Le réquisitoire des cadres libéraux
Au procureur spécial son réquisitoire. Aux cadres libéraux leur sien. Les camarades de Karim Wade ont prévenu hier qu’ils ne reconnaîtront pas le verdict de la CREI. Ils pensent que la sentence est connue d’avance et vise à éliminer un candidat.
Après que le procureur spécial près de la CREI a requis 7 ans de prison contre Karim Wade, c’est au tour des libéraux de faire leur réquisitoire. La Fédération nationale des cadres libéraux (FNCL), en conférence de presse hier, prévient déjà que le verdict de la Cour ne sera en aucune manière reconnu. La peine demandée par Cheikh Tidiane Mara est, selon eux, la preuve que l’objectif de ce procès n’est pas de procéder à la traque des biens mal acquis, mais plutôt d’empêcher le fils de Wade, ‘’responsable du parti et potentiel candidat’’, de se présenter à l’élection présidentielle de 2017.
De ce fait, les libéraux ne comptent pas baisser les bras, car ils sont convaincus que le verdict est connu d’avance. ‘’Si la Cour s’offre le luxe d’exécuter la salle besogne, il en portera la responsabilité’’, prévient Me Adama Fall, mettant en grade contre toute décision qui peut saper les fondements de la société. Lui et ses camarades appellent les autres à se remobiliser. A la question de savoir ce que comptent faire le PDS et ses militants, Me Fall répond par l’adage selon lequel qui dévoile sa stratégie prépare ses adversaires.
Oumou Sow de son côté estime que cette traque est juste un piège. ‘’En réalité, c’est la personne d’Abdoulaye Wade qui est visée. Karim n’est qu’un tremplin, la fibre sensible par laquelle le père qu’il est peut-être atteint’’. Et pour en donner la preuve, elle rappelle qu’aux toutes premières heures de la seconde alternance survenue en 2012, les tenants de l’actuel pouvoir avaient accusé l’ancien président d’avoir dévalisé le palais, emportant moquettes et véhicules. C’est parce que cette stratégie n’a pas prospéré que la traque a été décidée, conclut-elle.
Ses camarades libéraux voient plus loin. Ils pensent que c’est plutôt la formation politique (Pds) qui est visée. L’objectif affiché est de la démanteler, en utilisant la justice. ‘’Des personnes sont poursuivies, arrêtées et emprisonnées parce qu’elles ont la carte du Pds. 25 dignitaires sont interdits de sortie du territoire. Des députés ont été convoqués en procédure d’urgence à l’Assemblée nationale pour lever des immunités. Et jusque-là, rien n’est fait’’, s’inquiètent-ils. ‘’En dehors de ceux-là, il y a Aïda Diongue et les secrétaires généraux des instances du parti comme le MEEL et l’UJTL qui sont dans le viseur du pouvoir. D’ailleurs le patron des cadres, en l’occurrence Abdoul Aziz Diop, est déjà en prison’’, croient savoir les partisans de Me Wade.
Sur le plan économique et social, les cadres soutiennent que rien ne va, dans aucun secteur. Même les réalisations présentes et futures relèvent à leurs yeux du plagiat. Diamniadio comme plate-forme économique, prolongement de la VDN, les bateaux Aguène et Diambogne, l’autoroute Ila Touba, tout cela relève de l’initiative de Wade, à les en croire. Quant aux accords de partenariats économiques et les accords de pêche avec l’UE, c’est juste pour ‘’faire revenir des prédateurs économiques comme Bolloré et les colons à travers le FMI et la Banque mondiale’’, accuse la FNCL.
BABACAR WILLANE