Pourquoi l'élection de Miss Black France dérange
«Célébrons la beauté noire!», on pourrait croire que ce slogan est celui d’un concours de Miss dans un quelconque pays d’Afrique, mais non, c’est celui de Miss black…France.
Dans l’Hexagone, l’initiative est soutenue par le conseil représentatif des associations noires (CRAN), mouvement militant pour les droits de la minorité visible que représentent les noirs de France.
Première édition du genre, cette exhibition a pour objectif affiché de mettre à l’honneur les Afro-Caraïbéennes en organisant le concours de beauté. L'élection qui doit désigner une gagnante parmi 20 candidates originaires du continent africain ou des îles doit se tenir le 28 avril 2012 à Paris. En novembre,une sélection finale avait déjà eu lieu dans la capitale française. «Notre élection a pour objectif de mettre en lumière ces femmes extrêmement nombreuses et que l’on voit peu dans les médias. L’élection Miss France n’était pas assez représentative de la France d’aujourd’hui», confie Frédéric Royer, fondateur de l’élection à France 24.
Une posture qui est dénoncée par des spécialistes de la question de l’immigration pour qui cette exclusivité autour de la peau noire est synonyme d’ostracisme et sape les efforts d’intégration.
Patrick Lozès fondateur et ancien dirigeant du Cran fait part de ses craintes: «J’ai peur que tout cela braque encore plus les Français à une période où le Front national séduit de plus en plus… C’est un concours qui dit sur le papier que les blanches sont exclues, c’est très dérangeant. Cette initiative pourrait être perçue comme quelque chose d'hostile qui mettrait encore un peu plus à mal la cohésion nationale.»
L'historien Pascal Blanchard a d’abord cru à un canular «organisé pour bousculer les esprits», mais très vite, il se rend compte du sérieux de l’évènement et s'indigne : «Je sais qu’aux États-Unis, il existe des concours de beautés ethniques. Le fait qu’on les tolère ne change rien à ma pensée. Chaque fois que l’on me parlera, n’importe où dans le monde, d’un concours réservé à une catégorisation raciale, je bondirai!» La France n’est pas les Etats-Unis où le communautarisme est un fait qui résulte d’une histoire d’un parcours différent. Fait étonnant, Geneviève de Fontenay, la très conservatrice madone nationale qui a organisé l’élection de Miss France pendant des années, n’y vois pas d’inconvénient: «La France d'aujourd'hui, c’est la mixité, et elle doit être mise en avant de toutes les manières possibles, surtout en ces temps électoraux difficiles», a-t-elle déclaré en signe d’approbation.