Du théâtre pour lutter contre l’excision
Dialika Sané est une journaliste de formation préoccupée par l’excision. Elle veut sensibiliser sur la question. Seulement, quand elle décide d’écrire sur la question, elle est tellement écœurée que ses mots sont durs. Elle a décidé de passer par le théâtre et a écrit ‘’Et la rose s’écroula’’. Un monologue qu’elle présentera ce 27 mars au Grand-théâtre.
Elle a eu la chance de ne pas avoir subi l’excision. Mais ce ne fut pas le cas pour toutes les femmes de son entourage, encore moins de son ethnie ‘’Diola’’. Même si cette pratique relève de la tradition chez les siens, Dialika Sané ne la connaissait pas du tout. Enfant, elle l’a découverte en lisant ‘’Rebelle’’ de Fatou Keïta. N’y étant pas préparée, cela l’a traumatisée, mais également contrariée. Depuis, elle mène une recherche sur la question afin d’en comprendre la raison. ‘’Depuis, je n’ai pas trouvé de réponses. Quand je demande, on me dit : on excise parce que c’est la tradition, parce que c’est comme ça’’, a-t-elle expliqué dans un entretien avec EnQuête.
Pas du tout satisfaite des réponses servies, elle repose ses questions de manière subtile à travers un texte engagé certes mais très poétique. Un texte qui raconte l’histoire d’une petite fille, Sally, à qui on a volé sa ‘’pétale de rose’’, d’où d’ailleurs le titre du monologue mis en scène par le comédien Pape Faye à cet effet. Dialika Sané va assurer le monologue et racontera elle-même l’histoire, le 27 mars, sur la scène du Grand-théâtre. Ce jour marque la journée internationale du théâtre. Même si elle n’est pas comédienne de formation, elle a pratiqué la scène à l’école et pour cette représentation, Pape Faye l’aide à entrer dans son personnage.
En outre, à travers la pièce qu’elle présentera, Dialika Sané souhaite trouver des réponses à ses questions, sensibiliser les populations sur l’excision. ‘’Au cours de mes recherches, je me suis entretenue avec de nombreuses femmes qui l’ont subie. Cela n’a pas été facile de leur tirer des confessions. J’ai pu noter leur traumatisme physique et psychologique’’, a-t-elle partagé. Parallèlement et ‘’paradoxalement, il y a une certaine fierté qu’elles ressentent. Car l’excision est pratiquée dans le cadre d’une initiation. On leur apprend à être fières de ce qu’elles viennent de subir.
Les jeunes filles grandissent avec l’idée que c’est quelque chose de bien, qui les ennoblit, les purifie et les honore’’, a-t-elle indiqué. Eu égard à cela et pour ne pas heurter certaines sensibilités, Dialika Sané a opté pour des métaphores. ‘’Je ne prononce pas le nom excision dans mon monologue. Je dis couronnement. L’exciseuse, je la nomme voleuse de pétales. Car pour la pensée collective, c’est par l’excision qu’on entre dans une maturité sociale et psychologique’’. C’est cela qui explique également le choix porté sur le quatrième art. ‘’Avec une pièce de théâtre, on fait passer le message avec plus de douceur que quand c’est dans un livre. Le théâtre a cette dimension poétique. Il y a de l’émotion. Il y a le regard qui permet au public de se reconnaître à travers l’acteur’’, est-elle d’avis.
BIGUE BOB