Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) sur les tablettes
Dans l'entendement de certains cadres politiques proches du président de la République, il ne fait pas de doute que les coalitions Benno Bokk Yaakaar et Macky 2012 vivent leurs derniers instants avant que le couperet de Macky Sall ne tombe pour faire place, peut-être, à l'alliance pour la majorité présidentielle (AMP), un sigle qui ressemble étrangement à l'Union pour une majorité populaire (UMP) qui a perdu le pouvoir en France en mai 2012...
Une idée qui taraude l'esprit du président de la République depuis plusieurs semaines ou mois, semble avoir pris forme. Celle de recycler les coalitions Benno Bokk Yaakaar (BBY) et Macky 2012 dans une nouvelle structure dont le nom pourrait être : Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). Une trouvaille qui, toutes proportions gardées, clonerait à peu près l'Union pour une majorité populaire (UMP), le parti centralisateur mis sur orbite dans les années 2000 par Jacques Chirac, Alain Juppé et Jérôme Monod pour remplacer le vieux Rassemblement pour la République (RPR).
Selon nos informations, le président de la République n’envisage pas une rupture avec ses alliés de BBY et Macky 2012. Au contraire, ces coalitions devraient constituer le ‘’’socle’’ de l'AMP. «Macky Sall entretient d’excellents rapports avec Moustapha Niasse (AFP) et Ousmane Tanor Dieng(PS)», confient des sources dignes de foi. En plus, «ce n’est même pas logique d’imaginer un tel scénario dans la mesure où l’APR (Alliance pour la République) et ses alliés partagent la même coalition Benno Bokk Yaakaar. Pourquoi prendrait-il d'ailleurs ce risque alors qu'il sait qu’il n’a pas une majorité confortable à l’assemblée nationale ?».
«Rapports dialectiques»
Loin d’être «antagoniques», les rapports entre AMP et alliés traditionnels du chef de l'Etat sont plutôt ‘’dialectiques’’, d’après nos interlocuteurs qui précisent que «le Président veut rassembler autour de lui toutes les forces susceptibles de l’aider dans sa mission, qu’il s’agisse de partis politiques ou d’organisations de la société civile». A ce niveau, il est utile de rappeler que «Benno Bokk Yaakaar et Macky 2012 sont nées dans un contexte électoral bien déterminé alors que, aujourd'hui, il y a des gens qui souhaitent aider le président mais ils ne se retrouvent pas dans ces deux coalitions-là», explique un cadre politique proche de Macky Sall.
C'est cette contrainte politique lourde qui a motivé la réflexion sur une nouvelle armature présidentielle ouverte à toutes les sensibilités de l'échiquier. Il y a en toile de fond le souci de vouloir ‘’ratisser large’’ en perspective des élections locales et qui a poussé Macky Sall à recevoir, il y a quelque jours, des caciques du régime des Wade comme Mes Mbaye Jacques Diop et Ousmane Sèye. On se rappelle que ces audiences avaient suscité une levée de boucliers du côté de la coalition Macky 2012 dont de larges secteurs estiment que le président de la République ‘’est en train d’être gangrené par le cancer de la transhumance’’. Des propos qui avaient été analysés comme un «chantage sur le président qui ne saurait prospérer’’.
DAOUDA GBAYA