L’enquête contre Aïda Diongue va-t-elle bloquer la procédure ?
Après plusieurs renvois, le procès en diffamation opposant Aïda Diongue au journal ‘’Le Quotidien’’ a finalement été retenu hier. Cependant le fond n’a pas été abordé, à cause de deux exceptions soulevées par la défense.
L’enquête sur les biens mal acquis dont Aïda Diongue fait l'objet risque de freiner la procédure en diffamation que la responsable libérale a initiée contre le journal ‘’ Le quotidien’’. En tout cas, c’est ce que souhaitent les avocats de Mamadou Biaye, directeur de publication du journal incriminé, et son reporter Bocar Sakho, rédacteur de l’article. Alors que l’affaire a été enrôlée hier, pour plaidoirie, Mes Mbaye Dieng et Baba Diop ont soulevé des exceptions.
Les conseils ont demandé au tribunal d’ordonner le sursis à statuer, au motif que la partie civile fait l’objet d’une enquête relativement aux faits. A leurs avis, on devrait attendre les résultats des poursuites contre la plaignante. D’autant que, souligne Me Mbaye Dieng ‘’dans l’article incriminé, il est juste écrit qu'Aïda Diongue fait l’objet d’enquête’’.
Et d’ajouter : ‘’Au cas où elle serait condamnée, il n’y aurait pas de diffamation’’. Me Dieng a aussi cité la jurisprudence Coumba Gaye/ Alioune Tine, une affaire dans laquelle, le tribunal a ordonné le sursis à statuer, à cause de la plainte du prévenu. La seconde exception soulevée par les deux conseils est la non indication des articles applicables au journaliste Bocar Sakho, poursuivi pour complicité de diffamation. Mieux, Me Baba Diop juge que la citation est mal rédigée, mais que le secret de l’instruction fait que leurs clients ne peuvent pas apporter la preuve de leurs écrits.
''Confusion''
‘’En matière de diffamation, le délai est de 10 jours’’, a répliqué d’emblée Me Baboucar Cissé. Selon lui, le tribunal ne peut pas se fonder sur la presse pour dire qu’il y a une enquête contre leur cliente. Pour son confrère Me Moustapha Diop, ‘’la défense veut entretenir la confusion, car le sursis à statuer n’est possible qu’en matière de dénonciation calomnieuse’’. ‘’On veut nous retarder par des pseudos exceptions, car la citation a bel et bien indiqué les textes de loi applicables’’, dira-t-il. Fidèle à lui-même avec ses gestuelles et ses expressions en langue en wolof, Me El Hadj Diouf de renchérir : ‘’Ils veulent retarder leur chute’’.
Pour lui et ses avocats, les exceptions soulevées par leurs confrères de la défense sont nulles et doivent être rejetées. Parce que : ‘’Même si Aïda Diongue est renvoyée devant une Cour d’assises, les journalistes n’ont pas le droit de la diffamer, à cause de la présomption d’innocence.’’ Le tribunal va-t-il rejeter les exceptions ou les déclarer recevables ? Réponse le 14 mars prochain.
Dans son édition du lundi 03 décembre 2012, ‘’Le Quotidien’’ avait écrit que l’ancienne sénatrice serait soupçonnée d’évasion fiscale et les investigations de la Cour de répression de l’enrichissement illicite l'auraient mise en cause, pour une affaire de quatre milliards. La Cellule de traitement des informations financières (CENTIF) aurait également été saisie par la CREI, pour cette affaire. Jugeant ces informations diffamatoires, Aïda Diongue avait servi aux journalistes une citation directe.
FATOU SY