle

Le tribunal de Dakar a connu une audience intense, hier, dans le cadre de l’affaire Akhdar, un restaurateur accusé d’homicide et de proxénétisme. L’accusé a fermement nié les charges retenues contre lui, tandis que les débats ont révélé des tensions personnelles et des accusations graves, notamment une altercation mortelle avec Amada, la victime.
Aly Akhdar, propriétaire d’un restaurant à Hann Marinas, est au cœur d’une affaire complexe. Amada, un ressortissant mauritanien venu au Sénégal pour affaires, aurait prêté 700 000 F CFA à l’accusé. Le dimanche matin, Amada se serait rendu au restaurant pour réclamer son dû, ce qui aurait déclenché une violente altercation. Selon les témoignages, cette dispute a conduit à la mort d’Amada.
L’affaire a été évoquée, hier, devant la barre de la chambre criminelle. Akhdar a présenté sa version des événements. Il a expliqué qu’Amada est venu au restaurant ce jour-là, visiblement énervé après un malentendu survenu la veille. Amada, dit-il, l’a accusé d’avoir laissé son épouse danser avec un client chinois contre de l’argent, ce qui a provoqué une dispute. ‘’Il m’a attrapé par le cou ; je me suis senti en danger. J’ai pris un bâton de billard pour me défendre, mais il me l’a arraché et m’a frappé. J’ai alors pris un pilon et j’ai répliqué’’, a-t-il déclaré.
Akhdar a également évoqué une fête organisée la veille, au cours de laquelle Amada lui a demandé le numéro d’une femme ; ce qu’il a refusé. Le samedi, poursuit-il, Amada est revenu énervé, il lui a alors remis l’argent en liquide. ‘’Je ne voulais pas de problèmes, mais les choses ont dégénéré le lendemain’’, a-t-il ajouté.
Outre l’homicide, Akhdar est accusé de proxénétisme. Des messages échangés avec un client français ont été présentés comme preuves. Dans l’un d’eux, Akhdar propose d’organiser une soirée privée avec des ‘’filles blanches’’ dans une maison avec piscine. Interrogé sur la nature de ces filles, il a répondu : ‘’Quelques-unes seulement sont des professionnelles du sexe.’’
Ces éléments ont renforcé les accusations de proxénétisme portées contre lui.
Maitre Clédor Ly, l’avocat de la famille d’Amada, a demandé une réparation financière de 900 000 000 F CFA, arguant que la victime était le seul soutien de ses trois enfants. ‘’Amada était un homme respecté qui subvenait aux besoins de sa famille. Sa mort a laissé un vide immense’’, a-t-il déclaré.
La partie civile a également insisté pour que les faits soient requalifiés en assassinat, estimant que les témoignages accablants justifient cette qualification.
Le parquet a requis 12 ans de réclusion criminelle pour Akhdar, estimant que les faits de proxénétisme sont avérés. Concernant l’homicide, le procureur a qualifié l’acte de meurtre, rejetant la thèse de la préméditation. ‘’Ce qu’il a fait avec ces dames, c’est du proxénétisme. Pour l’homicide, il s’agit d’un acte de violence qui a mal tourné’’, a déclaré le représentant du parquet.
Maitre Seydou Diagne, l’avocat de la défense, a plaidé pour un homicide involontaire, invoquant la provocation et l’insulte faite à l’épouse d’Akhdar. ‘’L’accusé a agi sous le coup de la colère, après des insultes graves. Il n’y avait aucune préméditation’’, a-t-il affirmé. La défense a également contesté les accusations de proxénétisme, soulignant que les messages présentés ne prouvaient pas une activité organisée de prostitution.
Le tribunal rendra sa décision le 15 avril 2025.
MAGUETTE NDAO