Publié le 11 Apr 2022 - 16:56
PARTI SOCIALISTE

Acte de refondation

 

La naissance d’Iras et la sortie fracassante de ses initiateurs ont eu le don de sortir le Parti socialiste de sa torpeur et de convoquer, dans la foulée, un Bureau politique aux allures de ‘ndeup’’. Les socialistes se sont dit les vérités et envisagent une prochaine rencontre, en conclave, qui va permettre d’approfondir la réflexion et de poser les jalons de la refondation de la grande famille socialiste.

 

Après une longue pause de 27 mois due à la pandémie de la Covid-19, le Parti socialiste s’est, à nouveau, réuni, ce samedi, en Bureau politique. Une rencontre qui intervient dans un contexte où la direction du parti a été vivement interpellée par le think tank Initiative de réflexion et d’actions socialistes (Iras) porté récemment sur les fonts baptismaux. Refusant les étiquettes de ‘’mouvement’’ et de ‘’courant’’ au sein du Parti socialiste, Iras a dit avoir l’ambition de ‘’mettre en place une dynamique interne, pour remettre (le parti) sur les rails de la performance et continuer à construire ensemble une vision’’. Clairement, ses initiateurs ont indiqué ne plus vouloir que le PS soit ‘’un agneau à abattre gratuitement’’.

Cette sortie d’Iras a eu pour conséquence de faire bouger les lignes. Puisque la tenue du Bureau politique a donné lieu à des ‘’débats houleux’’ et enflammés, un véritable ‘’choc des idées’’, selon les confidences d’Abdoulaye Willane, porte-parole du PS. Il y a eu 80 orateurs qui ont chacun donné leur point de vue sur la marche du parti et son avenir.

Au sortir de cette rencontre, les socialistes ont retenu de mettre sur pied un comité de suivi qui va définir des TDR (termes de référence) qui vont servir de base de dialogue, lors d’un conclave prévu avant les élections législatives. Car, en l’état actuel de la vente des cartes, le PS ne peut pas aller en congrès avant cette échéance électorale.

Cette rencontre permettra aussi de jeter les bases de la réunification de la famille socialiste. Le porte-parole renseigne qu’elle est envisagée sans exclusion. Khalifa Sall et tous les autres qui sont partis sont concernés. Willane ajoute qu’elle pourrait s’étendre aux autres partis de gauche (URD, PIT, LD, And Jef…) avec lesquels ils ont un ‘’projet idéologique commun’’.

En attendant d’approfondir la réflexion sur la vie et l’avenir du PS, il souligne que les socialistes ne sont ni des ‘’souteneurs’’ ni des ‘’accompagnateurs’’ de l’APR ; qu’ils ‘’sont responsables dans l’élection et la réélection de Macky Sall’’.

A ce titre, poursuit-il, plus que quiconque, ils ont intérêt à ce que le président de la République ait une ‘’majorité confortable’’, à l’issue des élections législatives, pour faire face aux périls qui guettent le pays et prendre en charge la demande sociale.

Reprise en main du parti

En tout cas, la direction entend reprendre les choses en main. Et le premier chantier est de ‘’procéder à une analyse objective du scrutin de janvier dernier’’. Prenant la parole, la secrétaire générale, Aminata Mbengue Ndiaye, a rappelé à l’assistance la lettre circulaire n°4, du 3 mars 2022, par laquelle elle a demandé aux secrétaires généraux des coordinations de procéder à une analyse objective du scrutin. ‘’Au terme de cet exercice, il était attendu que les secrétaires généraux des coordinations fassent parvenir au Secrétariat national aux élections le fruit de leurs observations, ainsi que le tableau des résultats, en indiquant le niveau de représentation du parti, dans chaque collectivité territoriale de leur ressort et au sein des exécutifs locaux. Présentement, je peux dire que ce travail n’est pas encore achevé et que nous sommes loin du compte, car très peu de coordinations ont envoyé lesdits rapports’’, a-t-elle regretté.

Rappelant que l’exercice doit permettre à la commission électorale du Comité central ‘’d’évaluer (leur) participation, à tout point de vue, de procéder à une analyse fine des résultats, sous l’angle des performances et des échecs, d’en cerner les raisons et les causes, mais aussi de formuler des recommandations dans le cadre des perspectives’’.

Cela est d’autant plus nécessaire que, selon son mot, les élections législatives, prévues le 31 juillet 2022, arrivent ‘’après des élections territoriales fort complexes’’.

A propos des résultats du PS lors de ces consultations, Aminata Mbengue Ndiaye a d’abord fait cas des modalités de leur participation à ces Locales : ‘’La possibilité était ouverte d’envisager toute autre alternative crédible, en dehors de BBY, à l’exception de toute alliance avec l’opposition.’’ Pour cela, elle avait ‘’pris l’initiative, en accord avec le Secrétariat exécutif national, de déposer une double caution, au nom du Parti socialiste, afin de prendre en charge une préoccupation largement exprimée par les camarades responsables’’.

Locales : des résultats mitigés

Au sortir de ces élections, les résultats annoncés par Aminata Mbengue Ndiaye ne sont pas glorieux, même si, comme elle le rappelle, la coalition BBY est largement arrivée en tête, avec 1 800 000 voix, contre 700 000 pour l’opposition, sur un nombre total de suffrages exprimés de 3 174 700 et un taux de participation de près de 48 % des électeurs inscrits. Que ‘’BBY a remporté 430 communes sur 557 ; 38 conseils départementaux sur 46, en dépit des contreperformances enregistrées dans les villes de Dakar, Guédiawaye, Rufisque, Ziguinchor, Thiès et Kaolack’’.

Ainsi, renseigne la secrétaire générale, ‘’sur 56 communes ciblées, les listes du Parti socialiste en ont remporté 09 dont 03 ont été conduites par des têtes de listes membres de l’APR (Foundiougne, Méouane et Tambacounda) ; ‘’au titre de la coalition BBY, sur 27 camarades têtes de listes majoritaires, investis dans les communes, 16 camarades ont été élus maires’’ ; ‘’au titre de la coalition BBY, sur 02 camarades investis têtes de liste, les 02 ont été élus présidents de conseil départemental’’.

Ce faisant, elle n’a pas manqué de souligner la ‘’résilience aux épreuves politiques’’ du PS qui survit, malgré les prédictions des Cassandres qui avaient annoncé au parti, ‘’ à tort ou à raison, un sombre destin qui ne s’est pas réalisé’’. Devant ses camarades de parti, elle a tenu à rappeler sa détermination dans ‘’la poursuite des objectifs fondamentaux qui justifient (leur) existence, en tant que parti, c’est-à-dire la conquête et l’exercice du pouvoir’’. Un objectif qui requiert ‘’un mouvement d’ensemble harmonieux, une union des cœurs et des esprits, ainsi qu’un esprit de solidarité et de camaraderie’’.

GASTON COLY

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