MEURTRE DU COMMANDANT DE LA BRIGADE DE GENDARMERIE DE KOUMPENTOUM
Un procès record
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Ce jeudi 25 juin 2020, la session de la chambre criminelle de Tambacounda a connu sa deuxième affaire. L'affaire inscrite au rôle d'audience de ce jour est celle du commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpentoum Tamsir Sané tué la nuit du 25 au 26 juillet 2019 lors du cambriolage du bureau de Poste de ladite localité. Les débats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit.
Le dispositif de sécurité, hier, est resté le même que celui du 1er jour de cette session de la chambre criminelle de Tambacounda où la police et la gendarmerie sont en alerte maximale. Il faut dire que le meurtre du commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpentoum Tamsir Sané, qui défraie la chronique depuis 2019 dans la région, a mobilisé beaucoup de monde. Mais, par respect des gestes barrières en cette période de covid-19 peu de gens ont été autorisés à assister à l'audience. Dans cette affaire, il y a 7 accusés qui tous ont plaidé non coupable.
Les présumés assaillants sont poursuivis pour les chefs d'association de malfaiteurs, tentative de vol en réunion avec usage de véhicule, effraction, port et usage d'armes et de violences ayant entraîné la mort et des blessures, vol en réunion avec effraction contre Idrissa Sow alias peulh bou rafet, Kékoroba Ba, Doudou Ba dit Demba Siréye, Moussa Diap et Sidi Diallo, recel de malfaiteurs contre Pathé Ba et détention illégale d'une arme à feu contre Khoureyssi Diallo. Pathé Ba et Khoureyssi Diallo ont bénéficié chacun d'une liberté provisoire, respectivement le 25 octobre 2019 et le 06 février 2020. A l'entame du procès, les parties se sont d'abord entretenues sur le statut des 3 gendarmes qui étaient au côté du commandant pendant le cambriolage. Ces derniers ont été tous victimes de blessures pendant l'opération. Dès lors, il fallait s'entendre sur le statut pour lequel ils seront appelés devant la barre. Sont-ils partie civile ou témoins ? Selon les avocats de la défense, si ces gendarmes sont reconnus comme témoins, ils doivent être isolés. Après un débat assez houleux, le juge a tranché et les 3 gendarmes ont été entendus comme partie civile.
Pendant l'audition des 3 gendarmes, il est ressorti que : lorsque le vigile de la Poste est entré dans la brigade en saignant, il a dit que des bandits avaient attaqué la Poste. Aussitôt, ils ont informé le Commandant de Brigade qui leur a demandé de prendre des armes et de monter dans la voiture. En cours de route, ils ont entendu un coup de feu, le 2eme coup de feu est intervenu et le commandant est descendu pour demander qui a tiré. C'est alors qu'un 3eme coup l’a atteint à la tête et il est tombé. En ce moment, ils ont voulu riposter, mais leurs armes n'ont pas marché. Le chauffeur a essayé de démarrer la voiture mais en vain. Et tous ont pris la fuite, pour aller chercher des renforts à la brigade et ont laissé là près du véhicule le corps sans vie du commandant. L'autopsie effectué par le docteur Abdou Majib Guéye de l'hôpital Aristide le Dantec a révélé "deux plaies traumatiques pénétrantes frontales et orbitaires gauche correspondant aux orifices d'entrée de 2 projectiles de tailles différentes, un fracas de crâne et une hémorragie interne de grande abondance" et a conclu à une "mort à la suite de coups et blessures par arme à feu".
Les avocats des accusés se sont appesantis sur la jeunesse et l'inexpérience des agents qui ont accompagné le commandant, la nuit du cambriolage. Les agents de la gendarmerie Serigne Sam Ngom, Mamadou Ba et Samba Dione ont tous moins de la trentaine et sont à leur 1er braquage. C'est d'ailleurs pourquoi, selon les avocats de la défense, ils ont fait beaucoup d'erreurs. Ils estiment même que rien ne dit que, par inadvertance, eux-mêmes n'ont pas tiré le coup fatal à leur commandant. Les avocats se sont aussi appuyés sur les tortures perpétrées par les gendarmes sur leurs clients. Selon eux, sans ces sévices, les accusés n'auraient jamais reconnu les faits. Donc, c'est sous la contrainte et la peur qu'ils ont porté certaines allégations. Idrissa Sow alias peulh bou rafet, présumé chef de la bande, a montré à la cour les traces d'une éventuelle maltraitance qu'il aurait subie.
Hier, au moment où nous mettions sous presses, à 1h 45mn, les avocats et le président de la chambre discutaient de l’opportunité de mener les plaidoiries ou de suspendre l’audience.
BOUBACAR AGNA CAMARA (TAMBACOUNDA)
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