Abdou Khoudoss Diop risque trois ans d’emprisonnement ferme
Abdou Khoudoss Diop ignorait-il l’origine des téléphones portables qu’il a acquis cet après-midi du 11 août 2018 ? Même s’il signe et persiste avoir acheté ces deux appareils de bonne foi, il a dû s’expliquer devant les juges de la Chambre criminelle du tribunal de Pikine-Guédiawaye pour recel criminel. En effet, les téléphones qu’il dit avoir acquis auprès de deux jeunes qui se sont présentés dans son magasin sont issus d’une sordide agression qui a coûté la vie à Mamadou Diouf. Les auteurs de ce crime ne sont toujours pas arrêtés.
Le 11 août 2018, en revenant du boulot, Abdou Diallo fait une découverte tragique. Sur son chemin, plus précisément dans la bande des filaos de Wakhinane Nimzatt, se trouvait un individu gisant dans une mare de sang. Celui-ci, répondant au nom de Mamadou Diouf, était victime d’une agression crapuleuse. Des malfaiteurs, qui en avaient après ses téléphones portables, lui ont asséné un coup de couteau à la cuisse. Pour venir en aide à l’homme qui luttait pour sa vie, Abdou Diallo remarque la présence d’une autre personne. Celle-ci semblait souffrir d’une défaillance mentale. Mais c’est avec son téléphone que les secouristes et les flics ont été appelés. Malheureusement, quelques instants à peine après ce coup de fil, Mamadou Diouf a succombé à ses blessures. Son corps inerte a été conduit à l’hôpital où une autopsie a été faite.
Pendant que le médecin légiste rapportait dans le certificat de genre de mort les causes du décès, les flics menaient de leur côté une enquête pour mettre la main sur les auteurs de ce crime. Et les réquisitions entreprises ont permis de relever que l'individu qui détenait les portables de la victime a été identifié sous le nom d’Abdou Khoudoss Diop. En sus, ils ont montré qu'il a utilisé l'un des téléphones à 14 h pour passer un appel, alors que la victime a été agressée à 13 h.
Interpellé le lendemain du crime, 12 août 2018 et entendu, Abdou Khoudoss Diop a soutenu avoir acquis les portables à 5 000 F CFA, un samedi auprès de jeunes garçons qui se sont présentés à son commerce. Il poursuivait ainsi en soulignant avoir vendu l'autre téléphone le lendemain à un certain Alassane Sy. Cet acheteur, précise-t-il, le lui a ramené puisqu'il y avait un problème.
Ces déclarations sur la revente de l'appareil ont été confirmées par le sieur Sy. Des déclarations insuffisantes pour le traduire devant les juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye. Ce, même si les auteurs de cette agression mortelle ne sont toujours pas arrêtés.
Venu comparaître libre, hier, devant la barre de cette juridiction pénale, Abdou Khoudoss Diop n’a pas reconnu le crime de recel criminel qui lui est reproché. Âgé de 38 ans, l’accusé a maintenu les déclarations qu’il avait tenues à l’enquête. ‘’J'ignorais que ces deux portables que j'ai achetés à 5 000 F CFA sont issus d'un crime. L'un n'était pas en bon état. J'ai vendu l'un des portables à 3 000 et l'autre je l'ai échangé avec un certain Alassane Sy’’, a-t-il lancé.
À côté de lui, le frère du défunt Mamadou Diouf, Ibrahima, a demandé que ses intérêts civils soient réservés comme il s'est constitué partie civile.
Dans ses observations, le substitut du procureur de la République a demandé la requalification des faits de recel criminel en recel correctionnel. Ainsi, pour la répression, il a requis trois ans de prison ferme assortis d'une amende de 500 mille francs CFA contre Abdou Khoudoss Diop. ‘’L’accusé dit avoir acheté les portables à la hâte à son commerce à 5 000 F. Et il ressort de la procédure qu'il les a revendus à 15 mille F CFA’’, a-t-il indiqué.
L'avocat de la défense, Me Makhfouss Thioye, a plaidé une application bienveillante de la loi pénale pour son client.
Il sera édifié sur son sort le 1er mars 2023.
MAGUETTE NDAO