Des ministres sous surveillance
Entre Benoît Sambou qui sauve sa tête parce que l'Apr a été assez malmenée, Malick Gakou qui survit pour que Moustapha Niasse ne soit pas effarouché après le sacrifice de Mata Sy Diallo, et Serigne Mbaye Thiam et Haydar El Ali qui devraient leur maintien à la nouvelle influence d'Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall a choisi la tempérance. En attendant le couperet en cas de performances médiocre.
Parce que le Président de la République, en tenant compte de certains équilibres politiques à l'intérieur du gouvernement, n'a pas osé leur couper la tête, plusieurs ministres sont désormais l'objet d'une étroite surveillance. Notamment de leurs performances dans les attributions qui sont désormais les leurs. S'il n'était pas un membre historique ou fondateur de l'Alliance pour la République, Benoît Sambou aurait difficilement survécu au remaniement du 29 octobre. Sans état d'âme, Macky Sall a grignoté sur le maigre quota de Benno Siggil Senegaal en liquidant Mata Sy Diallo et en mettant à sa place un rescapé des purges de lundi. Malick Gakou se voit en effet offrir une deuxième chance dans un ministère aussi compliqué que le Commerce autour duquel se joue une partie de la crédibilité du chef de l'Etat : la prise en charge de la vie quotidienne des Sénégalais à travers le jeu des prix des denrées de première nécessité sur le marché. L'ancien ministre des Sports est appelé ainsi à jouer moins sur une com' de tous les instants que sur une obligation de résultats pour espérer durer à ce poste.
Dans ce registre des «attentivement surveillés», figure également Youssou Ndour. Le très médiatique homme d'affaires a pu se rendre compte, avec cette primaire expérience, le fossé qui sépare le business culturel privé des affaires d'Etat. Ses pratiques d'homme d'affaires avisé et talentueux habitué à être le maître d'une expression artistique débridée, semblent avoir trouvé leurs limites face à la surdétermination d'acteurs culturels critiques et exigeants par rapport à la prise en charge des dossiers culturels publics (voir par ailleurs).
Avec Serigne Mbaye Thiam et Haydar El Ali, le chef de l'Etat a été aux prises avec deux protégés d'Ousmane Tanor Dieng, lequel joue à ses côtés un rôle diplomatique officieux jugé fondamentalement positif, en particulier sur l'axe Paris-Dakar. Les capacités de négociation du premier ont jusqu'ici plus ou moins neutralisé les velléités guerrières du syndicalisme universitaire, d'où leur usage souhaité dans l'espace scolaire où Ibrahima Sall a grillé son temps en palabres. Mais il se trouve moralement diminué par la perte du titre de porte-parole du gouvernement. Quant à l'activisme du second, il pourrait ne pas durer avec la montée en puissance des fronts d'opposition. En effet, de plus en plus de voix s'élèvent dans le ciel écolo pour douter des capacités de Haydar El Ali à donner au Sénégal une vision environnementale porteuse de développement, et donc de richesses. Sans oublier le supposé conflit d'intérêt qui existerait entre ses fonctions de ministre de tutelle et le fonctionnement de l'Océanium dont il est le propriétaire.
MOMAR DIENG
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