‘’La vaccination des femmes enceintes réduit la morbidité fœtale’’
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Les femmes en état de grossesse affectées par la Covid-19 sont exposées à un risque accru d’avortement, d’accouchement prématuré, de césarienne et de décès du fœtus, si elles ne sont pas vaccinées. Quatre femmes enceintes ont perdu la vie. L’annonce a été faite hier par le gynécologue-obstétricien, le professeur Abdou Aziz Diouf.
Depuis le début de la pandémie, le débat se pose sur la vaccination des femmes enceintes et celles qui allaitent. Si d’aucuns pensent que c’est un risque de se faire vacciner à cause de la grossesse, d’autres trouvent que c’est la meilleure chose à faire pour protéger l’enfant. Le débat a été clos hier par le gynécologue-obstétricien à l’hôpital de Pikine, le professeur Abdou Aziz Diouf. Faisant face à la presse, après la réunion quotidienne du Comité national de gestion des épidémies (CNGE), il expliqué que la femme enceinte est exposée à un risque accru d’infection par le coronavirus. Cette virulence est beaucoup plus marquée, lorsque la femme est au 3e trimestre de la grossesse.
D’ailleurs, souligne-t-il, des études ont montré qu’il y a un risque accru d’avortement, d’accouchement prématuré ou de césarienne chez ces femmes atteintes de Covid-19. ‘’Pour notre série hospitalière, toutes les grossesses étaient au 3e trimestre. Les formes graves représentaient 30 %, les accouchements étaient prématurés à 27 % et le taux de césarienne était très élevé, au-delà de 42 %. Pour les femmes qui n’ont pas encore accouché et que nous suivons, nous avons remarqué quelques cas d’hypotrophie fatale. Nous remarquons des morts fœtales uniterines chez des patients qui présentaient, dans les jours précédents, un syndrome opaque’’, informe le gynécologue.
Compte tenu de la virulence du variant Delta, particulièrement chez la femme enceinte, compte tenu du risque important de la morbidité et de la mortalité liée à la Covid-19, l’Association sénégalaise des gynécologues-obstétriciens recommandent la vaccination chez la femme enceinte à tout âge de procréer, les femmes allaitantes, mais également les femmes désireuses de grossesse. Car, d’après le Pr. Diouf, les bénéfices de la vaccination chez la femme enceinte sont nettement supérieurs pour le couple mère-enfant que chez la femme non-enceinte non-vaccinée.
‘’La vaccination des femmes enceintes réduit non seulement la morbidité et la mortalité infantile, mais réduit également la morbidité fœtale due aux accouchements prématurés. Tous les vaccins actuellement disponibles au Sénégal peuvent leur être administrés’’, précise le professeur Abdou Aziz Diouf.
Il souligne également la nécessité du respect des mesures barrières, même en étant vacciné. ‘’Nous exhortons les femmes à fréquenter les structures sanitaires pour tous les besoins liés à la santé de la reproduction. Aussi bien les consultations prénatales, post-natales, les visites de planification familiale ou les consultations gynécologiques tout court’’, conseille le gynécologue.
En tout cas, des données pour d'autres infections virales respiratoires pendant la grossesse ont rapporté des effets. Il s’agit notamment d’un faible poids à la naissance du bébé. La prise en charge rapide et efficace d’une possible détresse respiratoire doit pouvoir être mis en place pour le suivi des femmes enceintes infectées.
Quatre femmes enceintes ont perdu la vie
Concernant la fréquence élevée des cas de Covid chez la femme enceinte, le Pr. Diouf souligne que cela est dû aux changements physiologiques et immunitaires survenant au cours de la grossesse. Au centre hospitalier de Pikine disposant récemment d’un centre de traitement épidémiologique et à l’hôpital Youssou Mbargane Diop de Rufisque, 21 cas de Covid chez les femmes enceintes (19 femmes enceintes et deux femmes qui sont allaitantes) sont enregistrés au cours de cette 3e vague. ‘’L’âge moyen des femmes était de 30 ans. Nous avons noté six cas graves dont l’atteinte pulmonaire était supérieure à 75 %. Nous avons malheureusement enregistré quatre décès maternels. Cette augmentation des cas avec l’apparition du variant Delta n’épargne pas les femmes enceintes’’, prévient-il.
Selon le Pr. Diouf, les femmes enceintes affectées, depuis le début de la pandémie, sont susceptibles d’être admises en soins intensifs. Elles ont plus besoin d’une ventilation invasive que les femmes non-enceintes qui sont en âge de procréer. Il faut également comprendre, renseigne le spécialiste, que d’autres pathologies de la grossesse peuvent être au-devant de la scène et masquer la Covid-19.
Ainsi, il suggère au personnel de soins de chercher la Covid-19 pour certaines complications obstétricales telles que le syndrome d’infecteur, la prééclampsie (c’est-à-dire l’hypertension artérielle associée à la grossesse), les menaces d’accouchement prématuré soit en cas de perte fœtale. D’autres facteurs qui aggravent la Covid-19 chez la femme enceinte sont l’obésité, le diabète et l’asthme qui sont des pathologies fréquemment rencontrées.
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PERSONNES ATTEINTES DE PROBLEMES RESPIRATOIRES CHRONIQUES
La cible délicate
Les personnes asthmatiques, souffrant de bronchite avec fibrose ou avec une insuffisance respiratoire doivent respecter obligatoirement les mesures barrières contre la Covid-19. Ces patients à risque sont plutôt fragiles de leur appareil respiratoire. C’est pourquoi, le professeur Nafissatou Oumar Touré leur demande obligatoirement de se faire vacciner pour éviter les formes graves.
Depuis le début de la pandémie, les patients atteints de problèmes respiratoires chroniques sont appelés ‘’personnes à risque’’. Cela est dû à leur maladie qui, associée à la Covid, devient fatal. Ce que rappelait hier le chef du Service pneumologie de l’hôpital Fann. Selon le professeur Nafissatou Oumar Touré, ces patients sont vraiment très fragiles face à l’infection à Covid-19. Il s’agit des asthmatiques, des personnes qui ont une bronchite chronique, qui sont porteuses de fibrose pulmonaire ou qui souffrent d’une insuffisance respiratoire chronique.
Ils sont fragiles, dit-elle, parce qu’ils ont une pathologie respiratoire et si, sur cette dernière, vient se greffer l’infection à Covid-19, c’est grave. Parce que, explique le Pr. Touré, il peut présenter des complications qui peuvent être graves. Ces complications, souligne la pneumologue, peuvent être liées certes à l’infection à Covid-19, mais également, à un déséquilibre dû à l’infection respiratoire chronique associée à la Covid.
Une association qui peut entrainer une formation de symptômes. ‘’Cette formation de symptômes peut arriver à un stade de forme compliquée parfois nécessitant une réanimation. Donc, il est extrêmement important que ces personnes se considèrent comme des patients fragiles. Ils doivent prendre les dispositions nécessaires pour que cette infection à Covid-19 ne les atteignent pas ou bien quand elles l’ont, qu’elles ne développent pas des formes graves de Covid’’, recommande la spécialiste.
Pour elle, les personnes asthmatiques, souffrant de bronchite avec fibrose ou avec une insuffisance respiratoire doivent obligatoirement continuer à se faire suivre dans les structures de santé. Parce que ce sont des pathologies avec lesquelles elles vivent et vont continuer à vivre. Donc, l’infection à Covid ne devrait pas leur faire peur, au point de les empêcher d’aller dans les structures sanitaires voir leur médecin pour un suivi de leur pathologie.
‘’Ils doivent aller consulter pour avoir un traitement médical correct. L’objectif, c’est d’avoir un équilibre de leur pathologie chronique. Cet équilibre permet, s’ils contractent la Covid-19, d’avoir moins de risques de développer des formes graves. Ils doivent également suivre les indications de leur médecin, s’ils sont sous traitement, et ils doivent le faire de manière correcte, sans interrompre le traitement’’, conseille le Pr. Touré.
En plus de ces recommandations, les patients souffrant de problèmes respiratoires chroniques doivent continuer ce traitement. Cela, précise le chef du Service de pneumologie de Fann, avec un suivi. Même si c’est un suivi à distance parfois, ça sera, souligne-t-elle, en fonction de ce que leur médecin leur a préconisé.
En dehors de cette prise en charge de leur pathologie, il est nécessaire, pour eux, de mettre en place des mesures de prévention. Ce sont, souligne-t-elle, des mesures de prévention aussi bien contre la Covid qu’avec tous les autres facteurs de risque de déstabilisation de leur maladie.
A en croire le Pr. Touré, les mesures barrières sont valables pour tout le monde, mais le sont plus pour ces personnes à risque et qui sont plutôt fragiles au niveau de leur appareil respiratoire. A son avis, ce sont des personnes qui sont même considérées comme des personnes prioritaires pour la vaccination.
Donc, elle conseille à toute personne asthmatique, porteuse d’emphysème aussi chronique, toute personne souffrant d’insuffisance respiratoire, d’aller obligatoirement se faire vacciner au niveau des structures de santé. ‘’Ils peuvent prendre tous les vaccins disponibles dans notre pays. Nous les exhortons à y aller, parce que cela permettra de réduire le risque de faire des formes graves qui peuvent être mortelles.
Derrière cela, il faut continuer à faire attention aux autres éléments qui peuvent déstabiliser leur pathologie chronique. Quand il y a de la poussière, le masque qui sert à se protéger contre l’infection à Covid-19, peut aider aussi à réduire le risque d’inhaler des produits chimiques’’, soutient le Pr. Touré.
VIVIANE DIATTA