Sur les pas de Lalo Kéba Dramé

Etabli en Suède depuis près de 15 ans, Lamine Cissokho est un koriste et chanteur sénégalais qui vient de sortir son deuxième album sur le plan national, ‘’sama tilo’’. Une production qu’il a présentée au public lors d’un show case. En marge de ce mini concert, le petit neveu de feu Lalo Kéba Dramé est revenu avec EnQuête sur son parcours.
Il est le digne héritier de l’une des légendes de la musique mandingue, Lalo Kéba Dramé. Lamine Cissokho n’est cependant pas aussi célèbre que son grand oncle. Mais n’en est pas moins un talentueux musicien. Son appartenance à une grande famille de griots explique cet état de fait. Son père Sana Cissokho était un maître incontesté de la Kora et sa mère Fatoumata Dramé une chanteuse professionnelle. Ainsi, Lamine a commencé à s’essayer à la musique dès le bas âge. Adoubé par le maestro Toumani Diabaté, il se parfait et joue aujourd’hui sa propre musique. Ce qui lui vaut quelques succès en Suède où il est établi depuis 2002.
Au Sénégal actuellement, EnQuête l’a rencontré au cours d’un show case qu’il donnait dans le restaurant de la maison de la culture Douta Seck. Taille courte, l’air réservé et un peu timide sur les bords, il présentait son nouvel et deuxième album ‘’sama tilo’’ (ndlr l’avenir en langue mandingue) sorti sur le plan national et qui sera disponible en juin prochain sur l’international. L’on trouve 11 titres dans l’album dont deux chansons traditionnelles mandingues qui ont bercé l’enfance de Cissokho. Les neuf autres sont chantés en wolof et en mandingue et composés dans un style que l’auteur définit comme de l’afro-jazz-groove.
‘’Je fais de la world music avec ma kora et cela se vend bien en Europe’’, informe le koriste. Il a adopté ce style après son voyage et sa rencontre avec des musiciens scandinaves, marocains, etc. Des pairs qu’il a croisés au cours de tournées à travers l’Europe. ‘’Je ne joue pas qu’en Suède. Je me produis dans divers pays de l’Europe. Ce qui me permet de rencontrer des artistes d’autres horizons et d’échanger avec eux’’, fait-il savoir. La somme de ces expériences se ressent dans sa musique à travers un métissage réussi. Ceux qui voudraient le découvrir pourront aller le voir au Just for U ou à l’hôtel Radisson à Dakar où il doit donner des concerts. Le griot de ‘’Pakao’’ se produira aussi à l’alliance française de Ziguinchor ainsi qu’à Thiès.
Dans cette nouvelle production, Lamine Cissokho traite de divers thèmes. Et si dans son premier album il a chanté la beauté du village de ses aïeux, dans ‘’sama tilo’’ il se veut un artiste engagé. C’est ainsi qu’il lance un message fort aux jeunes candidats à l’immigration clandestine dans la chanson ‘’retourne-toi’’. Le yennenga de bronze en 2013, ‘’la pirogue’’ de Moussa Touré l’aurait inspiré. ‘’Quand je vois à la télé les images de naufrages de candidats à l’immigration clandestine, je me dis que l’Afrique ne mérite pas ça. Aussi, il n’y a rien en Europe qui puisse expliquer le risque pris par ces jeunes’’, dénonce-t-il.
Maître de l’oralité, Lamine Cissokho essaie de faire vivre en Suède une tradition bien africaine. Il fait le tour d’écoles suédoises pour parler aux enfants de la culture africaine. ‘’Les élèves me posent des questions sur l’Afrique et je leur réponds. Généralement, ils veulent connaître notre culture, notre manière de vivre et des choses assez insolites des fois’’, fait-il savoir. Ainsi, il est ‘’la mémoire de l’Afrique’’ pour ces enfants qui suivent avec intérêt les débats de ‘’Tonton Lamine’’. A la fin de ces séances d’échanges, l’auteur de Bantamba donne un concert égayant le jeune public avec la musique de sa kora et les berce avec sa douce voix.
BIGUE BOB