Publié le 3 Aug 2024 - 12:11
NDEYE BINTA DIONGUE, ESCRIMEUSE

‘’Je devais me débrouiller toute seule avec mes proches pour financer ma préparation’’

 

Après son élimination aux Jeux olympiques de Paris, l’escrimeuse Ndeye Binta Diongue revient sur ses performances et charge les dirigeants du sport en général et de l’escrime en particulier.

 

Vous avez été éliminée dès le premier tour par l’Egyptienne Aya Hussein. Qu’est-ce qui n’a pas marché selon vous ?

Il est toujours difficile en escrime de perdre sur un tel score (15-14), surtout après des années de préparation pour un seul match. Personnellement, je suis fière de ma performance et de ce que j'ai réalisé sur la piste. J'ai été patiente et j'ai réussi à revenir à chaque fois sur les touches que j'ai manquées. Malheureusement, une erreur m'a coûté cher, c'est frustrant et douloureux, mais c'est la dure réalité du sport. J'étais déçue, car ce match était à ma portée. Malgré tout, je suis très contente de mon escrime, car j'ai donné le meilleur de moi-même.  Aujourd'hui, je suis surtout fière de dire que j'ai fait plus de 22 ans d'escrime. Je suis la preuve que la préparation d'une athlète se fait sur le long terme pour espérer atteindre le haut niveau et surtout les Jeux olympiques. J'en profite pour remercier toutes les personnes qui ont toujours été là, depuis le début et qui ne m’ont jamais lâchée ; que je gagne ou que je perde… Mon maître d'arme et toute la team Levavasseur, ma famille, mes parents, tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de ce beau projet.

Souvent, il est question de la préparation de nos athlètes. Est-ce que vous avez eu l’accompagnement nécessaire de la part des autorités sportives, en particulier de celles en charge de votre discipline ?

Pour dire vrai, en tant qu'athlète de haut niveau ayant des ambitions, j'ai eu l'impression de ne pas avoir de valeur et que tous mes sacrifices et efforts ne valent rien. J'ai dû chercher des solutions par moi-même. Après Tokyo, j'espérais obtenir un soutien pour préparer Paris, mais apparemment, mes primes de Tokyo, pour certains, étaient largement suffisantes pour me débrouiller. J'ai dû m'autofinancer avec l'aide de mon entraîneur, de ma famille, de mes amis, des cagnottes et des donateurs bénévoles pour m'en sortir. Les autorités sont venues avec leur accompagnement, certes, mais bien plus tard, à 1 an des Jeux. Et les retards de versements m'ont contrainte à travailler à temps plein, contracter des dettes ; ce qui m’a causé de nombreux problèmes financiers et a perturbé ma préparation.

‘’Je n’ai jamais été aussi fatiguée de ma vie dans la recherche de moyens pour financer ma participation’’

Mais le plus dur a été le fait que, 4 mois avant les qualifications, je n'avais plus droit à un accompagnement, je devais me débrouiller toute seule et trouver des financements pour le reste de ma préparation. Avec mon entraîneur et tous mes proches, nous avons cherché une solution pour me qualifier et représenter dignement mon pays dans le plus grand rendez-vous sportif de la planète. Je n’ai jamais été autant fatiguée de ma vie dans la recherche de moyens pour financer ma participation. J'ai dû jongler entre mon travail et l'entraînement. Cela m’a causé un niveau de fatigue inimaginable, mais j'ai tout de même réussi à me qualifier et je n'imagine même pas ma vie en ce moment si je ne m'étais pas qualifiée.

J'ai essayé de m'adresser aux bonnes personnes ; j’ai écrit des courriels aux anciennes autorités qui étaient là. Cela s'est toujours terminé avec plusieurs mails sans réponse. On m'a dit que je suis une simple athlète et que je dois rester à ma place, que ce n'est pas moi qui changerai le système. On est allé jusqu'à me dire qu'ils ne parlent pas aux athlètes. J’ai eu l’impression à un moment que ce système est fait pour tout le monde, sauf les athlètes, qui n'ont même pas le droit à la parole. Je me suis plainte à tout le monde sans retour ni solutions. J'ai compris que j'étais seule et que j'étais blacklistée. J'ai fini par me résigner et espérer réussir.

Vous avez été le porte-étendard de l’escrime sénégalaise pendant plusieurs années. Est-il facile de pratiquer une telle discipline dans un pays comme le Sénégal ?  

Qu'on se dise la vérité. Il est impossible d'évoluer dans l'escrime en étant au Sénégal. C'est vraiment difficile et dur de représenter notre pays. Il faut vraiment aimer ce que l'on fait, être passionné, aimer son pays, avoir un mental de fer, beaucoup de courage, être capable de faire des sacrifices inimaginables pour défendre les couleurs de notre chère nation. Sinon, on abandonne facilement, et c'est l'erreur à ne surtout pas faire. Dans la vie il faut s'accrocher et tôt ou tard on réussira à réaliser son rêve, que l'on croit en nous ou pas. Depuis plus de 15 ans, nous avons la même équipe dirigeante et rien ne change. Il y a toujours et jusqu'à maintenant qu'une seule compétition internationale par an, et ce sont les championnats d'Afrique pris en charge par le ministère des Sports, en dehors des Jeux africains.    

Les difficultés de l’escrime sont nombreuses. Au-delà des exigences inhérentes au haut niveau, il faut savoir que l'escrime fait partie des sports qui coûtent cher. Mais le premier frein, à mon avis, ce sont nos dirigeants qui ne croient pas en nous et je suis désolée, ils n'ont aucune vision ni ambition. Le véritable problème est que entre un dirigeant qui n'a pas fait de sport de haut niveau et un athlète qui a des ambitions, qui est toujours sur le terrain à encaisser, à un moment donné ça éclate. Le manque de respect envers les athlètes pose véritablement problème. Ces derniers donnent tout, mais n'ont aucune reconnaissance, pas de statut ni de mise en valeur. Comme je le dis, le sport au Sénégal est fait pour tout le monde, sauf pour les sportifs sur le terrain. On souffre et on serre les dents, on n'a pas la parole et on est obligé de souffrir en silence, au risque de se faire éjecter. Tu gagnes, tu existes, tu perds, tu disparais, c'est la triste réalité, sans que l'on te donne les moyens de rester à un bon niveau.

 

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