L’Apix mise sur les zones aménagées pour l’investissement
Bakary Séga Bathily, le directeur général de l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), a présidé hier l’atelier de cadrage entre l’Anat, l'Apix et les parties prenantes. Une activité qui a pour objectif d'identifier les zones prioritaires à aménager pour l’investissement (ZAI) et de définir un cadre de gouvernance solide, garantissant la disponibilité rapide des ressources foncières et une gestion efficace de ces zones.
Le directeur général de l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), Bakary Séga Bathily, souligne que le Sénégal dispose d’un modèle économique qui crée peu de valeur, avec une faible croissance du PIB par habitant (0,4 %), d’une gouvernance qui freine le développement, d’une population à faible productivité, d’un modèle social inéquitable. Tout ceci fait que le pays est classé 169e sur 192 en termes d’indice de développement humain (IDH), ce qui traduit un développement durable fragile et un cercle vicieux d’endettement.
Également, il fait remarquer que l’économie sénégalaise est dominée par le secteur des services, qui génère peu de valeur ajoutée. ‘’L’industrie, indique-t-il, montre une faible intégration des chaînes de valeur et l’agriculture, qui emploie environ 60 % de la population, reste peu attractive à cause du manque de sécurisation des investissements. Pour relever ces défis, il est nécessaire d'amorcer une transformation systémique pour bâtir une nation souveraine, juste et prospère, ancrée dans des valeurs solides. Cette transformation repose sur le renforcement de la souveraineté économique, le développement de filières compétitives et de pôles régionaux ainsi que l’émancipation des populations’’.
Une telle vision, poursuit le DG de l’Apix, repose sur quatre piliers principaux : la bonne gouvernance et l'engagement africain, le capital humain de qualité et l'équité sociale, l'aménagement et le développement durable, et l'économie compétitive. "L’économie compétitive du Sénégal sera basée sur quatre secteurs stratégiques : l’agro-industrie, les industries extractives, les industries manufacturières et les services à valeur ajoutée. Un maillage territorial à travers des corridors et la création de huit pôles régionaux à forte vocation accompagneront ce développement", renseigne-t-il.
En effet, récemment, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a publié une note soulignant les disparités économiques entre les régions du Sénégal. Dakar, selon le document, concentre à elle seule 46,2 % de la richesse nationale, avec un PIB de 7 960,8 milliards F CFA. Cinq régions (Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis et Kaolack) génèrent 71,5 % du PIB national, laissant les neuf autres régions ne contribuer qu’à 28,5 %. ‘’Ces inégalités économiques freinent le développement harmonieux du pays. Les causes de ces disparités sont multiples : concentration des infrastructures, accès limité aux financements en région, faible diversification économique et migration interne’’, indique M. Bathily.
Selon le patron de l’Apix, la création et le développement des zones aménagées pour l’investissement (ZAI) sont une réponse concrète à cette ambition. À ses yeux, ‘’ces zones doivent devenir des pôles stratégiques pour l’industrialisation et le développement économique du Sénégal’’.
En effet, explique-t-il, ‘’les ZAI visent à lever les contraintes liées à l’accès au foncier, sécuriser les investissements grâce à des baux garantis par l’Administration, faciliter le financement des entreprises grâce à la sécurité foncière, encourager la territorialisation des investissements privés, créer des emplois locaux et lutter contre l’exode rural, tout en contribuant à la lutte contre l’immigration irrégulière’’.
Or, poursuit Bakary Séga Bathily, le développement de ces pôles économiques exige une gouvernance adaptée, une répartition optimale des ressources et une programmation rigoureuse des investissements publics. ‘’Pour identifier les zones à aménager et attirer les investissements, l’Apix sera renforcée pour superviser le développement des ZAI, en assurant leur gestion selon les meilleurs standards internationaux. Ces zones seront conçues pour attirer des investisseurs nationaux et internationaux, et pour positionner le Sénégal comme un hub industriel et logistique de l’Afrique de l’Ouest, tout en générant des emplois’’, renseigne-t-il.
CHEIKH THIAM