Publié le 9 Feb 2013 - 10:05
MUTATIONS ET DÉFIS DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Le Pr. Ndoye sermonne ses collèges enseignants et professe un nouveau modèle pédagogique

 

 

C'est un cours magistral que le professeur Abdou Karim Ndoye a livré hier à l’Ucad, à l’occasion de l’ouverture du salon de l’enseignement supérieur. M. Ndoye a sermonné ses collègues enseignants et recommandé un nouveau modèle pédagogique, mieux approprié aux exigences du système LMD.

 

Le professeur Abdou Karim Ndoye, Directeur de l’enseignement et de la réforme de l’Ucad, n’a pas été tendre avec ses collègues enseignants. Il animait hier, lors de la cérémonie d’ouverture du salon de l’enseignement supérieur, de l’insertion professionnelle et de entrepreneuriat, une conférence sur le thème : ''L’enseignement supérieur au Sénégal : défis et mutations.'' Le professeur Ndoye, qui a passé en revue les défis auxquels fait face l’université sénégalaise en général et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) en particulier, n’a pas hésité à jeter un regard critique sur le fonctionnement des enseignements à l’Ucad et sur les enseignants eux-mêmes. Selon lui, ceux-ci ne s’interrogent plus sur leur manière d’enseigner.

 

''Il y a des collègues qui, pour aller au Cames (Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur), ne se soucient que de publier un certain nombre d’articles. Pour la pédagogie, il suffit simplement de recopier des livres ou des cours et venir les dicter dans les amphithéâtres'', a noté M. Ndoye. Il a, en outre, souligné qu’il existe toujours à l’université des étudiants qui se plaignent de cours mal préparés, d’évaluations injustes et d’une absence de contact réel entre le corps enseignant et les enseignés. ''Quels sont les professeurs qui s’interrogent sur leur discipline ? Quels sont les professeurs qui s’interrogent sur la manière d’établir une relation systématique entre enseignements et objectifs ? Quels sont les professeurs qui s’interrogent sur les méthodes pédagogiques ? Combien de collègues, à cause de ce qu’on appelle le ‘xarmat’ (travail au noir, NDLR) ont le temps de rencontrer les étudiants ?'', a interrogé le Directeur de l’enseignement et de la réforme de l’Ucad, aujourd’hui conseiller technique au ministère de l’Enseignement supérieur.

 

Pour régler de façon définitive ces impairs, Abdou Karim Ndoye trouve que les enseignants du supérieur doivent, à côté de leur professionnalisme de chercheurs, acquérir une réelle professionnalisme d’enseignants. ''Ils ne peuvent plus continuer à ne pas apprendre leur profession d’enseignant, alors qu’ils apprennent leur métier de chercheur. Aujourd’hui, nous sommes dans le monde de la multi compétences et donc il est logique que des enseignants, soucieux d’améliorer les résultats des étudiants, réfléchissent ou essaient de nouvelles méthodes d’enseignement'', a-t-il professé.

 

''Le binôme enseignement-recherche dépassé''

 

Par ailleurs, le professeur Abdou Karim Ndoye a, dans son exposé, relevé l’ensemble des mutations actuelles au niveau de l’Ucad. Lesquelles sont, d'après lui, la démocratisation, la massification, la complexification de l’enseignement, la diversité des besoins, la faiblesse des taux de réussite, la diversité des moyens et de l’accès à ces moyens, l’intégration des TIC, la réforme L-M-D (Licence-Master-Doctorat). ''Toutes ces mutations ont rendu l’accompagnement de l’enseignement nécessaire. L’université sénégalaise en général et l’université Cheikh Anta Diop en particulier oublient de modifier les concepts ainsi que les pratiques universitaires qui constituent l’essence même de cet échec, à savoir l’indépendance, l’honnêteté intellectuelle et la recherche désintéressée du savoir'', a-t-il expliqué. Pour lui, le modèle pédagogique traditionnel est devenu inadéquat, il ne peut plus répondre aux nouvelles missions de l’enseignement supérieur.

 

De l'avis du Pr. Ndoye, il est plus que nécessaire aujourd’hui de penser à l’amélioration du système pédagogique et de la qualité de l’enseignement, avec une formation d'un plus grand nombre de jeunes. ''Aujourd’hui, le binôme enseignement-recherche est largement dépassé. Il nous faut, de façon courageuse, penser à une troisième mission de l’université, celle de l’employabilité. Cela donne naissance à de nouvelles catégories d’étudiants, des rapports nouveaux avec les gouvernants, l’industrie et le grand public'', a-t-il indiqué.

 

 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

 

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