Les prix fluctuent dans les marchés
Les prix des produits halieutiques varient en fonction des périodes et des conditions climatiques. C’est ce qui ressort des résultats de l’enquête présentés hier par le projet ‘’Sénégal Dekkal Geej’’ dans 10 marchés du pays.
Le projet ‘’Sénégal Dekkal Geej’’ a rendu publics, hier, les résultats issus des prix des produits halieutiques collectés dans les marchés. Cette initiative du gouvernement des Etats-Unis, financé par l’USAID, vise à contribuer à la mise en place d’un système de gestion de pêche durable au Sénégal. C’est ce qui explique d’ailleurs le nom ‘’Dekkal Geej’’. D’une durée de cinq ans, le projet est à sa troisième année.
Selon le directeur du projet, Jon Anderson, il y a plusieurs raisons qui motivent le suivi des prix dans les marchés au Sénégal. La première chose, souligne M. Anderson, c’est pour aider les marchés à mieux fonctionner. ‘’Si les gens ont des informations, ils sauront vers quels marchés aller et les quantités nécessaires de produits dont ils ont besoin. Si on fait un suivi des produits halieutiques, on peut avoir une alerte précoce, si une situation difficile arrive. Par exemple, si les prix montent, le gouvernement saura prendre des dispositions très rapidement pour pallier les dégâts. Pour la plupart des Sénégalais, les ressources halieutiques, notamment le poisson, constitue un aliment très important de la sécurité alimentaire. Mais aussi du patrimoine culturel du pays, parce que le ‘’ceebu diene’’ est devenu un patrimoine culturel mondial’’, explique-t-il.
Avant d’ajouter que pour eux, cela fait partie d’un effort pour améliorer et rendre plus efficiente et plus efficace et équitable la chaîne de valeur des produits halieutiques. Ce, afin que tout le monde bénéficie des retombées et qu’on arrive à pêcher moins et gagner plus.
Selon l’analyste des marchés agropastoraux et halieutiques, l’enquête a ciblé 10 marchés du pays dont deux à Kaolack, deux à Ziguinchor, trois à Dakar, un à Thiès, deux à Diourbel et un à Saint-Louis. Le travail, renseigne Mouhamadou Ndiaye, consiste à collecter des données sur certains produits. Il y a les produits frais et les mollusques (crevettes, sardinelles, ethmaloses, poulpes, coquillage, escargots de mer). De l’avis de Mouhamadou Ndiaye, le prix est un indicateur qui permet de savoir le niveau de sécurité alimentaire des populations par rapport à leurs revenus.
Les résultats de l’enquête montrent que dans le marché, les prix sont fluctuants. Ils varient en fonction des périodes et des conditions climatiques. ‘’L’analyse montre que les prix des produits halieutiques sont en train de monter. Il y a aussi le fait que pendant l’hivernage, les captures sont faibles, du fait de l’irrégularité. Les célébrations des grandes fêtes religieuses perturbent les activités de pêche, du fait des retours des acteurs dans leurs localités d’origine’’, relève M. Ndiaye.
Par ailleurs, il souligne que la sécurité alimentaire est un ensemble. Ce n’est pas seulement le fait de manger le riz, mais ça touche tous les paramètres. C’est-à-dire la disponibilité, l’accessibilité, l’utilisation et à la stabilité. S’agissant de la disponibilité, fait-il savoir, il faut que le produit existe. ‘’Quand vous sortez de chez vous pour la boutique, vous trouvez ce que vous cherchez là-bas. Mais si vous sortez et que vous ne trouvez pas le produit, c’est là le problème. C’est ce qui se passe dans certaines zones où il y a la guerre ou des phénomènes qui empêchent de faire ce travail’’, explique-t-il.
Pour ce qui est de l’accessibilité, il note deux facteurs que sont l’accessibilité physique (le fait de voir le produit) et celui monétaire (avoir de l’argent pour s’en procurer). Concernant l’utilisation, M. Ndiaye précise qu’il ne s’agit pas de manger seulement du riz ou du mil. Il faut savoir varier son alimentation. ‘’Ce sont ces paramètres qui permettent de dire si une population a ou n’a pas une bonne sécurité alimentaire. Le dernier aspect à relever est la stabilité. Il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de rupture. Les prix aussi doivent être stables. Si les prix varient, cela perturbe. Le travail a permis de voir que dans le secteur de la pêche, il n’y a pas mal de niches et d’informations qu’il faut collecter et les mettre à la disposition des populations et des autorités. Ces informations vont permettre de dire que le Sénégal a une stabilité alimentaire ou qu’il y a des zones à risque alimentaire. C’est sur la base de cela qu’on fait des plans nationaux de réponse à l’insécurité alimentaire’’, informe M. Ndiaye.
VIVIANE DIATTA