L’héritier de Mbassou Niang
Décédé en juin 2011, Mbassou Niang aura laissé à ses fans un héritier. Son fils El Hadj Amadou Kane Diallo Niang, 27 ans, entretient aujourd’hui son legs. Il est le gardien des chants de son père sous la ‘’supervision’’ de Baaba Maal. EnQuête vous le présente.
A l’instar de Wally Ballago Seck ou encore d’Adiouza, Amadou Kâne Diallo Niang est fils de chanteur. Mais il n’a pas la même chance que ses pairs cités. Eux sont encore soutenus voir pouponnés par leurs papas. Lui a perdu le sien qui était un grand nom de la musique Yella. Mbassou Niang, plus connu comme manager que chanteur était l’un des plus fidèles compagnons du lead vocal du ‘’Dande Leñol’’. Aujourd’hui, son fils entretient son legs. Il en est tout fier et dit à qui veut l’entendre que son père reste sa référence. Il veut suivre ses pas. Selon lui, ce dernier, toute sa vie durant, s’est battu pour la promotion de la musique halpulaar à travers son groupe ‘’Waadama’’. Il a même sillonné le monde pour cela aux côtés de ses amis Baaba Maal et Mansour Seck.
Ainsi, la vie de Mbassou Niang se résumait presque à la musique. Ce qui a fait que son fils a grandi dans cette ambiance. Il s’est nourri dès sa naissance au sein de diverses sonorités. C’est pour cela qu’il lui est difficile de dire à quel moment exactement il a décidé de devenir chanteur. Seulement, malgré l’environnement favorable au sein duquel il a grandi, Kane Diallo n’a pas eu la chance de partager pendant longtemps sa passion avec son père. Il ne lui avait jamais dit qu’il titillait le micro.
Heureusement, un an avant sa mort, par le biais d’un de ses cousins, son père a su que son fils chantait. ‘’Un jour, en faisant du thé pour lui, il m’a demandé s’il était vrai que je chantais ? Je lui ai répondu : oui. Il m’a alors demandé d’entonner quelque chose pour lui. Et j’ai interprété la chanson de Thione Ballago, ‘’Sama Yaye’’. Il était tellement concentré que j’ai eu peur. Après, il ne m’a fait aucune remarque et m’a souhaité bonne nuit’’, se rappelle Kane Diallo, visiblement nostalgique. ‘’Le lendemain, mon père est allé rendre visite à son ami Baaba Maal pour lui faire part de ma passion. J’étais en classe quand mon téléphone a sonné. Le numéro de mon père s’est affiché. Il m’a demandé de chanter pour Baaba Maal au téléphone. Cela m’a paru bizarre. Je lui ai demandé d’attendre que je termine mes cours. Mais il a insisté. Par la suite, je me suis isolé dans une salle libre pour chanter et j’ai repris la même chanson que celle de la veille. Au bout du fil, j’entends Baaba Maal rire. Sûrement, il ne pouvait pas comprendre que le garçon calme et timide que j’ai toujours été puisse un jour chanter’’, explique-t-il.
‘’Mon père n’hésitait pas à me comparer à de très grands musiciens’’
Etant séduit par la voix ‘’du petit’’ au téléphone, Baaba Maal a vite eu confiance en lui, et quelques jours après, il l’a invité à le rejoindre sur scène à la Maison de la Culture Douta Seck pour faire un a cappella. Depuis lors, il ne l’a plus lâché. Il le suit de très près. Ce qui fait de lui son mentor. ‘’Ma destinée musicale est entre les mains de Baaba. Il est avant tout un père pour moi. S’il me demandait d’arrêter aujourd’hui la musique, je le ferais. Je n’entreprends rien sans sa bénédiction. Et je me plais à reprendre ses chansons’’, fait-il savoir.
Né le 20 décembre 1990 à Dakar, El Hadj Amadou Kane Diallo Niang a fait ses études jusqu'en classe de 2nde. Il a par la suite opté pour une formation professionnelle. Et a su cumuler musique et études en infographie dans une école de la place. Il est maintenant technicien à la 2Stv.
Avec sa belle voix captivante, je jeune chanteur a signé son entrée officielle dans le showbiz en réinterprétant ‘’Ô Yiro’’. Un des titres de son défunt père. Il devait bien cela à ce dernier. ‘’Mon père était fier de moi. Il n’hésitait pas à me comparer à de très grands musiciens’’, dit-il.
Aujourd’hui, il veut mériter cette confiance que lui accordait Mbassou Niang. A son âge, le guitariste pratique tous les genres musicaux. ‘’Je fais de la world musique, de la musique africaine, de l’acoustique, de la musique traditionnelle, etc. Seulement beaucoup de personnes pensent que je ne fais que de l’acoustique mais tel n’est pas le cas’’, confie l’homonyme de l’ancien directeur de la Lonase. Il a tout de même sa préférence. Il se sent beaucoup plus à l’aise en jouant de la musique traditionnelle. ‘’Quand j’interprète des titres aux rythmes traditionnels, je me sens fier. C’est une musique riche. Mais la nouvelle génération est attirée par la musique moderne. Il faut faire écouter aux jeunes d’autres sonorités pour faire la différence’’, pense-t-il. Il se veut ce tremplin entre la jeunesse et les anciens. Ainsi, veut-il faire découvrir à ceux qui ont son âge les morceaux les plus anciens de Baaba Maal en les modernisant.
‘’À travers ce que Baba Maal, Mansour Seck et mon père m’ont laissé comme héritage, je peux ne plus me casser la tête pour écrire des textes. Donc, je dois retravailler les chansons de ces derniers pour que les jeunes puissent les consommer’’, s’est-il engagé.
Sept ans de musique sans album
Toutefois, après 2 singles ‘’Ô yiro’’, ‘’Liné Si Mane‘’ et un tout nouveau ‘’Fone Ma’’, un morceau afro-beat qui doit être disponible après le ramadan, Kane Diallo Niang n’a toujours pas d’album sur le marché. Mais il ne saurait tarder. ‘’Depuis 2010, je travaille pour l’album. Je suis prêt à entrer en studio. Mais au Sénégal, il n’y a presque plus de producteurs. Le piratage est un frein. Nous, en tant que jeunes et débutants, nous ne pouvons pas nous lancer dans l’autoproduction’’, confie le fils de Feu Mbassou Niang.
HABIBATOU WAGNE