La mise au vert de l’OM : bonne ou mauvaise chose ?

Alors que l’OM se prépare à une longue mise au vert du côté de Rome pour cette fin de saison en Ligue 1, se pose la question de l’importance de ces drôles de retraites sportives.
On l’appelle mise au vert ou ritiro en Italie. Deux termes à la même signification, que Roberto De Zerbi a utilisé comme credo tout au long de ce week-end. Et pour cause. À quatre matchs de la fin de saison en Ligue 1, l’entraîneur de l’Olympique de Marseille a en effet décidé de mettre tout son groupe à l’écart, du côté de Rome, pendant près de trois semaines. Une habitude chez de nombreux techniciens italiens (Massimiliano Allegri notamment). Cela pour préparer au mieux le sprint vers une potentielle qualification en Ligue des champions. Alors, bonne ou mauvaise idée ? Mais surtout, qu’en pensent les joueurs ?
Il faut d’abord noter que le principe de mise au vert n’est spécifié dans aucun règlement relatif au football professionnel en France. Il s’agit avant tout d’un accord tacite passé entre staff, dirigeants et joueurs, dans le but de préparer au mieux certaines échéances importantes ou de servir de simple électrochoc. David Terrier, président de l’UNFP depuis octobre 2024 et ancien défenseur (Metz, Nice, West Ham ou encore Ajaccio) précise : « La seule législation à ne pas enfreindre, c’est qu’en théorie, les footballeurs sont des travailleurs lambda, soumis au régime des 35 heures. Entre les entraînements et les matchs, ils atteignent donc largement ce quota et les clubs doivent veiller à ne pas le dépasser. Or avec une mise au vert, on est clairement au-dessus. Il faut donc simplement s’assurer que les joueurs soient d’accord pour aller au vert et qu’il n’y ait pas de conflit avec leurs dirigeants. »
La problématique de ces mises au vert, au-delà du caractère pénible qu’elles peuvent avoir pour les joueurs (entraînements incessants, éloignement de la famille), va donc concerner le calendrier. En effet, dans un football moderne où l’enchaînement des matchs se fait tous les trois jours pour bon nombre de clubs, difficile d’y intégrer – en plus – ces mini-stages. Il faut ainsi que les joueurs s’allient autour d’un objectif commun – une qualification en Ligue des champions, par exemple – et s’arment de patience. « Les retours que l’on a eu de la part de certains joueurs marseillais concernant cette mise au vert sont positifs, ajoute Terrier. Les joueurs sont contents de la manière dont les dirigeants leur ont présenté l’initiative et ils ont décidé de faire front commun pendant ces trois ou quatre prochaines semaines pour aller chercher une place en C1. »
Créer un effet de groupe et concerner les joueurs
De la pédagogie de la part de Roberto De Zerbi, Pablo Longoria et Medhi Benatia donc, qui n’a pas forcément toujours été appliquée. À la fin du mois de mars, ce trio avait ainsi adopté le même projet, en envoyant dormir à la Commanderie l’ensemble de l’effectif, puni de la défaite subie à Reims (3-1). Quelque peu pris par surprise, les Marseillais n’avaient alors pas vraiment goûté la nouvelle, créant de grosses tensions avec leur coach. Cette fois, la leçon a visiblement été retenue. D’autant que pour l’OM, ce ritiro se fera loin de ses bases. Si le sud-est de la France avait un temps été envisagé, puis les Pays-Bas, c’est finalement à Rome que se déroulera la retraite. L’objectif est d’éloigner les Phocéens de tout élément parasite, de la pression du public et de créer une force de groupe.
La problématique sera dès lors d’anticiper l’échec. Car rester soudés ne garantit aucunement l’obtention des résultats escomptés, d’autant que l’OM doit encore jouer Brest, Lille et Rennes. Pour galvaniser au mieux les siens, De Zerbi s’est d’ailleurs offert un petit instant coach mental en conférence de presse : « Cela ne va pas changer leur vie, mais cela peut changer leur carrière. » Comme une manière de sceller un accord qui n’est finalement que du pile ou face.
Justement, ces mises au vert ont-elles vraiment un effet bénéfique sur les joueurs ? David Terrier : « Pour certains, cela fonctionne. Par exemple, les pères d’enfants en bas âge préfèrent se regrouper avec leur équipe à l’hôtel la veille de matchs importants. Pour éviter les désagréments qu’un bébé peut causer. Mais d’un autre côté, vous en avez aussi certains qui vont se plaindre. Se plaindre d’avoir à jouer tous les trois jours et en plus, d’être dirigé par un entraîneur amoureux des mises au vert. Ils se retrouvent à passer une nuit sur trois chez eux, ce qui n’est pas normal. Donc plus qu’une question de mise au vert, ce serait surtout une question de calendrier qu’il faudrait se poser. » Cette question, l’Olympique de Marseille ne se la posera qu’en se qualifiant pour la Ligue des champions, histoire de jouer tous les trois jours.
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