Les vendeurs de moutons se frottent les mains
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Pas de moutons invendus, cette année, au foirail de Bouna Kane de la commune de Kolda. Les vendeurs de moutons se frottent les mains. L'’’opération Tabaski’’ a été lucrative.
Reportage
Autrefois grouillant de monde, le foirail du quartier Bouna Kane, sis à la commune de Kolda, est devenu un lieu fantôme. En dehors des tas d’immondices, des brindilles de paille, des sachets en plastique et d’autres récipients de restes d’aliments qui décorent le foirail, aucun mouton n’est visible. Ici, l’ambiance est terne. Les vendeurs de moutons, les automobilistes et d’autres commerçants ont déserté les lieux.
Dans un coin du foirail, un groupe de six ‘’téfanké’’ sirotent tranquillement du thé. C’est l’heure des comptes. Ces derniers, très satisfaits, disent avoir réussi, cette année, à vendre tous les béliers qu’ils avaient importés des autres régions du pays, contrairement à l’année dernière où des invendus avaient hanté leur sommeil.
‘’Nous avons vendu tous nos moutons. Vous voyez. Les lieux sont vides de mouton. Cette année, nous disons Dieu merci. Il n’y a pas eu de problèmes dans la vente des moutons. Il y avait de la clientèle, contrairement à l’année dernière où ce fut une grande perte pour nous. Le transport, les taxes et les frais d’aliments de bétail nous ont coûté cher’’, explique Foula Kanté, un des ‘’téfanké’’ qui a fait de plus dix ans au foirail de Bouna Kane.
Boya Sow, un vendeur qui avait 45 moutons à écouler, se réjouit d’avoir tout vendu. ‘’J’ai pu vendre tous mes moutons. Je viens du Fouta. J’ai eu un bénéfice qui me permettra d’aller acheter d’autres moutons et les revendre’’. Le même sourire anime Samba Ka qui vient du Sinthiou Malème, dans la région de Tambacounda. Cette année est meilleure que la précédente où seulement 50 moutons avaient été vendus sur les 100 qu’il avait emmenés à Kolda.
Même s’il n’y a pas de moutons invendus, ni de mévente, encore moins de pertes subies, ces vendeurs de moutons soulignent un problème lié à l’éclairage des lieux et l’accessibilité du foirail, surtout en période d’hivernage. ‘’Pas une bonne route au foirail de Bouna Kane. En cette période de saison des pluies, difficile de marcher ici. Il y a partout des flaques d’eau. Les véhicules ont des problèmes pour entrer à l’intérieur. Ce qui nous à aider, pendant les préparatifs de la fête de Tabaski, c’est qu’il n’y a pas eu de pluie jusqu’à la fin de la fête. Sinon, on allait patauger dans les eaux. Nous demandons à la mairie de faire le nécessaire’’, martèle Chérif Baldé, un autre ‘’téfanké’’.
Devant sa théière, Aliou Sall, un autre vendeur, insiste sur le ‘’manque d’éclairage des lieux’’. ‘’Depuis plus de quatre ans, nous réclamons l’éclairage des lieux, le remblayage des lieux et l’amélioration des conditions de vente de moutons. Mais nos doléances sont rangées dans les tiroirs de l’oubli des autorités compétentes’’.
Après le foirail de Bouna Kane, cap sur certains lieux de vente de moutons de la commune de Kolda, notamment le camp de garde. Dans ces lieux, les vendeurs interrogés expliquent que, cette année, il n’y a pas de mévente, ni de moutons invendus. Ils soutiennent que le commerce du mouton est devenu lucratif, malgré la conjoncture et le coronavirus qui impose ses lois aux économies du monde entier.
NFALY MANSALY