Une vedette anonyme et sans moyens
Du talent, elle en a à revendre. Mais Mama Sadio tarde à tirer son épingle du jeu dans la sphère musicale nationale. La faute à un manque de moyens qui continue de retarder la sortie de son premier album. Dès lors, la jeune chanteuse et son groupe se contentent de jouer dans les cabarets et boîtes de nuit de Saint-Louis.
Avec son groupe ‘’Sunu jànt’’, Mama Sadio a animé la ballade offerte par la Bicis à ses employés et ses partenaires dans le cadre du 24e festival international de jazz de Saint-Louis. Ils ont égayé l’assistance. Mama Sadio a commencé avec des reprises de chansons bien connues qu’elle a mixées à sa manière, de façon raffinée et savante. Elle a fait montre d’un talent peu commun.
Mama Sadio sait chanter sur différents rythmes et diverses mélodies. Des sonorités afro, elle est passée à de la salsa, du reggae et même du jazz. Avec sa voix tantôt suave, tantôt grave, elle sert à l’assistance des remakes de ‘’Myamba’’, ‘’maley wo’’, ‘’nadiara’’ ou encore ‘’diar diar’’. La jeune chanteuse a laissé une forte impression au public. Pourtant, aussi talentueuse soit-elle avec à la clé la maîtrise de plusieurs techniques vocales, elle n’a pas encore d’album. Ne pensez surtout pas que cela est lié au fait qu’elle ne fait que chanter sur des tonalités bien connues ou reprend les textes des autres. C’est plutôt du à un manque de moyens comme elle-même l’a dit à EnQuête dans un entretien. ‘’J’ai un album qui a été enregistré grâce à l’appui d’un Belge. On l’a déjà mixé et mastérisé. Il ne reste plus qu’à le dupliquer. Mais le problème est qu’actuellement, je n’ai pas les moyens pour cela’’, a-t-elle confessé. Aussi, a-t-elle révélé, ‘’dans cet album, vous ne retrouverez que des chansons nouvelles qui constituent mon répertoire. Parmi celles-ci, il y a le titre que j’ai composé en l’honneur des élèves du Prytanée militaire et des anciens enfants de troupe également. Il y a la chanson ‘’riz de la vallée’’ dont le clip est prêt mais que les médias refusent de faire passer considérant celle-ci comme de la publicité. Alors qu’il n’en est rien. Ce single, je l’ai écrit moi-même et je l’ai aussi composé. Personne ne me l’a commandé’’.
Très peu connue dans la sphère musicale nationale, elle n’en demeure pas moins l’une des voix les plus respectées de Saint-Louis. Pourtant, Mama Sadio, taille moyenne et teint noir, n’est pas originaire de la vieille ville. Elle s’y est établie, il y a 19 ans. ‘’Je suis née et j’ai grandi à Dakar. C’est un contrat qui m’a amenée ici il y a 19 ans et depuis, je vis à Saint-Louis’’, a-t-elle fait savoir. Issue d’une famille d’artistes, elle a très tôt intégré le monde des arts en jouant au théâtre. Jeune fille, elle a intégré des ballets de son quartier en tant que danseuse un peu plus tard. D’ailleurs, c’est grâce à un groupe de ballet qu’elle est venue à Saint-Louis.
Il s’agit de ‘’Ninki-Nanka’’ dont le joueur de kora Ablaye Cissoko est l’un des membres fondateurs. Avec ce groupe, elle ne devait passer que 4 mois à Saint-Louis. Finalement, elle y est restée parce qu’il y avait plus d’opportunités. Cette ville lui a beaucoup offert. C’est ici qu’elle a pu monter son groupe en 2007. ‘’Il y avait un nouveau directeur à l’institut français de Saint-Louis qui aimait bien ce que je faisais. Il m’a suggéré de travailler à mon compte. J’étais hésitante parce qu’il n’y a pas assez d’instrumentistes dans la ville. Il m’a rassurée et m’a dit qu’il n’avait besoin que de mon accord. C’est ainsi qu’il m’a cherché des musiciens et que j’ai pu avoir mon groupe’’, s’est-elle souvenue.
Tout n’a pas été facile pour elle et ses instrumentalistes, mais ils continuent à y croire tout de même. Pour le lead vocal de ‘’sunu jànt’’, le plus important, c’est de faire de l’art pour faire plaisir. ‘’J’aime faire plaisir, c’est ce que je cherche d’abord dans ce que je fais’’, a-t-elle dit.
BIGUE BOB