''Un duo avec Akon, si possible''
Artiste sénégalais vivant aux États-Unis, Mady Dieng alias Nubian Mady est très contesté par ses pairs au Sénégal. Déterminé et sa liberté en bandoulière, il a tenu malgré toutes les critiques à sortir son premier album. En vacances au Sénégal, cet adepte du dance hall, né le 12 juin 1980 à Dakar, s'est confié à EnQuête sur ses projets musicaux et amoureux.
Depuis quand vivez-vous au États-Unis ?
Je suis né au Sénégal où j'ai grandi et que j’ai quitté à l’âge de 15 ans pour aller aux États-Unis où je vis actuellement.
Vous jouez quel genre musical ?
Je fais plus précisément du dance hall.
Depuis quand faites-vous de la musique ?
Je travaillais d'abord en même temps. Et cela fait maintenant deux ans que je ne fais que de la musique. C’est en 2000 que j’ai commencé officiellement à faire de la musique. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me consacrer à ça. Avant, je titillais le micro, mais ce n'était pas trop sérieux. Mais depuis lors, j’ai fait beaucoup de titres ici (au Sénégal) tout comme aux États-Unis. J’ai fait des featurings avec Nix, Fata, Fafady, Duggy Tee et Alioune Mbaye Nder.
Vous avez fait quoi comme job ?
Un peu de tout. Quand j’arrivais aux États-Unis, j’avais 15 ans. J’y suis allé pour étudier mais j’ai commencé à faire le petit ''Modou-Modou''. Je vendais dans la rue des lunettes de soleil et des montres.
Avez-vous collaboré avec des artistes américains ?
Bien sûr, il y en a avec qui j’ai des duos. Mais ce ne sont pas des artistes bien connus. Ils sont dans l’underground américain.
Pourquoi pas avec des artistes d'origine sénégalaise vivant aux États-Unis comme Akon et Makhtar Le Kagoulard ?
Cela arrivera si possible. Je ne suis pas fermé sur le plan musical. Je ne dirai pas que j’y pense, je veux que cela vienne naturellement. Je ne veux pas faire de projet dans ce sens.
Vos featurings avec Fata et Nix étaient très mal vus par une frange des hip-hoppeurs. Cela ne vous a-t-il pas refroidi ?
Tout ce qu’on faisait Nix, Fata et moi, c’était par feeling. C’était aussi professionnel. On est des amis et on est artistes. C’était juste cela.
Vous avez été très critiqué à l’époque, or aujourd’hui, beaucoup sont sur vos traces et osent apporter du renouveau au hip-hop. Qu'en dites-vous ?
Je le savais depuis le début. C’est pourquoi, je n’ai jamais réagi aux critiques des gens. Je savais que c’était de la musique et je l’ai assumé ; je le fais toujours. Je savais que les gens finiraient par accepter en sachant que nous sommes des artistes et que nous sommes libres. En tant qu’artiste, on doit être ouvert et libre dans ses créations. Sinon, on n'est plus artiste. C’est bien que la jeune génération soit ouverte et sache qu’il est bien de renouveler.
Vous vous faites rare sur le marché sénégalais. Pas de single depuis longtemps. Quels sont vos projets actuels ?
Effectivement, ma dernière sortie remonte à 2010. J’avais fait un featuring avec Alioune Mbaye Nder. C’était pour montrer, une fois de plus, qu’un artiste doit être ouvert. Depuis lors, je travaillais pour la sortie de mon premier album international. J’ai beaucoup voyagé à travers l’Europe et l’Amérique, au cours de l’année 2011, pour la production de cet opus. Il est prêt. Je suis venu à Dakar pour faire ma première vidéo avec mon staff. Le choix de réaliser ma première vidéo à Dakar s’explique par une volonté de montrer notre africanité. La vidéo tourne actuellement d'ailleurs. Je dois retourner aux États-Unis et essayer d’élargir la promotion en passant la vidéo sur Mtv, Trace Tv et autres.
L’album sort quand ?
La sortie est prévue en mars, si tout se passe comme on le veut.
Comment se fera la promotion au Sénégal ?
J’ai une bonne équipe, ici, avec laquelle je travaille. Et cette équipe échange régulièrement avec mon équipe basée aux États-Unis. Le Sénégal est ma base, même si je vis aux États-Unis où j'ai commencé à faire de la musique. De fait, on me connaît mieux au Sénégal que là-bas. Mes vidéos passent mieux, ici. Donc, je ne peux pas rester là-bas et oublier ma terre natale.
Vous chantez dans quelle langue ?
Les titres sont en anglais.
Est-ce un bon choix pour un album qui s’adresse aux Sénégalais ?
Ici, tout le monde parle anglais qui est la première langue mondiale. Les Sénégalais aiment plus l’anglais que le français et même le wolof. En tant qu’artiste dancehall, je me sens mieux dans l’anglais. Et chanter en anglais m’ouvre aussi plus de perspectives d’écoute de ma musique à travers le monde, même si celle-ci vise d’abord le public sénégalais.
Qui a produit l’album ?
C’est Nubian Music Entertainment qui l’a fait en collaboration avec deux autres maisons de production américaines.
Combien de titres compte l’opus ?
Douze titres. Ce sont de nouveaux titres avec un style musical particulier, très professionnel et de haut niveau.
La plupart des artistes sénégalais vivant à l’étranger reviennent avec un projet de label de production dans leurs bagages. En avez-vous un ?
Oui, c’est la raison du montage du label Nubian Music Entertainment. Cela nous permettra d’élargir nos horizons. Mais avant de produire qui que ce soit, il faut d’abord avoir une production, être à un certain niveau, ensuite faire un coucou aux autres. Nous y pensons sérieusement.
Il y a de la tension au Sénégal liée à la présidentielle. Quel message lanceriez-vous aux politiciens ?
Mon message n’est pas seulement pour les politiciens. Il s’adresse aussi à la jeunesse et aux populations. Aux politiciens, je leur dis que ce pays ne leur appartient pas. Qu’ils sachent qu’un jour, ils devront partir et nous le laisser. Personne ne peut gérer le pays pour toujours. Que les opposants sachent qu’ils ne doivent pas pousser les jeunes à la violence. Leurs enfants n’assistent et ne prennent pas part aux scènes de violence. Ce sont les fils des pauvres qui périssent. On n’a pas encore vu, ici, malgré tous les décès, un enfant de politiciens mourir. La paix est plus importante que tout. Ils peuvent se battre mais qu’ils cherchent d’autres moyens. La jeunesse doit se battre mais dans la noblesse, on doit arrêter de tout casser et brûler. Le Sénégal est l’un des pays au monde où règne la paix ; ne perdons pas notre stabilité, c’est tout ce qu’on a et c’est notre point fort.
Vous êtes marié ?
Non, je ne suis pas marié.
Mais vous l’avez été. Un mariage qui aurait même duré une semaine avec le mannequin Bintou Sène ?
C’est ma vie privée. C’est personnel.
Cela a fait une semaine dit-on ?
Je ne veux pas en parler, vraiment. C’est du passé.
Nubian et les filles, vous en dites quoi ?
(Rire) J’ai une copine. C’est moi qui l’ai choisie et je l’aime. C’est ce qui est important.
Elle vit au Sénégal ou aux États-Unis ?
(Il hésite) Non, ça, je ne pourrais pas vous le dire.
A quand le mariage ?
J’attends le bon moment. Là, je suis pris par la sortie prochaine de mon album et tout ce qu'il y a autour. C’est un moment important de ma carrière. Je ne suis pas prêt pour me marier.
BIGUÉ BOB