‘’Une mort magnifique’’ (Ameth Guissé l’Harmattan Sénégal)
‘’Une mort magnifique’’ est le second roman de Ameth Guissé. L’auteur avait déjà publié chez le même éditeur (l’Harmattan Sénégal) ‘’Femmes dévouées, femmes aimantes’’ en 2011. Un roman bien accueilli par le public. Son deuxième œuvre dans laquelle se côtoient philosophie, morale et religion est un véritable chef d’œuvre.
Dans ‘’Une mort magnifique’’, l’auteur dépeint la vie d’un personnage nommé Sandiéry issu d’une condition sociale modeste, mais qui au prix de sacrifices énormes consentis par ses parents, au détriment de ses autres frères et sœurs, connaîtra une ascension sociale au terme d’une carrière universitaire bien remplie. Toutefois, le personnage principal, dans ce roman où se mêlent philosophie, morale et religion, va très vite renier sa famille pour vivre avec sa femme toubab, adoptant et mimant complètement un mode de vie à " l'occidental" jusqu'à se faire appeler parfois San Diéry.
Au cours d’un long sommeil et dans un songe, Sandiéry vit le film de sa mort, lui qui, dans sa recherche effrénée de pouvoir et d'argent, écrasait tout son monde, sacrifiait tout sur l’autel de ses ambitions et fantasmes, le tout sur fond de trahisons, lâchetés et méchancetés. Au bout de cette nuit effroyable et mouvementée, il revoit toutes ses lâchetés et autres trahisons, et à quel point les actes posés ici-bas nous poursuivent.
Parce que parvenu au sommet de la pyramide sociale, il avait oublié ses parents, sa famille, méprisant tout le monde, que même dans sa tombe sise dans le périmètre qu'il avait acheté pour y enterrer ses frères et sœurs, cousins et cousines, grosso modo tous ceux qui avaient le sang de la famille dans leurs vaisseaux, c'est-à-dire ses parents, à l’exception de sa mère Ngoné Fary et de son père Fara Demba, tous lui tournent le dos pour lui rappeler la distance qu’il avait établie entre eux, préférant cette vie occidentale et prêt à tout pour satisfaire ses lubies.
Dans ce profond sommeil, la sourate ‘’Les Calomniateurs’’ lui est révélée et il se réveille… troublé.
Dans la deuxième partie, Sandièry se retrouve comme ‘’messager’’ au service de Dieu pour avertir ses semblables sur le supplice de la solitude et du tribunal de la conscience, lorsque leur sera dévoilé le film de leur vie bâtie sur le luxe et le lucre sur fond de traîtrise, de reniements, de trahisons et de lâcheté. De la réussite de cette nouvelle mission dépend sa rédemption, tout de suite cet ego surdimensionné devient un ‘’nain’’ aux ordres de gens qui, dans un passé récent, se courbaient devant lui, essuyaient ses mauvaises humeurs, couraient dans tous les sens pour accéder à ses caprices et désidérata.
Lui, l’agnostique se voit subitement habité par la Lumière divine, ce qui le pousse à voir désormais dans les images de la nature des reflets de la création divine. Une nouvelle attitude qui intrigue sa femme Rabissatou Adelaïde qui a du mal à reconnaître son mari. Mais Sandièry, après avoir vu le film de sa vie et vécu la solitude de la rencontre avec son Créateur, se sent désormais investi d’une nouvelle responsabilité. Désormais, il est convaincu que ce qu’il a vu dans cette mort est un message, une nouvelle mission à lui confiée par son Créateur. Cette mission est celle de ‘’convertir les traîtres heureux qui peuplent le monde et qui font désespérer le Créateur de sa Création’’.
Subitement le personnage semble se transformer en ascète détaché des choses matérielles qu’il a tant aimées dans un passé récent. Mais cette nouvelle posture, Sandièry la vivra-t-il sans difficultés ? Rien n’est moins sûr, avec sa femme Rabissatou Adélaïde, aristocrate de naissance, qui est restée bourgeoise et qui exerce un réel ascendant sur lui. Et pourtant, Sénouba, cet érudit qui fut son gardien, qu’il est allé consulter après sa fameuse nuit a été très clair : ‘’Le message que vous avez reçu dans votre songe est une invite à trouver la voie du salut. Votre fidélité à son esprit et à sa lettre pourra vous ouvrir la voie qui mène vers Dieu. Le pervertir ou le trahir attisera la colère de ton Créateur. Qu’Il nous épargne de sa colère ‘’! lui avait-il dit.
Entre cette quête de rédemption et les pressions de sa femme occidentale, bourgeoise dans l’âme, Sandièry saura-t-il s’en tirer et parvenir à se racheter et accéder à la Rédemption ?