Le clash !
Le premier dialogue avait divisé en mille morceaux la coalition Yewwi Askan Wi. Le deuxième fait éclater le collectif des candidats dits spoliés au parrainage.
Rien ne va plus au sein du Collectif des candidats dits spoliés de leurs parrainages (c’est un groupe constitué essentiellement d’une quarantaine de candidats qui ont été recalés à cause du parrainage). Tout est parti d’une fuite relative à une audience que le président de la République Macky Sall doit accorder au collectif. Dans la foulée, Aminata Touré, une des initiatrices du collectif, monte au créneau et peste : ‘’Je ne suis en aucune manière intéressée par une rencontre avec Macky Sall qui m’a illégalement renvoyée de l’Assemblée nationale et fait annuler mes dizaines de milliers de parrains pour m’éliminer de l’élection présidentielle. Tout ce qu’il reste à faire à Macky Sall, c’est de respecter la date officielle de l’élection présidentielle du 25 février, d’organiser des élections libres et transparentes et de libérer les milliers de prisonniers politiques qui croupissent dans les prisons.’’
De l’avis de la candidate recalée, ‘’l’opposition devra s’unir pour battre son candidat Amadou Ba dès le premier tour et engager notre pays sur le chemin du changement véritable’’.
Cette sortie de l’ancienne Première ministre en a dérouté plus d’un. Comment, celle qui avait signé et défendu la lettre adressée au président de la République pour lui demander d’intervenir, peut-elle aujourd’hui tourner casaque et s’insurger contre la volonté du chef de l’État de les recevoir en audience ? C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments invoqués par ses camarades pour lui porter la réplique.
Candidat de Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dani riposte : ‘’Il faut que les gens arrêtent de vouloir jeter en pâture les gens. Notre objectif a toujours été d’œuvrer pour l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes, et de changer ce régime qui a fait souffrir les Sénégalais. S’il y a des caméléons, les Sénégalais les reconnaissent. Ils ne sont pas dupes.’’
Très en colère, Bougane est revenu sur la genèse de cette audience et le rôle déterminant que Mimi y a joué. ‘’Ce qui est clair depuis le départ, c’est que nous considérons que nos droits ont été bafoués. C’est pourquoi nous sommes allés devant la représentation de l’Union européenne. Nous avons eu à publier une lettre de protestation. Je tiens à préciser que ceux que vous voyez s’agiter ont signé cette lettre. Tous ceux qui essaient également de se démarquer de l’audience ont signé la lettre’’.
Bougane recadre Mimi
Bougane ne s’arrête pas en si bon chemin. À l’en croire, c’est même Aminata Touré qui en a été la principale initiatrice. ‘’Moi, j’ai découvert la lettre dans la salle. On me l’a présentée et je l’ai immédiatement signée. Parce que quand on est dans un groupe, il faut rester solidaire. Et dans cette lettre, nous demandions qu’on nous rencontre et qu’on nous remette dans nos droits. Maintenant, ma position personnelle est que si le président voulait réellement régler le problème, il aurait réagi avant la publication de la liste définitive. Pas maintenant. Si ça ne dépendait que de moi, on n’irait pas répondre. Mais encore une fois, c’est une dynamique de groupe’’, a-t-il insisté, non sans préciser qu’il n’a jamais été question de discuter de quelque report que ce soit. Et que lui ne souscrirait jamais à de telles négociations. ‘’Celle que vous voyez s’agiter, c’est elle qui est à l’initiative de cette lettre. Elle est en train de brandir des motifs personnels pour justifier sa non-participation à l’audience, alors que ce qui nous intéresse c’est le Sénégal… Macky Sall ne peut amener personne à soutenir un report du scrutin’’, tranche-t-il.
Membre du Collectif des candidats spoliés, Ousmane Sonko, lui, s’était très tôt démarqué des tractations. Dès la publication de la lettre adressée au président, il était monté au créneau pour se désolidariser. ‘’Sous réserve de l'authenticité de ce document (le document signé par les candidats recalés), le président Ousmane Sonko tient à démentir toute implication dans cette initiative, dont il n'a jamais été informé’’, se défendaient ses soutiens dans un communiqué. Pour le candidat de Sonko Président, ‘’le président Macky Sall ne dispose d'aucune prérogative, le Conseil constitutionnel étant seul maître du déroulement des opérations’’, soulignait-il non sans demander aux uns et aux autres de cesse d'associer son nom à des initiatives pour lesquelles il n'a ni été consulté encore moins consenti.
Pour leur part, les candidats Bougane Guèye Dani, Dr Abdourahmane Diouf et autres n’ont pas jugé utile d’être de la délégation devant rencontrer le chef de l’État, même s’ils n’ont pas émis de critiques contre l’audience.
MOR AMAR