POUR AVOIR TUÉ SON FILS
Mbaré Sy encourt 15 ans de réclusion criminelle
Après plus de deux ans de détention préventive, Mbaré Sy a finalement fait face, hier, aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar. Il est accusé du meurtre de son fils Ibrahima Sy.
Poursuivi pour meurtre sur la personne de son fils Ibrahima Sy, le boulanger Mbaré Sy a profondément regretté son acte. Mais bien qu’il ait fait état de sa démence hier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar, le représentant du parquet a requis 15 ans de réclusion criminelle à son encontre.
Selon le maître des poursuites, le malade mental n’éprouve jamais un sentiment de regret lorsqu’il commet un acte. Car, estime-t-il, celui-ci ne dispose pas des facultés nécessaires qui lui permettent de mesurer la gravité de ses faits.
En effet, les faits qui valent au sieur Mbaré Sy son jugement se sont passés à Rufisque, au courant du mois de mai 2019. L’accusation relate que le jour des faits, Ibrahima Sy provoquait son père qui se trouvait dans sa chambre. Car il ne cessait de l'insulter en donnant des coups à la porte. Ce dernier, qui avait par-devers lui un poignard, a bondi sur lui avant de lui sectionner la carotide d’un coup de couteau.
Après avoir froidement tué son garçon, il est resté tranquillement dans sa chambre. Ainsi, ce sont ses frères qui ont secouru Ibrahima Sy, qui est finalement décédé avant même d’être admis à l'hôpital. Et il ressort des conclusions de l'homme de l'art qu'il est mort des suites de plaies cervicales pénétrantes et de la section de la carotide.
Au parloir, Mbaré Sy n’a pas nié avoir administré à son fils le coup de couteau qui lui a valu la vie. Cependant, il a indiqué qu’il n’avait aucunement l’intention d’abréger la vie de ce dernier. À en croire l’accusé âgé de 52 ans, celui-ci l’a trouvé dans sa chambre pour le provoquer. ‘’Il toquait violemment à la porte et m’injuriait alors que je dormais’’, explique Mbaré Sy. La voix pleine d’amertume, il renchérit : ‘’J’avais juste l’intention de le redresser afin qu’il se mette sur le droit chemin. Il était têtu et n’obéissait pas à mes ordres. Tout ceci est l’œuvre de Satan. C’est trop dur pour moi, parce que c’est moi qui suis le plus grand perdant dans cette histoire’’. Contestant les résultats de l’autopsie, l’accusé soutient avoir planté le couteau à la tête du défunt.
‘’C’est mon défunt fils qui lui donnait à manger’’
Les déclarations de l’accusé contrastent avec celles de la partie civile et non moins mère du défunt. Car, devant le juge, cette dernière a renseigné que la victime était tout pour son père. ‘’Il prenait soin de lui. C’est mon défunt fils qui lui donnait à manger, nettoyait sa chambre, lui faisait prendre son bain et lui confectionnait des habits, puisqu’il était tailleur’’, confie-t-elle.
S’agissant des troubles psychiques qui ont été évoqués par l’accusé, la dame Bodian informe que c’est ce qui est à l’origine de son divorce d’avec celui-ci. ‘’Après avoir quitté la maison, il y a 20 ans, les gens m'ont écrit une lettre en me faisant part d'une maladie psychique dont il souffrirait. Je lui ai rendu visite à Teunguedji et je l'ai trouvé dans un piteux état. Il était complètement devenu fou et il était tout en haillon. Le jour des faits, on m'a juste informé que mon fils a été poignardé par son père. Et il est décédé, avant que je n'arrive à Teunguedji’’.
Dans ses observations, le maître des poursuites a souligné que la thèse de la démence ne peut prospérer dans cette affaire. Pour lui, rien ne démontre que l’accusé était sous l’emprise de ces troubles, au moment où il commettait son acte criminel. ‘’Nous n’avons aucune preuve de responsabilité. Il n’a pas été rapporté qu’il était en trouble psychique, au moment des faits. Mieux, quand le malade mental commet un acte, il n’éprouvera aucun remords à l’avenir, contrairement à l’accusé qui a exprimé ses regrets devant les enquêteurs et aujourd’hui à la barre. Le malade mental ne peut pas cohabiter avec les membres de sa famille’’, soutient le parquetier qui reste convaincu que Mbaré Sy n’était pas en état de démence, lorsqu’il tuait son fils.
Par conséquent, il a demandé au tribunal de le déclarer coupable du crime de meurtre et de le condamner à une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
Les débats clos, la chambre a mis l’affaire en délibéré au 19 janvier prochain.
MAGUETTE NDAO
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