Publié le 23 Nov 2016 - 02:41

Prière d'un enfant mendiant

 

Je m'appelle Mor. J'ai quatre ans et demi, cinq ans peut-être. Qu'en sais-je? Je n'ai jamais fêté mon anniversaire. La mendicité est pour moi un  travail à temps plein. Comme des milliers d'autres enfants sénégalais, je suis forcé à la mendicité. J'y consacre plus de six heures par jour.

Déni du droit à une éducation de base solide, du droit à une bonne alimentation, du droit à la santé, du droit au jeu, subissant parfois brutalités et sévices physiques graves, je sillonne les rues de Dakar sept jours par semaine pour chercher de l'argent pour des personnes adultes.

J'aurais voulu être comme tant d'autres enfants que je croise sur mon chemin, qui sont joyeux, propres, chaudement habillés, aimés.

Le matin, quand je te croise, j'espère ton regard, ta chaleur, ton sourire, mais je n'obtiens de toi qu'un sachet de biscuits et quelques morceaux de sucres, que tu me donnes non pas par générosité, mais par souci de conjurer le mauvais sort.

Si tu me regardais dans les yeux, tu verrais dans mon âme," à peine émanée du sein de la nature, l'image de Dieu".

Si tu me regardais dans les yeux, de la manière que tu regardes ton propre enfant ou ton petit frère, tu verrais que j'ai autant besoin de toi.

Si tu me regardais enfin dans les yeux tu verrais que je vis une enfance sans joies et sans rires, une enfance malheureuse, qui absorbe mon présent et qui risque d'absorber mon futur.

J'ai besoin que tu te lèves pour moi, que tu cries mes droits sur les toits et que tu les fasses respecter.

Quand je sais qu'ailleurs, dans le monde, des personnes sont condamnées pour avoir maltraité des animaux! 

Ces personnes d'ailleurs, seraient elles plus clémentes et plus humaines que vous? Est ce que ces animaux auraient plus de dignité que moi?

La prochaine fois que tu me croiseras, regarde-moi dans les yeux, juste une fois!

Khalia Haydara

Enseignante chercheuse

Philosophie/UCAD

Fondatrice et présidente de l'association "Les Oliviers"

khaliahaydara@gmail.com

Section: 
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants