Quinze morts, 95 rescapés et des dizaines de disparus
Ils seraient près de 300 personnes à monter dans une embarcation de fortune à destination des côtes espagnoles. Après huit jours de navigation maritime, l’irréparable s’est produit lorsque la pirogue a été contrainte d’accoster en Mauritanie. L’embarcation s’est renversée lors du sauvetage. Un bilan macabre fait état de 15 morts, 95 rescapés et des dizaines de disparus.
Les communautés gambienne et sénégalaise de Nouakchott sont sous le choc. Une pirogue qui a quitté le lundi 15 juillet 2024 dans la nuit, selon les rescapés, a fait huit jours de navigation pour accoster sur les côtes mauritaniennes le lundi 22 juillet à 6 h.
Selon Ndiaga Ba, l’un des rescapés du naufrage, ‘’nous avons quitté les côtes gambiennes et sénégalaises en passant par le long des mangroves. Nous avons navigué pendant trois jours sans arrêt. L’un des deux moteurs est tombé en panne. Le second moteur a eu un problème de vitesse. Et comme le trajet restant était long, il fallait chercher à aller vers un pays plus proche. Nous avons fait demi-tour et on a compris que seule la Mauritanie était proche pour accoster et se sauver’’, a-t-il déclaré encore sous le choc.
‘’On est arrivé sur les côtes de Nouakchott, à côté de la marine qui nous a demandé de nous arrêter et d’éteindre le moteur. Nous avons obtempéré. Une corde servant à immobiliser une barque trouvée sur place a freiné notre pirogue. Les premiers secours ont emmené certaines femmes et les enfants. Une autre pirogue est venue à notre secours. C’est cette dernière qui a loupé sa manœuvre et a heurté la nôtre qui s’est renversée sur tout l’équipage et l’irréparable s’est produit’’, renchérit-il, tout ébahi par ce qui leur est arrivé.
‘’Beaucoup de personnes sont sous les eaux ou portées disparues. C’est horrible’’. Il fond en larmes.
L’apocalypse…
Selon toujours notre interlocuteur rescapé du naufrage et les témoins oculaires, la pirogue avait à son bord des Gambiens, des Sénégalais, des Ivoiriens, dont un rescapé et même des Maliens. Ils avancent le chiffre d’environ 280 candidats malheureux à bord de cette embarcation. Après le décompte, 15 personnes sont décédées, 53 rescapés sénégalais, dont six femmes et 42 autres rescapés gambiens, dont certains sont agonisants. Il y a eu également parmi les rescapés six enfants, dont deux Sénégalais avec leur maman. La maman des quatre autres enfants qui sont de nationalité gambienne est décédée. Leur papa est porté disparu. Ces enfants restent alors orphelins de leur père et de leur mère. Triste sort pour ces innocents dont le seul souci des parents était d’aller chercher une vie meilleure ailleurs, loin de l’Afrique.
Cette apocalypse remet au goût du jour la triste réalité des réseaux de passeurs et de trafic des personnes sur cette dangereuse route de l'Atlantique et de la Méditerranée. Ces passeurs et trafiquants, faut-il le souligner, bénéficient toujours de la protection de ceux-là censés les démanteler. Des complicités de tous bords se dressent pour leur intérêt au détriment de familles victimes et éplorées.
L’OIM au chevet des voyageurs
Informée de la situation, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’est mobilisée en collaboration avec la marine et la gendarmerie mauritaniennes pour secourir ces personnes migrantes. Elle a apporté de la nourriture, des couvertures, contribué au sauvetage des malades en donnant des médicaments à ceux qui sont internés à l’hôpital national de Nouakchott où ils sont traités.
La marine s’occupait dans leur camp des rescapés encore sous le choc. Un spectacle désolant, difficile à regarder s’était produit dans ce centre hospitalier où gisaient ces 15 corps inertes, sans vie. Ce n’est que tard dans la nuit qu’ils ont été inhumés par les responsables gambiens et sénégalais appuyés par leurs ambassades.
Ibou Badiane,
correspondant en Mauritanie