Paris…de tous
Six ou sept attaques simultanées, selon les estimations, ont endeuillé, le vendredi 13 novembre 2015, Paris, la France, toutes les nations et tous les hommes épris de paix et de liberté. Elles se sont soldées par d’insoutenables carnages d’innocentes cibles, arrachées tragiquement des ambiances festives dans des restaurants, dans un concert au Bataclan ou qui vibraient à la magie du ballon lors du match amical entre la France et l’Allemagne. En dépit de quelques malheureuses et honteuses voix qui tentent de chercher quelque excuse ou qui veulent atténuer les justifiés réquisitoires contre la barbarie islamiste, réquisitoires émis de partout, les expéditions sanglantes à Paris resteront une insulte à la religion musulmane dont les nouveaux barbares et barbus du Daesh s’arrogent l’audace d’être les épigones.
Le visage de l’islam n’est pas cette boursoufflure ignoble ciselée dans la lâcheté et au fond la couardise, contre des cibles désarmées, abattues sans discernement par des prétendus défenseurs dont ne sait quelle religion musulmane dont nous savons qu’elle est tolérance, fraternité y compris envers même les croyants des autres religions.
Ce que les illuminés du Daesh veulent éradiquer sur la terre et de notre époque, c’est l’universel marche de l’esprit humain, son Progrès, sa civilisation. Et c’est pourquoi ils s’attaquent souvent à des écrits et à tous les symboles qui attestent de la bêtise de leur combat. Et là-dessus, c’est Victor Hugo dont l’avenue à lui dédiée se situe non loin des lieux de leur massacre qui leur répond dans un mémorable discours consacré au congrès international de la littérature : «Une armée de deux millions d’hommes passe, une Iliade reste ; Xercès a l’armée, l’épopée lui manque, Xercès s’évanouit. La Grèce est petite par le territoire et grande par Eschyle. Rome n’est qu’une ville ; mais par Tacite, Lucrèce, Virgile, Horace et Juvénal, cette ville emplit le monde. Si vous évoquez l’Espagne, Cervantes surgit ; si vous parlez de l’Italie, Dante se dresse ; si vous nommez l’Angleterre, Shakespeare apparaît. À de certains moments, la France se résume dans un génie, et le resplendissement de Paris se confond avec la clarté de Voltaire ». Comme quoi, l’esprit lucide qui célèbre la liberté et la lumière sera toujours au-dessus de l’arme de la folie qui promeut l’oppression et l’obscurantisme.
Chez nous, pour ceux qui y étaient allés de leurs propensions rhétoriciennes à chercher partout, n’importe où et n’importe comment la petite bête dissidente, pour aller à contrecourant de l’interdiction de la Burqa (voile intégral), la réponse sanglante et cinglante est venue de Paris pour redire le pari universel consistant à lutter contre les démences et les démons emmitouflés. Quand le Président Macky Sall marque sa désapprobation du port de la Burqa, il faut entrer dans l’intelligence de son propos : le port du voile intégral que certains néo-croisés de la charia qu’ils n’appliquent même dans leur famille, n’est pas opposable à notre culture vestimentaire traditionnelle qui n’est jamais entrée en contradiction avec l’islam. Ce que le Président Macky Sall désigne bien et sur lequel, fort heureusement il est en phase avec la plupart des grands chefs religieux (pas les marabouts médiatiques et médiatisés), c’est la Burqa transformée en arme de destruction massive, à cause des explosifs qu’elle dissimule pour commettre des horreurs. Appelons cela, sans peur du néologisme, la Bomb-qa.
Et puis, si l’on interroge notre histoire, musulmane celle-là, on se rendra compte que bien de vénérables épouses et filles de grands érudits de l’islam, ont vécu et connu notoriété, respect et renom par leur culture islamique et leurs comportements vertueux, sans pour autant avoir été emprisonnées dans des Burqa. La question sécuritaire reste donc aujourd’hui au cœur du défi de notre monde qui se doit aussi de proposer une autre alternative que celle du libéralisme froid et sauvage qui enfante des exclusions et des désespérances sociales et économiques criardes sur lesquelles les armées terroristes puisent leurs candidats aux suicides. Ce qui est survenu à Paris peut survenir partout et survient dans des pays à travers le monde. Il nous rappelle que c’est le pari de tous que de lutter contre tout ce qui affaisse les libertés au ‘’cachot du désespoir’’, pour dévaliser l’Aimé Césaire.
Soro Diop (journaliste)